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mon bonheur est dans la ville
17 décembre 2017

MISTRESS OF THE ART OF DEATH, d'Ariana Franklin

ariana

Titre français = la Confidente des Morts

1ère enquête d'Adelia Aguilar

Après les crimes abominables d’enfants dans Cambridge, la population en colère s’est retournée contre les Juifs de la ville, et plus particulièrement contre Chaim, le prêteur, le plus riche d’entre eux, lors du mariage de sa fille – Chaim et son épouse furent littéralement massacrés. Pour les gens de Cambridge, comme partout ailleurs dans le monde, tout bon juif est un juif mort !
Le reste de la population juive a trouvé refuge dans le château du sheriff, une place protégée par la loi du roi Henri II Plantagenet.
Ce dernier veut la vérité, les Juifs sont sous la protection du roi en Angleterre – ce qui est arrivé à Cambridge ne doit pas se répéter, il en va du pouvoir royal.
Déjà qu’il a assez de démêlés avec l’église en raison de la mort de Thomas à Becket …

Ce n’est pas qu’Henri II ait plus d’affection qu’un autre pour les Juifs, mais leurs impôts garnissent  les caisses de son royaume  souvent pratiquement vides.
Il demande donc à un conseiller juif, Aaron, de lui trouver un de ses co-religionnaires qui puisse faire la lumière sur la mort atroce de ces jeunes enfants – cet homme sera Simon de Naples, un justicier, qui désire être accompagné par un docteur versé dans la « lecture des morts », un médecin légiste avant la lettre.
Lettre est envoyée au roi de Sicile par son cousin le roi d’Angleterre, afin que ce justicier et ce docteur puisse quitter Salerne et aider à découvrir la vérité.

Il s’avère que ce docteur qui lit les morts est une doctoresse, car à Salerne, les femmes ont le droit d’étudier la médecine, même si elles ne peuvent pratiquer.
Vesuvia Adelia Rachel Ortese Aguilar, ou plus simplement, Adelia Aguilar, n’est pas une jeune femme qui s’en laisse conter – sur le chemin vers Cambridge n’a-t-elle pas déjà sauvé la vie du prieur Geoffrey qui n’arrivait plus à uriner.
Faisant passer son ami/serviteur-garde du corps pour un médecin, c’est elle qui a dit à Geoffrey qu’elle opérerait – le prieur a failli en mourir étouffé de surprise.
Mais elle l’a sauvé et par la même occasion s’est fait un ami pour la vie.

Même Simon de Naples est d’accord = qu’Adelia passe pour être l’assistante de Mansur, c’est déjà assez compliqué que ce dernier soit un Maure.  
Arrivés à Cambridge, ils sont sous la protection du collecteur d’impôts du roi, ledit collecteur ayant aussi décidé de découvrir la vérité sur ces morts infâmes.

L’insolite trio étonne la population – dans cette Angleterre du 12ème siècle, superstitieuse,  sans éducation aucune, sous la coupe de l’église, l’un des prêtres d’un couvent hurle déjà au sacrilège par leur présence.
Toutefois, le stratagème de faire passer Mansur pour le docteur et Adelia pour son assistante fonctionne et permettra ainsi à Adelia de ne pas être traitée de sorcière.
Même Gylptha et son petit-fils qui ont été engagés pour tenir leur maison, avec deux jeunes filles du village, finissent par les accepter et leur apportent une aide appréciable sur qui est qui dans Cambridge.

Simon de Naples commence ses investigations et Adelia décide de voir ce qui est arrivé aux enfants dont les corps ont été retrouvés mutilés – le jeune femme est aguerrie contre les horreurs que les humains infligent aux autres humains, mais là l’horreur est trop forte – le collecteur d'mpôts qui s’est imposé à elle pour cette autopsie quitte les lieux précipitamment, horrifié par ce qu’elle a découvert. Plus tard il lui confiera son secret, mais ce moment n'est pas encore venu.
Hélas il faut trouver l’infâme assassin, ce qui ne sera déjà pas simple vu que la population reste persuadée que seuls les Juifs sont responsables

Lorsque le corps de Simon de Naples est trouvé dans la rivière Cam qui traverse Cambridge, Adelia et ses amis, y compris le collecteur d'impôts  attiré par la hardiesse de la jeune femme,  comprennent qu’ils s’approchent de la vérité.
Leur vie est aussi en danger. Mais ce qui est le plus important est que ce monstre soit découvert avant que d’autres enfants ne subissent le sort des infortunés.

Voici une nouvelle héroïne de polars historiques, intéressante comme beaucoup de ses « collègues » (comme sœur Fidelma par exemple) – mais l’autrice Ariana Franklin lui a donné toutes les pensées, tout le caractère d’une femme du 21ème siècle ; Adelia Aquilar est une proto-féministe, toutes ses affirmations concernant les femmes, le mariage, les hommes, sont celles d’une femme de notre époque.

La description du moyen-âge est bien amenée, la crasse surtout régnant partout.
Pour la jeune doctoresse, jamais elle n’a vu autant de saleté qu’en cette Angleterre médiévale, avec des esprits aussi obtus que ceux qu’elle côtoie.
L’emprise de la religion est partout et il ne fait pas bon être une femme de caractère, capable de lire, écrire, connaître la médecine, autre que les simples.

Lorsque paraît Henri II Plantagênet dans le polar, il prône lui aussi des pensées qui ne furent jamais les siennes à propos de la soumission à Rome qui un jour sera terminée dans son pays.
Nous connaissons tous la rupture historique d’avec le pape et surtout l’église de Rome par Henri VIII, mais cela aussi est une connaissance historique actuelle qu’Henri II ne devait même pas soupçonner à son époque.
Ce qui est une autre remarque de notre temps dans un roman du passé est la vérité à propos des exactions des croisés en terre dite sainte, qui mèneront à l’islam – tout cela est à mes yeux des réflexions de notre époque appliquée dans le livre à la situation qu’ils vivent tous.

Donc historiquement parlant, j’ai trouvé qu’il y avait quelques lacunes – du moins concernant l’Angleterre – mais d’autre part, il s’agit d’un polar historique, donc d’un roman et pas d’un essai historique auquel on demande une vérité historique rigoureuse.

Le suspense en tout cas est excellent, la fin est particulièrement haletante, mais plusieurs épisodes de ce polar sont dans la même veine, vu que la population de Cambridge est prête à suivre le dernier qui hurle plus fort que les autres, en brandissant un crucifix.

AVT_Ariana-Franklin_8941

Ariana Franklin est le nom de plume de la romancière Diana Norman – malheureusement décédée après la 4ème aventure de la « confidente des morts » - il semblerait que ce 4ème opus se termine en point d’interrogation, il  reste aux lecteurs/lectrices à espérer qu’une des filles de Mrs. Norman reprenne la plume de sa mère comme elle le fit pour un recueil inachevé de nouvelles.
Diana Norman était journaliste qui décida de se lancer dans l’écriture de romans et biographies historiques. Elle vécut dans le Hertfordshire avec son mari, critique de cinéma, Barry Norman.
Ensemble ils ont eu deux filles, dont l’une comme expliqué ci-dessus a terminé un livre écrit par sa mère sous son pseudonyme;

A propos de l’école de médecine de Salerne, au moyen-âge ou Schola Medica Salernitana.
Quelques lignes rapides à propos de cette école dont est issue notre héroïne = fondée vers le 9ème siècle – dans le Mezzogiorno – elle est la première école de médecine fondée au moyen-âge.
On y étudie les médecines antique et byzantine, ainsi que la langue arabe. Elle connut son apogée aux 11ème et 12ème siècles. Les médecins issus de cette époque jouissent d’une formidable réputation, ainsi que les femmes.
Au cours du 13ème siècle, elle devient une université, ce sera le début de son déclin.
Pour en savoir plus, je vous conseille l’article sur le site Universalis.

ScuolaMedicaMiniatura

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Commentaires
C
Mais cela a l'air absolument trop bien, même si moi non plus, je n'ai pas tout compris à l'histoire ;) Je connaissais pas du tout.
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L
Intéressant. J'avais repéré ses romans depuis un moment mais j'hésitais. Malgré tes réserves (que je comprends), je pense que je testerai.
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T
Celui là va aller retrouver les innombrables romans dans ma PAL 🙀🙀<br /> <br /> Je vais commander pour Noël une douzaine de vie supplémentaires pour tenter de l’épuiser 😜😂
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N
D'après l'édito sur elle au début du roman, il est noté qu'elle avait écrit 16 romans et trois essais .Elle est décédée en 2011.
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N
coucou Niki j'ai beaucoup aimé ce polar . J'ai lu aussi le second traduit"la morte dans le labyrinthe"avec Aliénor d'Aquitaine...Il me reste le troisième traduit pas encore lu "le secret des tombes"...Ce que j'aime beaucoup dans les polars de Ariana Franklin, elle met des descriptions de la vie de cette époque et il y a toujours des mystères avec des abbayes !!!!! je ne sais pas si d'autres ont été traduits j'ai les trois premiers. Cela me fait penser aussi à Frère Cadfaël...
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