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mon bonheur est dans la ville
19 juillet 2014

VAN GOGH, de Maurice Pialat

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Réalisé en 1991- scénario de Maurice Pialat

Un homme descend d’un train, non loin d’Auvers-sur-Oise. Cet homme, c’est Vincent van Gogh, sorti de l’asile de St-Remy-de-Provence.  Il rejoint le docteur Gachet, un  homme qui l’admire, lui-même peintre et collectionneur d’œuvres d’art. Les impressionnistes passèrent par chez lui (Cézanne et Pissarro). 
Le docteur Gachet est convaincu que van Gogh ne souffre pas d’épilepsie, mais plutôt d’hystérie, une maladie pas uniquement réservée aux femmes, contrairement à ce que l’on dit à l’époque. Si Vincent van Gogh se nourrissait mieux et surtout ne buvait plus, notamment l’absinthe, il serait en parfaite santé et ne souffrirait pas autant de maux de tête.

Le docteur a deux enfants = Paul, dit Coco et  Marguerite, qui va s’éprendre de Vincent, mais bien vite comprendre que le seul amour du peintre est la peinture.

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Le biopic met en scène les derniers jours du peintre, jusqu’à une nouvelle tentative de suicide dans un paysage qu’il tentait de peindre.

Le réalisateur Maruce Pialat, lui-même peintre et caractère très entier aux dires de ceux qui l’ont connu,  admirateur de van Gogh, a voulu lui rendre hommage avec ce biopic dans lequel il met souvent l’accent sur l’ambiguïté des relations avec Théo van Gogh, assez éloignée de cet amour que l’on a toujours décrit entre les deux frères.
Théo y est décrit comme un conformiste qui finalement ne comprend pas plus son frère que les autres. On dirait – c’est mon ressenti – que Maurice Pialat, jalousant la relation entre les deux frères, veut la démolir en partie. Il en fait deux personnages amers, ne se comprenant pas. Je suppose que la vérité se situe quelque part entre les deux versions, entre le sublime et son opposé.

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Vincent van Gogh était à l’évidence un être complexe, au caractère difficile, surtout vers la fin de sa vie, lorsque les crises provoquées par la boisson, le lançait dans des accès de colère contre les  imbécilezs jugeant ses toiles. Il semblait prendre un plaisir masochiste à se mettre le monde à dos, même ceux qui l’aimaient – peut-être surtout ceux qui l’aimaient.
La souffrance morale était devenue sa seconde nature d’artiste exacerbée – grand timide avec les femmes, lorsqu’il les aiamit, il devenait trop audacieux, pour aussitôt se replier sur lui-même, parce qu’elles devenaient envahissantes à ses yeux, lorsqu’elles se mettaient à raisonner en « bobonne mariée ».

Le film de Pialat insiste un peu trop lourdement parfois sur la version du créateur-destructeur, un génie il est vrai est toujours seul, comme le timide d’ailleurs. Si, en plus, on est incompris par l’ensemble d’une profession qui accepte les compromis de la société, le fossé ne peut que se creuser de plus en plus.
Critiqué par ceux qui faisaient la pluie et le beau temps dans leurs gazettes, et les acheteurs potentiels – pourtant sans cesse encouragé par Théo – tous se détournaient de la peinture de Vincent van Gogh, bien au-delà déjà de l’impressionnisme qui devenait à la mode. 

Même si certains aspects du film de Maurice Pialat ne m’ont pas totalement plu, si j’ai aussi trouvé le film  trop long, je l’ai néanmoins fort apprécié au niveau de l’interprétation et de la photographie, alternant les moments bucoliques à Auvers avec d’autres moments plus sombres, dans ce même Auvers ou à Paris.

Jacques Dutronc est un convaincant Vincent van Gogh. – différent de celui interprété par Kirk Douglas, plus exalté, plus passionné. Dutronc (qui ironise d’ailleurs légèrement sur Douglas dans un interview) est tout en retenue, en introspection, il exprime parfaitement le ressenti de van Gogh contre sa famille, l’amertume de ne jamais avoir été compris en tant que peintre et, en même temps, le paradoxe de ne pas avoir envie de plaire pour être comme les autres « cons », alias les autres peintres ainsi que les marchands de tableaux qu’il méprise.
Il exprime aussi le mal-être chronique d’avoir dû dépendre toute sa vie, matériellement de Théo van Gogh. Sans oublier le besoin de perfection auquel il n’arrivera pas – à ses propres yeux s’entend.
Quand on ne s’aime pas soi-même on prend un malin plaisir dans la souffrance de se faire rejeter par les autres, on se justifie à travers ces rejets.

Bernard Le Coq est aussi convaincant en Théo van Gogh, un homme qui est arrivé à un certain statut matériel, grâce auquel il peut aider sa famille – faire vivre son frère Vincent. Dans le scénario de Pialat, Vincent rejette cet aspect de la relation avec son frère, ce qui n’est pas – dans mon souvenir – le cas dans les lettres. Au contraire.
J’ai parfois l’impression que Maurice Pialat a mis dans son film, dans la bouche de van Gogh, son amertume personnelle.
Théo van Gogh, atteint de syphilis, qu’il craignait de transmettre à son épouse, n’était plus non plus l’homme doux et tendre qu’elle avait connu.

Le docteur Gachet est joué par Gérard Séty, avec justesse également – je l’ai trouvé un peu trop « jovial » face à Dutronc/Van Gogh. Voulant montrer à tout prix qu’il acceptait le peintre et sa nouveauté.

Côté « femmes » de l’histoire, il y a Marguerite Gachet, jouée avec justesse par Alexandra London.
Corinne Bourdon est Jo van Gogh, l’épouse pleine de compréhension de Théo, qui malgré tout est en colère lorsque Vincent se montre « ingrat » - et pourtant c’est à lui qu’elle se confie lorsqu’elle a l’impression que Théo lui échappe. J’ai beaucoup aimé cette interprétation très naturelle.
Elsa Zylberstein est Cathy, la prostituée parisienne qui vient parfois à Auvers, s’amuser avec ses amies et amis au bord de l’Oise, et ainsi relancer Vincent.

Les décors sont simples et beaux, les costumes reflètent bien leur époque. J’ai aussi aimé certaines scènes de « tub », semblant directement sorties d’un tableau de Toujouse-Lautrec

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Un film, vous l’aurez compris, que je recommande malgré ses longueurs.

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Commentaires
M
Bon si c'est long je passe :-P
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M
Est-ce que ce film est comparable à Renoir? Tu as aimé les deux? Moi, je n'ai pas encore regardé Renoir et j'aimerais bien voir celui-ci! Mais comme il y a tant de choses à voir, à lire et à aimer... :)
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A
Je ne l'ai pas vu depuis longtemps ce film, je le reverrais bien. Je me souviens de sa sortie, j'avais beaucoup aimé.
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