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mon bonheur est dans la ville
21 septembre 2013

LA BETE HUMAINE, de Jean Renoir

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Titre anglais « The Human Beast » mais aussi « Judas was a woman »

Scénario  de Jean Renoir  adapté du roman éponyme d’Emile Zola
Dialogues de Jean Renoir et Denise Leblond-Zola
Assistant réalisateur Claude Renoir
 

Jacques Lantier est le mécanicien de la « Lison », locomotive du train de la ligne Paris-Le Havre ; il s’entend fort bien avec son ami Pecqueux, le chauffeur, le seul d’ailleurs avec qui il se sente vraiment à l’aise.
Car Lantier, fils de Gervaise et Auguste Lantier, souffre de puis l’enfance de moments de folie homicide, aussi de moments d’intense dépression, qu’il impute à son hérédité d’enfant et petit-fils d’une longue lignée d’alcooliques.  Heureusement, conduisant la « Lison » et en compagnie de Pecqueux, tout va bien.

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Arrivés au Havre, la locomotive est arrêtée pendant 48 heures pour problème technique et réparation.  Jacques Lantier en profite pour se rendre dans les environs du Havre et saluer sa marraine, qui l’éleva et sait qu’il souffre de ces moments terribles qu’il avait déjà enfant.
L’une de ces pulsions le reprend lorsqu’il retrouve sa cousine Flore au bord de l’eau ; il avoue à la jeune fille qu’il l’aime mais qu’il ne peut pas l’épouser car il a trop peur de lui faire du mal.

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Le sous-chef de gare Roubaud qui a eu des mots avec un passager du train dont le chien importunait une dame, est inquiet car ce passager est un notable et s’il porte plainte, cela pourrait coûter son poste à Roubaud. Comme son épouse Séverine est la filleule d’un certain Grandmoulin, notable lui aussi, à la réputation de coureur de jupons, Roubaud demande à son épouse d’aller lui expliquer la situation.
Séverine commence par refuser mais son mari opère un chantage aux sentiments, lui donnant à penser qu’il pourrait perdre son emploi. Finalement, elle accepte et le couple se rend à Paris. Roubaud se rend dans l’appartement d’une amie, mais comme son épouse tarde à revenir, il s’énerve et lorsque Séverine revient, il la questionne avec une telle agressivité que la réponse de sa femme lui fait comprendre qu’elle a été la maîtresse de Grandmoulin dans sa jeunesse. Fou de rage, il bat Séverine, puis l’oblige à  donner rendez-vous à son parrain dans le train du retour. Grandmoulin tombera sous le couteau de Roubaud, sous le regard de Séverine impuissante. 

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Dans le couloir, Jacques Lantier, revenant de chez sa marraine, tente d’enlever une escarbille dans l’œil ; lorsque le corps de Grandmoulin est découvert, il comprend en regardant Séverine qui sont les coupables, mais il se tait.
Son silence aura pour conséquence malheureuse que c’est un chemineau, Cabuche que le juge d’instruction arrête. 

Séverine, dégoûtée, se refuse désormais à son mari qui passe ses soirées au café à boire et perdre au jeu, pendant que Jacques Lantier, très amoureux, fait la cour à Séverine qui lui demande que leur amour soit plutôt platonique, jusqu’au jour où finalement elle cède, l’assurant de son amour aussi.
Elle refuse de partir avec lui et estime que la seule chose qui peut les libérer sera la mort de son époux. Lorsque Lantier est incapable de tuer de sang-froid, Séverine cesse de le voir.
Mais Lantier souffre trop et relance la jeune femme ; dès lors le destin est en marche, tout cela finira mal.

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Jean Gabin est un séduisant et émouvant Jacques Lantier, qui ne comprend guère ce qui se passe en lui – il n’est pas conscient que ses crises meurtrières se manifestent lorsqu’il désire une femme.
Il dit avec beaucoup de douceur un bien joli texte sur le bonheur de conduire une locomotive à travers la campagne et les saisons.
Simone Simon, que j’avais découverte dans « Cat People » de Jacques Tourneur est la très jolie femme fatale de cette histoire. Elle est tour à tour charmeuse, capricieuse et on se laisserait presque facilement attendrir par les moments où elle défend qui elle est.
Tous deux, cependant, jouent avec une certaine emphase, surtout vers la fin, qui manque  un peu de naturel.

La carrière cinématographique de Simone Simon ne fut pas très grande ; devenue célèbre en France, elle tenta sa chance à Hollywood, hélas elle sera plus connue là-bas pour des petits scandales dont la cité du cinéma a le secret. Revenue en France, elle se consacra surtout au théâtre.

Roubaud, l’odieux époux est joué avec talent par Fernand Ledoux, qui m’a parfaitement mise mal à l’aise – il est vrai que je suis tellement habituée à voir cet acteur dans des rôles de brave type, alors qu’ici vraiment il est écoeurant, lâche, violent. 

Mon grand coup de cœur dans ce film est la présence de Julien Carette, un comédien cantonné la plupart du temps dans des petits rôles, mais ici il tient la vedette pratiquement au même titre que Jean Gabin.
Sa gouaille, sa gentillesse font réellement merveille en ami sincère, qui tente de raisonner l’ami qu’il sent malheureux à cause de la belle Séverine. 

Jean Renoir s’est réservé le rôle très court du malheureux Cabuche, le braconnier, injustement accusé du meurtre de Grandmorin.
Il rend le pauvre homme réellement pathétique lorsqu’il se débat pour tenter de se défendre face à un juge d’instruction qui n’est que trop content de charger un pauvre hère, qui a déjà fait de la prison. 

Autre grande vedette est aussi cette magnifique locomotive à vapeur, que bichonnent Lantier et Pécqueux ; elle est bien cette « bête humaine » du titre – à double sens aussi puisqu’en chacun des protagonistes figure une part animale que les passions feront ressortir.

Du roman très touffu d'Emile Zola, comprenant des intrigues et personnages secondaires, le réalisateur a conservé l'idée principale et délaissé une grande partie des personnages secondaires dont il n'a fait qu'aborder la présence dans l'histoire.
Il a toutefois respecté l’un des thèmes chers à Zola = l’hérédité, puisque pour le romancier, toute la série des Rougon-Macquart tourne, entre autres, autour de ce thème.
La plus importante liberté prise à l’égard du roman de Zola est d’avoir situé « La Bête humaine » à l’époque contemporaine du tournage, soit 1937, alors que les Rougon-Macquart se situent sous le second empire.
 

Comme toujours j’ai adoré la photographie noir et blanc, qui rend très belle les voyages de la locomotive et son train.
En dehors des lieux de passage de « la Lison » et des gares, tout le décor est en studio, donnant une sensation d’oppression, voulue,  tout y semble « entassé ».

Les toilettes des années 1930 mettent joliment en valeur la silhouette de Simone Simon, sauf les chapeaux hélas !

J’ai un peu l’impression que c’est dans cette histoire que James Cain a puisé une partie de l’intrigue de son roman « The Postman always rings twice » - du moins en  ce qui concerne le trio fatal.

Un remake de "La Bête Humaine" fut réalisé en 1954 par Fritz Lang, dans le registre alors en vogue de « film noir »,  sous le titre « Human Desire » avec Glenn Ford dans le rôle de Lantier renommé Jeff Warren. 

ZOLA

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Commentaires
N
Je ne l'ai pas vu mais j'ai toujours eu envie de le découvrir.
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M
Je garde un bon souvenir de ce film même s'il est un peu lointain. en effet, le roman a été vraiment simplifié mais c'est tout de même une bonne adaptation
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T
Je ne savais pas que Fritz Lang en avait fait un remake. Surprenant !
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