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mon bonheur est dans la ville
17 décembre 2009

CAT PEOPLE, de Jacques Tourneur

215px_Catpeople1942

6519__cat_003

Version de 1942

Scénario de DeWill Bodeen, toutefois le réalisateur, le producteur Val Lewton et sa secrétaire, participèrent dans l’écriture de l’histoire

Titre français  = La Féline

6519_feline_imgDans un zoo américain, une charmante jeune fille tente de dessiner une panthère qui de toute évidence n’apprécie pas sa présence près de sa cage ; elle est abordée par un homme sympathique, architecte de son métier qu’elle invite à prendre le thé, laissant derrière elle le dessin d’une panthère transpercée d’un glaive.

Dans son appartement, Oliver Reed est étonné par une statuette = Irena est d’origine serbe et la statue représente le roi John of Serbia qui débarrassa la Serbie des mamelouks impies, tenant un chat transpercé au bout de son épée. Elle lui raconte alors la légende des « Cat People » = à cause des mamelouks, beaucoup d’habitants s’étaient tournés vers les forces du mal ; le roi les fit alors exécuter, mais les plus intelligents – aussi les plus maléfiques – fuirent vers les montagnes. Irena est persuadée d’être l’une de leurs descendantes qui risque de devenir une panthère si elle cède à la passion. Sa mère était d’ailleurs surnommée « cat woman » par les enfants du village, quant à la mort de son père, il semblerait que les circonstances en soient très mystérieuses.

6519__cat_002Cette légende amuse beaucoup Oliver, qui très attiré par le jeune femme, la demande en mariage ; elle accepte avec joie mais lui demande cependant d’être patient avec elle car elle redoute de le détruire s’ils consomment la nuit de noces. Patient et compréhensif, Oliver accepte mais finalement conseille tout de même à son épouse de consulter un psychiatre, le célèbre Dr Judd. Sous hypnose, elle raconte la légende mais aussi que si elle cède au désir, à la passion, à la colère ou la jalousie, elle sera transformée en panthère. De plus, elle confirme au psychiatre qu’elle a parfois des pertes de mémoire. Pour le médecin, rien de plus normal – Freud en a longuement parlé de l’hystérie des femmes liées à leur sexualité et il traite le cas un peu légèrement, du moins en apparence.

225px_Cat_People_trailerLe problème c’est qu’Oliver commence à se poser des questions sur son étrange mariage et se confie à sa bonne copine et assistance, Alice Moore. Consciente que leurs problèmes personnels ont été dévoilés, Irena a l’impression d’être trompée ; elle épie son mari et l’autre jeune femme, la suivant  jusqu’à son immeuble même. Alice est troublée par les bruits qui la suivent, comme s’il s’agissait d’un animal. Plus tard, Irena arrive à la piscine de l’immeuble d’Alice qui prend peur ; l’épouse d’Oliver la laisse mais Alice retrouve son manteau de bain complètement lacéré.

Lorsqu’Irena se décide enfin à consommer son mariage, Reed a compris qu’il n’avait pas de vrais sentiments pour elle et qu’il préfère divorcer. Cette conversation marque Irena et va précipiter les événements.

vign_jaquette_6519_feline__la___01bJ’ai donc enfin vu ce célèbre « Cat People » - première version (1942) , présenté comme un véritable « film d’horreur pure », ce qui m’avait toujours retenue de le regarder, m’imaginant que j’allais voir de l’hémoglobine et des scène d’horreur à tout bout de champ.

Au lieu de cela, j’ai découvert un film fantastique assez poétique, plutôt sophistiqué, fort bien interprété surtout par l’actrice principale (Simone Simon) ; l’histoire est  un thriller fantastique, l’histoire d’une jeune femme tourmentée par une sexualité naissante qu’elle n’ose assumer et filmé de manière fort subtile, en noir & blanc, jouant sur les ombres, les frôlements mystérieux et donc d’autant plus inquiétants. J’aime énormément ce procédé où tout est dans la suggestion et non – à la manière de beaucoup d’autres films d’horreur – où on nous montre celle-ci à l’état brut.

Ce film est un réel petit bijou, qui n’a guère vieilli, sauf peut-être dans l’interprétation de Kent Smith (le mari) et Jane Randolph (l’assistante, bonne copine, nouvel amour). J'avoue avoir eu peu de sympathie pour ce mari aux sentiments relativement superficiels.

220px_Simone_Simon_in_The_Curse_Of_The_Cat_People_2Par contre, comme je l’ai dit plus haut la jeune et très jolie Simone Simon est parfaite, en héroïne tragique, prisonnière d’une malédiction qui la dépasse et qui l’empêche d’être heureuse et de s’épanouir comme une vraie femme. Elle est à la fois douce et émouvante, puis se transforme peu à peu en femme vindicative et inquiétante.

205px_Tom_Conway_in_Grand_Central_Murder_trailer_headcropEst également excellente l’interprétation de Tom Conway, en psychiatre incrédule et manipulateur (ne le sont-ils pas tous …).

Si vous voyez le film et que Tom Conway vous rappelle quelqu’un, à savoir George Sanders, ce n’est pas par hasard = il s’agit de son frère et impossible de s’y tromper tant ils se ressemblent.

220px_PennyworthEn dehors de ces acteurs, il faut encore mentionner le sympathique Alan Napier, avec ses verres de lunettes en tesson de bouteille, aimant les boutades et les sarcasmes et une inquiétante Elizabeth Russell, une actrice cantonnée dans des rôles secondaires en raison son très beau mais inquiétant physique ; ici elle interprète une femme qui se trouve dans le restaurant où l’on fête le mariage d’Irena et Oliver, et qui jette quelque peu un froid en s’adressant à Irena. Ensuite elle disparaît du film, mais sincèrement ce rôle court est marquant.

Le scénariste DeWill Bodeen était dramaturge et comédien, avant de se lancer dans le monde du cinéma, où l’on se souvient surtout de lui pour ce « Cat People » et « Billy Bud » (en 1962, réalisé par Peter Ustinov, et qui lança la carrière de Terence Stamp).

220px_TourneurLe réalisateur Jacques Tourneur, fils du célèbre réalisateur Maurice Tourneur, fait avec ce film ses tout grands débuts en qualité de metteur en scène. Jusqu’alors il avait été monteur et assistant-réalisateur, avec son père notamment, mais cette coopération se termine avec fracas sur le tournage de « L’île mystérieuse ».

Jacques Tourneur excellait dans le cinéma fantastique où pour lui suggérer la tension par des zones d’ombres, suscitant l’angoisse plutôt par non-dits comme la scène de la piscine avec, entre autres, les reflets de l’eau sur les murs ou le jeu de l’eau elle-même, par des mouvements de caméra en contre-plongée (ce qui me paraît logique quand on parle de piscine, héhé …)

Les longs métrages qu’on lui confiera seront surtout des « séries B » : western, films noirs.

« Cat People » fait désormais partie du patrimoine cinématographique à la Librairie du Congrès des USA pour l’intérêt culturel et artistique qu’il représente.

Nous sommes loin ici du remake de Paul Schrader, réalisé en 1982 ?  version érotique, avec Nastassja Kinski et Malcolm McDowell, que je n’ai pas plus vu, mais qui d’après les échos que j’en ai eus était nettement plus explicite dans le domaine sexuel et horrible (mystères insondables du box office quand tu nous tiens !).

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Commentaires
M
Tu me tentes avec ce film.<br /> Certainement pas avec le remake. Malcolm McDowell, rien que son évocation me fait faire des cauchemars ;-)
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