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mon bonheur est dans la ville
18 février 2021

QUAND LE VENT EMPORTE LES SENTIMENTS

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La poésie qui émane des écrits de Pierre Magnan et son amour de la Haute Provence ne sont plus plus à démontrer – que ce soit au travers des enquêtes du commissaire Laviolette ou comme dans cette « Maison assassinée ». Même le vent qui fait rage devient beau dans ses textes.
Je partage ci-dessous quelques extraits concernant le vent dans  ce roman qui m’a plu.

La montagnière s’était mise à souffler – c’était ce vent qu’on prend pour le mistral, sauf qu’il descend du nord-est et qu’il ne cesse pas durant la nuit.
Pendant tout le temps qu’il sévit sur le pays, il est difficile de penser à autre chose. Il ne souffle pas par rafales mais comme un fleuve, à jet continu.
Les gens de la plaine seuls peuvent en parler. S’ils ont trois platanes devant leur ferme, ils doivent se résigner à leur laisser la parole,  à ne plus entendre qu’eux…

Les bergers, qui ne croient à la force de la nature que lorsque ça les arrange, s’obstinent, alors on ne rencontre que troupeaux formant la spirale, têtes contre fesses, qui refusent de manger, de boire, d’avancer ou de reculer.

Et quand par surcroît il souffle en automne, ce vent, il va ramper par les joints éclatés des portes trop sèches, jusqu’aux profondeurs noires des caves. Alors le vin lui-même, au fond des vaisseaux mal « ouillés », grommelle contre lui comme un grand-père grincheux.

Pontradieu était devenu le rond-point de ce tumulte. La montagnière y vrombissait à travers bois comme un buffet d’orgues ? Elle y écrasait son accord tonitruant qui n’en finissait pas de s’amplifier. Toute la malédiction de la nature déchirait cette rumeur continue qui se déversait en cataracte dans les oreilles et rendait chacun prisonnier de soi-même.

Au quatrième jour, la montagnière atteignit son paroxysme.  Sa plainte rauque ravivait les plus mornes regrets. Les arbres craquaient comme des mâts de navire. Sur les branches fracturées comme des ailes, et qui pendaient lamentablement, les nids vides des oiseaux s’effilochaient, partout, à la dérive.

Fin de citation

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Commentaires
M
Je ne connais pas du tout mais tu as bien fait de mettre un extrait car ça donne envie de le lire :-)
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A
J'aimais beaucoup les romans de Pierre Magnan quand j'étais jeune. Il est un peu trop oublié je trouve.
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