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mon bonheur est dans la ville
26 février 2021

L'ALLEE DU ROI, de Françoise Chandernagor

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maintenon

ASSOCIATION-DES-AMIS-DU-CHATEAU-DE-MAINTENON

Elle eut plusieurs surnoms = « Belle Indienne », par le chevalier de Méré, « Lyriane » dans les salons de Madame de Scudery, « Iris » par Paul Scarron dans un poème lorsqu’elle avait 16 ans, « Madame de Maintenant » par les courtisans,  « la vieille conne » par la princesse Palatine, qui la détestait et la jalousait, « Votre Solidité » par Louis XIV.

Née dans une prison, en raison des énormes dettes de son père d’Aubigné,  élevée par une sœur de sa mère, la tendre tante de Villette, puis emmenée avec ses frères par leurs parents vers les îles, son père s’étant fait nommer gouverneur de Marie-Galante où ses rêves de fortune s’en allèrent comme lui.
Retour en France où sa mère et ses frères et elle vivent dans une misère noire, les enfants étant obligés de mendier. Sa mère avait peu, sinon aucune, affection pour elle, préférant son fils aîné.

Enfin,  retour heureusement à Mursay, auprès de la famille de Villette, une famille huguenote qui l’éduquèrent dans cette foi,  jusqu’au jour où apprenant cela, sa marraine  Françoise  de Neuillant, fervente catholique,  l’arracha à une famille aimante pour bien lui faire sentir qu’on lui faisait la charité ; rebelle, Françoise d’Aubigné tiendra tête à cette femme avare, méchante, qui  l’obligea à se convertir à la foi catholique car elle la réservait au couvent, seul endroit où elle pourrait entrer sans dot, un mariage sans dot étant exclu.
Au couvent des ursulines elle découvre la douce sœur Céleste, qui ne l’oblige pas non plus à être plus dévote qu’elle ne le peut ; cette jeune religieuse adoucira la jeune Françoise qui accepte finalement la religion catholique, obligation pour fréquenter les salons parisiens.

Entre en scène le poète Paul Scarron,  vivant dans une sorte de chaise-sabot, sérieusement  handicapé et pas fort en « odeur de sainteté » auprès de la cour de France pour avoir raillé Mazarin, la reine et le jeune roi. Il a vingt-cinq ans de plus qu’elle mais l’épouse ;  malgré ce mariage qui donnera à la jeune femme le dégoût des relations intimes, car Scarron est peut-être impuissant de par sa maladie, mais compte bien obliger sa jeune épouse à certains actes peu ragoûtants.
Chez Scarron, on tient salon, un salon très à la mode, où la jeune femme rencontre Ninon de Lenclos, le chevalier de Méré, le marquis de Villarceaux, et quelques autres beaux esprits – grâce au poète, elle va éduquer son esprit, qu’elle a vif, elle est curieuse aussi et aime apprendre, il lui fait lire des écrits philosophiques, il lui donne des rudiments de grec et latin, bref elle s’épanouit.

Elle n’est pas une beauté classique car la mode est aux blondes et elle est brune, mais elle a de très beaux yeux. Elle apprend un peu à flirter, mais son mari la raille dans certains de ses écrits, elle décide donc de redevenir la sage jeune femme qui repousse tous ses soupirants.

La mort de Scarron la laisse totalement démunie, couverte de dettes, car le poète rêvait aussi des îles et ne faisait pas des placements d’argent très judicieux. Elle se retire à nouveau dans un couvent, mais grâce à sa culture et quelques relations qui  plaideront en sa faveur auprès de la reine Anne d’Autriche, qui lui octroie une pension.
Parce qu’elle aime les enfants, elle s’occupe de ceux de ses amies et finalement sa renommée d’excellente gouvernante vient aux oreilles de Madame de Montespan, favorite en titre de Louis XIV, afin qu’elle s’occupe de leurs bâtards.
Ce dont Françoise, désormais veuve Scarron, va s’acquitter avec énormément de talent.

Le marquis de Villarceaux la fera fléchir de ses résolutions à rester sage, mais un jour découvrant que cette relation commençait à donner la parole aux ragots, elle arrêta tout net.

Puis commence sa lente mais certaine ascension vers Versailles, mais avant cela que d’humiliations elle subira de la part de la marquise de Montespan, une réelle relation d’amour/haine, car la « sublime Montespan » aime humilier, surtout lorsqu’elle découvre l’amitié que Louis XIV commence à porter à la gouvernante de ses bâtards.
A la cour, elle rencontre madame de Sévigné, souvent gentille mais aussi souvent langue de vipère. Beaucoup la méprisent, mais d'autres l'apprécient réellement pour la vivacité de son esprit et sa culture.
Tout cela semble désormais montrer à Madame Scarron qu’elle a une place à tenir, les beaux esprits aimant reconnaître une des leurs.

Grâce à des placements bien étudiés – elle a le don des affaires – et grâce à des dons faits par le roi, elle acquiert le domaine de Maintenon, dont Louis XIV lui donnera le titre.
Comme beaucoup de dames de l’époque, elle a un confesseur, elle était déjà dévote, mais là elle le devient encore plus. C’est ce qui lui vaudra, ultérieurement, une réputation de bigote, mais « dévote » au 17ème siècle n’a pas la même signification de bigoterie qu’on attribue à ce terme de nos jours.

A la mort de la reine Marie-Thérèse, qui l’apprécie beaucoup car elle encourage le roi à se rapprocher de sa reine, c’est finalement elle, Françoise d’Aubigné, veuve Scarron, marquise de Maintenon, que le roi épouse en secret. Secret qui va devenir rapidement un « secret de polichinelle » et les courtisans qui la méprisaient, ne seront que trop contents de la solliciter.

A la mort du roi, Françoise de Maintenon se retire à St-Cyr, dans l’école qu’elle a fondée pour les jeunes filles de la noblesse pauvre, afin qu’elles aient une éducation digne de leur naissance. C’est là qu’elle s’éteindra à 84 ans.

Ce que j’en pense = voilà des années que ce livre dormait dans ma pal – comme il s’agit d’un pave de plus de 500 pages, j’ai eu des difficultés à m’y mettre. Je l’ai pris et abandonné, repris et re-abandonné, mais là j’ai décidé qu’il était temps et je suis bien contente de m’y être mise sérieusement.

Françoise Chandernagor, par ce roman, redresse l’image de cette femme intéressante, dénigrée dans leurs écrits par Saint-Simon et la princesse Palatine. Françoise d’Aubigné était ambitieuse, à 14 ans elle décida que d’une façon ou une autre elle deviendrait suffisamment riche pour ne plus jamais devoir mendier ; un véritable orgueil mêlé à cette ambition mena la jeune femme jusqu’aux marches de Versailles. 

Non madame de Maintenon, la dévote, n’est PAS à l’origine de la révocation de l’édit de Nantes – c’est mal connaître Louis XIV, il est un roi qui, s’il aime discuter avec elle, n’a pas du tout l’intention de la mêler à la politique.
On ne donne pas son avis à un tyran, surtout si on veut garder son estime ; elle tentera, parfois vainement, de faire en sorte que les punitions des huguenots ne soient pas trop sévères. Qu’elle ait apprécié les conversions, c’est indéniable. La révocation de l’édit de Nantes était un processus que Louis XIV avait initié bien des années auparavant, selon lui « un pays ne doit avoir qu’une seule religion ».

L’auteure a conçu le livre comme une longue lettre que madame de Maintenon écrit à sa jeune pupille Marie de la Tour « quand elle aura vingt ans ». 
Le roman est basé sur la grande correspondance que la « reine secrète » écrira tout au long de sa vie. La manière dont Françoise Chandernagor met les lettres en scène avec des termes bien de l’époque,  crée une belle unité. Souvent en bas de page, on trouve une petite explication sur certaines expressions typiques du 17ème siècle.

La cour du « Grand Siècle » prend réellement vie sous les deux plumes unies dans un seul roman.

Cette histoire a fait l’objet d’une belle adaptation de deux téléfilms de 2 heures chacun par Nina Companez, très bien interprétée par Dominique Blanc. J’ai finalement bien apprécié le roman, comme l’adaptation télévisée découverte récemment.

ninon de lenclos

AVT_Ninon-de-Lenclos_345

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Commentaires
A
Je me souviens l'avoir lu et beaucoup apprécié. D'ailleurs cette écrivaine savait tenir sa plume avec autant de compétence que de talent.
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M
C'est une période que 'j'adore (et j'adore aussi Scaron ) mais je ne sais pas si le procédé de la lettre va ma plaire, les fictions historiques finissent par m'agacer et je chercher toujours à vérifier les faits...
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M
Un souvenir de lecture, je m'étais beaucoup intéressée au sujet, à cette période. Tu me rappelles le téléfilm que j'avais oublié :-p
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A
Oh là là, c'est une vieille lecture pour moi ! je n'avais pas regardé la dramatique télé, je préférais rester sur mon souvenir du livre.
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T
Quelle destinée, quelle vie !! Il a du lui en falloir de la volonté !
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