DON JUAN AUX ENFERS, de Charles Baudelaire
michel piccoli & claude brasseur dans "dom juan ou le festin de pierre"
de marcel bluwal d'après molière
alors que vient de disparaître ce magistral comédien qu'était michel piccoli, j'ai eu le grand plaisir de découvrir, via un magazine littéraire en ligne, qui le retransmet en entier - pour ses membres - le superbe "Dom Juan ou le Festin de Pierre", téléfilm réalisé par marcel bluwal - d'après la pièce de molière - piccoli forme avec claude brasseur en sganarelle un excellent duo théâtral - on trouve encore dans la distribution anouk ferjac en donna elvire et michel le royer en l'un des beaux-frères du séducteur - c'est michel etcheverry qui prête sa superbe voix à la statue du commandeur - musique de mozart -
néanmoins, l'objet de mon billet est la découverte du poème que charles baudelaire a consacré à Dom Juan, et où en 5 strophes il reprend toute l'histoire de ce personnage sans scrupules qu'est le séducteur, pour qui seule compte la séduction d'une nuit, après il ne peut plus être question d'amour, puisque le premier éclat amoureux est passé - pour baudelaire Dom Juan est enfermé dans sa solitude, totalement indifférent aux autres -
on pense que baudelaire aurait été inspiré pour son poème par 2 toiles d'eugène delacroix -
Quand Don Juan descendit vers l'onde souterraine
Et lorsqu'il eut donné son obole à Charon,
Un sombre mendiant, l'oeil fier comme Antisthène,
D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.
Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.
Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errant sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire,
Près de l'époux perfide et qui fut son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillât la douceur de son premier serment.
Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir,
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et ne daignait rien voir