BLONDE, de Joyce Carol Oates
Titre français identique
Qui était-elle vraiment ? elle se souvenait de l’orphelinat, de sa mère Gladys qui lui parlait de son père qui viendrait un jour les chercher. Gladys si peu équilibrée, au point qu’elle devra être enfermée et un jour la petite fille se retrouva dans un orphelinat, puis de famille d’accueil en famille d’accueil.
« Elle » se souvenait bien de cette petite fille à qui les plus grandes de l’orphelinat volait les friandises et les jouets.
Ce dont elle ne se doutait pas encore, c’est que tout au long de sa vie, elle sera exploitée par les autres, utilisée sans respect, par les hommes qui l’épouseront uniquement parce qu’elle était « cette » blonde célèbre qui ne lui ressemblait même pas, et non pas parce qu’elle était Norma Jeane dont la seule chose qu’elle désirait par-dessus tout était d’être aimée, pour elle-même.
Norma Jeane/Marilyn va traverser l’orage du maccarthysme, scandalisée par le fait que des acteurs qu’elle admirait, disaient des choses déplaisantes sur d’autres acteurs, parce qu’il fallait plaire aux studios.
Elle sera critiquée pour avoir été photographiée nue ; c’était tellement indécent !
« indécent » ? non ce qui est indécent dira-t-elle, ce sont les fours crématoires, les cadavres d’enfants pris dans les guerres des adultes.
Pour ses sympathies avec des gens marqués par Hollywood, pour embrasser la cause des Afro-américains, elle arrivera dans le collimateur du FBI.
Norma Jeane ne donne jamais le nom de ceux qui partagèrent sa vie – l’un sera le « l’ex-sportif » (the ex-athlete dans la V.O.), l’autre sera le « le mari dramaturge » (the playwright).
La mort, un jour, finira par arriver chez elle,
Mon avis = l’autrice a dit elle-même de ce roman qu’il s’agit d’un roman, d’une fiction, non pas une biographie romancée – personnellement je ne vois pas où est la différence, car il s’agit bien d’une bio-fiction parlant de la vie de Norma Jeane Baker, que le monde connaîtra sous le nom de Marilyn Monroe.
Pour qui connaît la vie de Marilyn Monroe, comme moi, il est évident qu’il s’agit, pour moi, d’une biographie romancée, d’une œuvre d’imagination qui reste quand même biographique.
D’ailleurs Joyce Carole Oates a elle-même dit que pour écrire son livre, elle avait fait des recherches auprès des ami.e.s de Miss Monroe, de connaissances liées à son passé, dites-moi alors pourquoi nier le côté biographique ? (Philippe Besson a aussi écrit une bio-fiction à propos de James Dean (ici).
Ceci n’est nullement une critique négative, c’est seulement une mise au point personnelle.
C’est superbement imaginé et écrit. Il faut dire que le sujet s’y prêtait.
J’ai aimé cette histoire racontée par Norma Jeane, cette vie intérieure si forte, si profonde, que seuls de vrais amis connaissaient.
Le roman est un pavé de plus de 800 pages (parfois 1000 selon les éditions) – 5 grands chapitres plus un prologue (the child, the girl, the woman, Marilyn, the afterlife) – (c’est du lourd pour moi qui n’aime pas trop lire des romans qui s’éternisent dans des détails).
Je reconnais toutefois que l’écriture de Joyce Carol Oates rend cette longueur, ce nombre de pages, supportable.
Ce qui est amusant (en quelque sorte), dans ce que dit JCO à propos de son roman, est qu’au départ elle pensait n’écrire qu’une novella, ces courts romans qui ne sont toutefois pas des nouvelles littéraires, cela n’aurait dû faire que quelques 175 pages, mais tellement prise par son sujet, l’autrice arriva au roman que nous connaissons.
Comme dans ses autres romans, Joyce Carol Oates met en évidence la situation des femmes dans un monde aussi superficiel qu’Hollywood, l’injustice dont elles sont l’objet dans un monde résolument patriarcal.
d'autres avis sur ce livre = critiquesLibres, leblogbleu, leslivresd'aline, goodreads, legrandnullepart, joelle-bibliothèquedudolmen,
et un article du magazine The Guardian, posant la question de savoir si des romanciers ont le droit d'utiliser des personnages de la vie réelle ici
intéressant article aussi concernant les bio-fictions sur les Inrockuptibles (ici)