LES XX & LA LIBRE ESTHETIQUE
à l'Association du patrimoine artistique asbl
Avant-propos = en mars dernier, j’ai eu le plaisir de visiter cette petite exposition – petite par l’espace, puisque l’association du patrimoine artistique est installée dans une maison de maitre, où se produit un beau travail d’archivage des œuvres de peintres belges, mais grande par la qualité des œuvres exposées.
Ma chronique est un résumé de la brochure éditée à l’occasion de cette exposition par MMrs Pierre Loze et Constantin Ekonomides (commissaire de l’exposition).
Cette adaptation est courte par rapport au contenu de la brochure, qui se lit comme un joli livre.
(J’ai pu prendre quelques photos, mais leur qualité n’est pas excellente – j’ai aussi trouvé certaines illustrations dans la photothèque google)
Introduction = une œuvre d’art vaut pour ce qu’elle est et dit, non pour ce qu’elle annonce (Pierre Loze)
Constantin Ekonomides s’est consacré à l’étude des luministes belges, qu’il faut regarder pour leurs qualités propres, pas en les comparant à la peinture impressionniste, un mouvement novateur voulant se détacher de l’académisme imposé par l’école française.
Le public belge ne fut pas facilement gagné à cette peinture qui rompait totalement avec ce qui existait.
Comme leurs amis français, beaucoup de peintres belges connaissaient une réelle misère matérielle.
Une figure tutélaire émerge à partir de 1883 = Octave Maus.
L’exposition est consacrée aux artistes qu’il soutiendra au cours de sa vie de mécène et agent artistique.
Maus fréquentait le cercle artistique La Chrysalide et étudia le problème de l’art de son temps ; il se chargera du Groupe des XX, lors de sa création. Il se rapprocha des créateurs français qui commençaient à percer, cherchant des débouchés chez leurs voisins.
Ceci fut favorable aux artistes belges ; ils captèrent l’attention d’un public prêt à regarder leurs œuvres ainsi que celles de leurs voisins (France, Angleterre, Allemagne).
Octave Maus développera sa vision d’un mouvement international, en réaction, sembla-t-il, à l’idéologie nationaliste qui émergeait de plus en plus partout en Europe.
Certaines personnes cependant eurent le sentiment qu’à la rigueur de l’académisme classique succédait un nouveau mouvement académique, celui de l’impressionnisme, et plus particulièrement l’impressionnisme français.
iL profita de ces développements pour affirmer son rôle sur le plan international et sa volonté de s’affirmer comme agent, ce qui occasionna une déception et une rupture avec ses compagnons des débuts.
Dans ses écrits, Maus prouve qu’il comprend parfaitement le problème théorique qui était sous-tendu depuis l’impressionnisme et ce qui deviendra l’art moderne.
La problématique de la forme en soi, qui s’amplifie avec le post-impressionnisme, les Nabis qui engendrent le fauvisme, puis le cubisme et tout ce mouvement qui débouchera sur l’art absolu (ou non figuratif).
(portrait d'Octave Maus par Théo van Rysselberghe)
Qui était Octave Maus = un homme qui eut un parcours guidé part l’art et les artistes. Pour lui, le sens de l’art,ne faisait qu’un avec le sens de la vie.
Par tradition familiale, il fit des études de droit et devint avocat à Bruxelles. Son frère Eugène était également juriste, mais pas que cela = il était peinture, musicien, poète.
A son exemple, Octave se passionna pour la littérature, la peinture et la musique. Mais il ne songea nullement à en faire un métier, sa réelle vocation fut d’aider les artistes et répandre leur mouvement, il y consacrera sa vie et son énergie.
En 1887, diplômé de l’université libre de Bruxelles, il devient membre du cercle artistique « La Chrysalide », fondé par des jeunes artistes belges désireux d’exposer leurs œuvres en toute liberté, sans se soumettre aux carcans restrictions imposées par les salons artistiques. Leur audace et esprit d’indépendance faisaient l’admiration d’Octave Maus. De plus, son frère Eugène était l’un des membres les plus importants du cercle artistique. Cela renforça la volonté du jeune avocat de s’engager au côté des « rebelles ».
Maus a parfait son éducation artistique à travers la fréquentation du cercle « La Chrysalide » où bouillonnaient littéralement les idées nouvelles.
Le cercle tint sa dernière exposition en 1881. Ce fut hélas un échec public et la presse ne fut pas tendre non plus.
Octave Maus qui avait co-fondé la revue « Art Nouveau » avec Edmond Picard, écrivit un article fort négatif ; les artistes furent choqués et même blessés par le ton dénigrand de l’article.
James Ensor, à la sensibilité à fleur de peau, fut particulièrement blessé par l’article de Maus et ses relations avec celui-ci furent toujours tendues.
Le « Groupe des XX » fut créé à Bruxelles par 20 artistes s’associant pour organiser une exposition à Bruxelles, exposition collective.
Octave Maus accepta le poste de secrétaire, s’engageant à promouvoir les œuvres mais aussi à respecter la liberté créatrice des membres.
Les XX refusaient un programme et une direction artistique, ils étaient animés par une seule exigence = qualité et sincérité des œuvres exposées.
Au fil du temps l’emprise d’Octave Maus dans les XX devint de plus en plus forte et bientôt ses options prévalurent, ses articles prirent plus d’importance dans la revue « Art Nouveau » et il insista particulièrement sur l’internationalisme de l’art.
Certains membres protestèrent vivement, d’autres démissionnèrent. La presse s’en mêla qualifiant l’attitude de Maus comme anti-patriotique.
Mais Octave Maus n’accepta aucun compromis ; avec opiniâtreté il parvint à ses fins, ce que l’on pourra constater par la présence des artistes aux salons.
A partir de 1891, l’esprit de jeunesse fit place définitivement à une organisation nette et plus rigide.
Les XX devinrent un exemple de réussite en manifestations culturelles. Octave Maus fut reconnu comme agent artistique efficace.
Bientôt les XX cédèrent le pas à « La Libre Esthétique ».
Le succès et la notoriété allant grandissants, mais le souci d’impartialité d’Octave Maus faiblissait et il favorisera ouvertement l’école française d’impressionnisme. Il lui fut vivement reproché d’oublier l’école belge.
La guerre 14-18 interrompit l’avenir prometteur du groupe.
Peu de temps avant l’armistice de 1918, Octave Maus – pourtant rempli de projets – ressentit les atteintes du mal qui l’emportera en novembre 1919. « La Libre Esthétique » ne survivra pas à son fondateur.
(Je cède à présent la place à quelques œuvres exposées à l’Association du Patrimoine afin de partager avec vous ce qui fut pour moi une autre belle découverte, qui suppléait parfaitement mes quelques connaissances en ce domaine.)
les fleurs dans un vase sur un coin de table, de Jos Albert
fillette à la robe bleue, de Roger Maximilien Dubois
portrait d'henriette, par Henri Evenepoel
neige au matin, d'Emile Claus
fillettes à la campagne, de Jenny Montigny
temps calme, de Louis Artan
la femme à l'ombrelle, d'Emile Sacré
(choisie pour l'affiche de l'exposition