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mon bonheur est dans la ville
8 mai 2018

PROMESSES D'UN VISAGE - LES AUTOPORTRAITS

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Comme expliqué dans mon  précédent billet, je n’ai guère accroché à cette exposition qui nous offrait cependant une belle série de portraits exécutés par de nombreux peintres de talent au cours des siècles - toutefois, la section "autoportraits" était celle qui m'a le plus interpelée - je vous livre ci-dessous une série de ces portraits que j'ai photographiés -

(Cette petite chronique est inspirée par une partie de l’article de madame Sarah Cordier – les photos illustrant le billet sont les miennes, et hélas comme souvent leur qualité n’est pas idéale - d'autres illustrations ont été prises dans la photothèque google lorsque les miennes étaient peu claires)

Je rappelle également que cette exposition est composée uniquement d’œuvres faisant partie de la collection des musées des beaux-arts – une manière pour les musées d’offrir au public l’occasion de voir quelles beautés les réserves rescellent.

Un peu d’histoire en guise d’introduction = le critère de peinture d’un visage a très tôt été fixé au visage de face – déjà au 2ème siècle de notre ère, dans ses traités, le médecin Galien dédie une partie  dédiée à la physiologie et où, selon lui, la forme naturelle de la tête est allongée et légèrement déprimée sur les côtés ; y sont assemblés des organes dont la situation est dans cette région = vue, ouïe, goût, odorat.
Le propre de la face =  nous faire face. De ce fait, une « relation » s’instaure entre notre regard et celui regardant dans notre direction – cela donne aussi l’impression d’être « suivi » par le regard de l’autre. Le face-à-face est aussi celui du tout jeune enfant.
Aristote, pour sa part, affirmant que l’homme est le seul animal à se tenir debout, il est également le seul à regarder de face.

_The_School_of_Athens__by_Raffaello_Sanzio_da_Urbino

aristote et platon dans
l'édole d'athènes peinte par raphael
 

Les premiers portraits et autoportraits datent de l’antiquité comme moyen de connaître sa propre image – depuis toujours, les hommes et les femmes ont chercher à laisser une trace de leur existence via la réalisation de leur portrait, c’était aussi une manière de défier la mort, afin qu’on ne les oublie pas, afin de demeurer et vivre dans le souvenir de leurs proches.
L’évolution s’opère au moyen-âge, l’époque du grand triomphe du christianisme ; dès lors le portrait devient une tentative de répondre à la question de la survie des individus après la mort. Une série de débats et de crises, remettra en question la représentation de la personne dans son individualité. Le genre du portrait se développera à la fin du moyen-âge dans ce contexte religieux.

La salle des autoportraits (la seule qui m’ait réellement touchée - pour une visite complète de l'exposition, je vous renvoie au bel article de tania-textes&prétextes, très complet sur cette exposition)

L’autoportrait, comme vous ne l’ignorez pas, est le portrait qu’une personne réalise d’elle-même, à l’aide d’un miroir ou d’une photo. L’autoportrait est considéfé comme le miroir de la personnalité de l’artiste et de sa conscience à la fois d’homme et artiste. L’interaction avec le spectateur est plus directe.
C’est surtout au 16ème siècle que les autoportraits deviennent autonomes et indépendants d’une scène, le statut social de l’artiste étant enfin accepté et reconnu.
Au 17ème siècle Flamands et Hollandais font de l’autoportrait un véritable exercice d’introspection. C’est aussi une façon, pour le peintre,  d’exercer sa technique (rappelons que Rembrandt fut l’un des peintres qui réalisa le plus d’autoportraits).

rembrandt - autoportrait aux yeux hagards (eau-forte)

1312311-Rembrandt_Autoportrait_aux_yeux_hagards

Jan Fabre – Chapitres I-XVIII 2010 je me dessine de mieux en mieux, je commence à connaître ma gueule, mon masque – qu’est ce qu’un autoportrait en fin de compte ? quelqu’un qui regarde sa propre mort (jan fabre en 1980)
Personnellement j’ai été fort amusée par cette multitude de sculptures, toutes des moulages de la tête de l’artiste, sur laquelle il s’est amusé à ajouter des signes mythologiques = dent de narval, jeune bouc, cornes de mouton, cornes de buffle, etc)

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DSC00714 - Copie

DSC00715 - Copie

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Chagall – Moi et le village 1912 -
L’une des deux versions de cette toile – l’autre appartient au MoMa à New York ; c’est Blaise Cendrars qui lui donna son titre.
Bien mieux que le peintre lui-même, ce sont les poètes qui savent lire les toiles de Chagall.
Guillaume Apollinaire employa le mot « surnaturel » pour définir le monde imaginé et imagé de Marc Chagall.

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Michelangelo Pistoletto – Rideau vert (1962-1965)
Peinture sur papier collé sur acier inox poli – Pistoletto peignit sa première peinture miroir en 1961 – l’idée lui est venue lorsqu’il réalisa ses premiers autoportraits verts – il utilisait alors un miroir – les miroirs ont toujours fasciné les artistes, mais en fait Pisoletto expliqua qu’il se sentait seul et pour sortir de cette solitude, il eut l’idée de tableaux-miroirs = le rideau s’ouvre sur un moment de la vie du spectateur, mais aussi de son environnement. Pour Pistoletto ses œuvres sont des autoportraits du monde.

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René Magritte un autoportrait petit format – l’un des rares que l’on possédât du peintre – si le format est petit, c’est parce que René Magritte peignait dans son salon (avant d’être célèbre, le couple Magritte vivait dans des petits appartements)

DSC00718 - Copie

Paul Delvaux – Pygmalion (1939)
Référence évidente au mythe du sculpteur de l’antiquité, Pygmalion, un jeune mysogine ayant décidé de ne jamais se marier, estimant que son art lui suffisait – toutefois après avoir sculpté une femme superbe, il tomba amoureux de sa création ; il implora la déesse Aphrodite de lui donner vie – plus tard, la jeune femme fut appelée Galatée (comme la nymphe du même nom).
Paul Delvaux inverse les images du sculpteur et de son modèle – la femme devient le sculpteur, mais aussi la mère – il semblerait que la statue du jeune homme soit un autoportrait du peintre à l’adolescence.

DSC00720 - Copie

Je conclus ma petite chronique par un portrait d’un pape  - qui n'est nullement un autoportrait, mais que j'ai trouvé intéressant -  réalisé par cet iconoclaste qu’était Francis Bacon = Le Pape aux Hiboux (1958)
Francis Bacon devint peintre dans les années 1940 – autodidacte et exigeant, il a détruit la plupart de sses premiers travaux.
Son œuvre principale montre des portraits, mais il renonça à user de modèles pour s’inspirer directement de photographies. Bacon représente moins l’homme dans sa réalité physique que dans la condition humaine à travers le geste pictural.
Qui est ce pape défiguré par Francis Bacon ?
L’artiste s’est inspiré d’un portrait du pape Innocent X réalisé par Velasquez en 1650. Sur le dossier sont perchés deux hiboux. Le pape, angoissé, regarde dans la même direction que les oiseaux.  Bacon a travaillé sur base de reproductions photographiques pour concevoir différentes versions du pontife.

téléchargement

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Commentaires
M
Tu n'as pas aimé ? En tout cas, tu as rendu cette visite virtuelle très intéressante. Ca m'aurait plu de la voir cette expo !
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A
Ce n'est pas ce que je préfère non plus les portraits. Ou alors parmi d'autres toiles, là ça passe.
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T
Ah tiens je ne savais pas que Jan Fabre était aussi sculpteur.<br /> <br /> Merci pour ce billet :)
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