CEZANNE ET MOI, de Danièle Thompson
L’histoire d’une amitié qui défia les années – et soudain, la rupture – la colère de Cézanne à propos du roman « L’œuvre » qu’écrivit Zola, dans lequel il décrit le portrait d’un peintre maudit, jamais satisfait de ce qu’il peint – un portrait qui en fait regroupe plusieurs artistes que Zola fréquenta, mais Cézanne se sentit personnellement visé.
On voit peu d’œuvres des artistes dans le film, ni de Paul Cézanne, ni des autres impressionnistes que les amis fréquentaient à Paris.
Les impressionnistes qui furent « refusés » d’où le salon qui portera ce nom, qui furent défendus par Zola, qui pourtant les reniera un jour. (voir son livre « Ecrits sur l’Art »).
Emile Zola parle de ses romans, de leur réception par le public, réception fortement négative.
L’histoire oscille entre Paris et Aix en Provence, entre les tourments, les amours, les bonheurs des deux hommes, leurs antagonismes aussi.
Leurs disputes et réconciliations, jusqu’à la rupture finale, due au roman, quoiqu’il semblât actuellement que cette théorie soit remise en cause.
Les relations difficiles avec les parents, l’amour naissant d’Emile Zola pour Jeanne Rozerot, qui lui donnera les enfants tant espérés – (qu’Alexandrine Zola adoptera après la mort d’Emile).
On oscille sans arrêt entre bonheur ou déchirement. Il y a, je pense, quelques éléments fictionnels, mais peu pour ce que je connais de la vie de ces artistes.
J’ai retrouvé avec un grand plaisir la maison de Médan, que j’eus le plaisir de visiter il y a 5 ans.
Les décors sont réalistes, les paysages de Provence somptueux, vous donnent envie de vous y rendre immédiatement, les costumes très beaux – il y a à leur égard une véracité qui m’a fait songer aux peintures de Jean Béraud.
Il y a des scènes qui semblent tout droit sorties d’un tableau de Renoir ou Edouard Manet.
L’interprétation est excellente, surtout Guillaume Canet en Emile Zola, souvent tourmenté et Paul Cézanne, le truculent, critiquant souvent violemment son ami, joué par Guillaume Gallienne.
Alexandrine Zola (née Gabrielle Meley) est jouée avec talent par Alice Pol. La mère de Zola est interprétée par Isabelle Candelier – celle de Cézanne par Sabine Azéma.
Monsieur Cézanne père est joué par Gérard Meylan qui montre bien un homme borné, imbu de sa qualité de banquier, opposé aux idées nouvelels, et Hortense Cézanne par Déborah François.
Chaque acteur m’a semblé jouer juste.
Je ne déplore qu’une chose = la prise de son, une fois de plus, laissait à désirer – c’est tout de même surprenant que seul le cinéma français provoque cette réaction chez moi, alors que je n’ai aucun problème d’audition avec le cinéma anglo-saxon.
En dehors de ce bémol personnel, le film réellement se laisse voir.
Un autre avis sur « Cézanne & moi » sur le blog « laplume&l’image »
Si vous souhaitez entendre Henri Guillemin parler d'Emile Zola, c'est ici - sinon je vous conseille son livre sur ce brillant écrivain.
portrait de paul cézanne par renoir
portrait de zola par edouard manet