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mon bonheur est dans la ville
9 juillet 2014

LES MANIPULATIONS DE LA PRESSE AMERICAINE SELON FRITZ LANG - 2

Sans titre 1

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BEYOND A REASONABLE DOUBT

Réalisé par Fritz Lang en 1956
Scénario original de Douglas Morrow

Titre français = L’Invraisemblable Vérité 

Le directeur de presse, Austin Spencer, est violemment opposé à la peine capitale – il a entraîné son futur gendre afin de lui montrer à quel point il est absurde de  tuer un homme sur de simples preuves, condamné par un jury sur son degré de certitude, amené par ces preuves.
Son gendre, Tom Garrett, a été l’un de ses journalistes vedettes, a obtenu un succès certain en tant qu’écrivain mais se doit à présent de produire un 2ème roman. Il a donc été libéré par son futur beau-père de ses obligations, ceci afin d’écrire et pouvoir épouser la fille très gâtée de Spencer.

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Afin de prouver que l’on peut condamner un innocent, malgré les preuves, Spencer et Garrett décident de monter une tromperie – cela rabattra peut-être un peu le caquet du procureur souhaitant être élu gouverneur et ardent défenseur, lui, de la peine capitale.
Suite au meurtre d’une stripteaseuse, Spencer et Garrett commencent à assembler des preuves contre l’écrivain-journaliste ; le directeur prend bon nombre de photos, sur les lieux où les deux hommes rassemblent des indices prouvant la culpabilité de Tom.
La fille de Spencer est laissée hors de ce « complot », afin que cela soit plus crédible encore, du coup elle rompt avec son fiancé car elle est convaincue qu’il est devenu l’amant d’une belle blonde. En fait, ladite blonde était une amie de la morte et Garrett est supposé éveiller les soupçons de ses copines ayant vaguement aperçu l’assassin.
Le but sera de produire toutes ces fausses preuves lorsque Tom Garrett sera condamné par le jury.

Un seul problème = les deux hommes n’ont pas prévu qu’un accident est toujours possible et Austin Spencer meurt dans un accident de voiture, dans l’incendie de celle-ci, tous les éléments prouvant que l’opération était un coup monté contre la peine de mort, s’envolent en fumée.
Or Tom Garrett a été reconnu coupable par le jury, selon les preuves réunies par la police, encouragé par le procureur.
Entretemps Tom a avoué la vérité à Susan Spencer, mais comment désormais prouver son innocence = le père de la jeune femme ne se servait que de photos polaroïd, aucun négatif donc !!!!!

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Ce rebondissement n’est pas le seul du film – un dernier rebondissement se produira dans les toutes dernières minutes de cette histoire.

Ce film a fait l’objet d’un remake en 2009 et prouver la culpabilité de quelqu’un d’innocent est également le sujet du film « The life of David Gale », tourné en 2003.

Je reconnais avoir trouvé ce « montage de preuves » un peu tiré par les cheveux, il y a toujours quelques incohérences dans ce type d’histoire. Cependant le suspense fonctionne bien, le spectateur est fort bien tenu en haleine.
Il s’agit d’un film noir, dont la femme fatale n’apparaît que morte et où l’innocent, ou supposé tel, ne voit pas bien comment il va se sortir d’un piège monté à la fois par son ami et lui-même.
La suite à l’écran.

Ce film fait partie d’un diptyque que le réalisateur Fritz Lang, que j’apprécie énormément, a consacré à la presse américaine, pour laquelle il proférait le plus profond mépris.
A cette époque, année 1956, Fritz Lang en avait copieusement marre d’Hollywood où il estimait que l’on ne pouvait créer normalement. Fritz Lang, lorsqu’il fuit le régime nazi, est heureux d’être accueilli à Hollywood, pour lui il ne faisait aucun doute qu’il allait pouvoir poursuivre sur la voie des œuvres exceptionnelles qu’il produisit en Allemagne.

Hélas c’est oublier qu’Hollywood est le lieu de toutes les hypocrisies. Le réalisateur va en faire l’expérience peu à peu – la fin de son film « Moonfleet », totalement amputée de sa « vraie fin » pour cause de happy end obligatoire, l’a dégoûtée des studios hollywoodiens et il produira encore deux films noirs, puis quittera les Etats-Unis.
Après avoir produit des films montrant l’Amérique sous un jour quasi idéaliste, il va déchanter et montrer l’envers du décor.
Notamment comment  le 4ème pouvoir, à savoir la presse, tire toutes les ficelles et de la manière la plus perverse qui soit.

Dana Andrews est l’écrivain-journaliste qui accepte que l’on fabrique des preuves contre lui.
Sidney Blackmer est le directeur de journal perdant la vie dans un malheureux accident de la circulation, au moment où il doit produire les preuves que tout est un coup monté.
Joan Fontaine est sa fille,  et la fiancée de Tom/Andrews, qui va tenter de réunir tous les éléments nécessaires à prouver le coup monté.
Elle est aidée par le lieutenant Kennedy interprété par Ed Binns. Le procureur, totalement convaincu que la peine de mort est nécessaire, est joué par Philip Bourneuf.

Selon le petit essai « la nuit américaine de Fritz Lang, écrite par Bernard Eisenschitz, livret joint au coffret comportant les 2 dvds, c’est dans les films de Lang que l’on discerne au mieux sa personnalité.
En effet ce réalisateur détestait les biographies et les refusait – sauf celles qu’éventuellement il écrivait lui-même, ou les articles qu’il écrivait à son sujet (on n’est jamais si bien servi que par soi-même).
Fritz Lang était aussi opposé la peine de mort que son personnage d’Austin Spencer – et même s’il ne désirait plus aider la gauche américaine, dès que le maccarthysme se mêla d’accuser les « Hollywood Ten », le réalisateur contacta toutes les bonnes volontés avec de réunir des fonds pour leur payer les meilleurs avocats.

Ce film est considéré comme un film-miroir avec « While the city sleeps », une formule que Fritz Lang avait déjà utilisé avec « Scarlet Street » et « Woman in the window » = deux histoires en parallèle, avec certains mêmes acteurs pour accentuer le reflet.

Tourné en noir et blanc, pour accentuer l’effet de film noir – il est vrai qu’après « Moonfleet », Fritz Lang se déclara dégoûté non seulement de la couleur mais aussi du cinémascope – ce qui ne l’empêcha pas de tourner « Le tombeau hindou » et « le tigre d’eschnapur », en cinémascope et en couleur.

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Commentaires
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En cliquant sur le lien menant à tes pages, j'ai pensé... quel sera mon programme aujourd'hui ! Je ne suis pas déçu... j'ai tant d’œuvres à découvrir ;)
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S
oui tu as raison, c'est plutôt tordu comme idée - mais le suspense fonctionne ;)
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M
Ah il fallait être tordu pour monter un tel coup ! J'imagine combien il doit être stressant de regarder ce film. Mais bon, je m'en abstiendrai même si j'en reconnais l'originalité :-)
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