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mon bonheur est dans la ville
17 juin 2014

TRAGEDY AT LAW, de Cyril Hare

1003527

Octobre 1939, début de la guerre - La petite cité de Markhampton est en effervescence car la cour de justice (assises) est arrivée dans la ville et ce n’est pas une mince affaire que de respecter le protocole – cette tâche ingrate est celle du jeune Derek Marshal, à lui de veiller à ce que tout le monde soit réuni au bon moment, même si on ne peut – pour cause de guerre – mettre certains conforts à disposition de cette cour de justice souvent encombrante.
Francis Pettigrew, avocat, déteste cordialement le juge Barber, notamment pour lui avoir chipé celle qu’il aurait aimé avoir pour épouse, l’efficace Hilda, une avocate qui malheureusement ne fut jamais acceptée par le barreau, essentiellement phallocrate entre les deux guerres.
Malgré soin intelligence et ses grandes connaissances de la loi, tout juste put-elle travailler pour d’autres avocats, ce qui la mena à William Barber ; élégante, efficiente, qui oeuvra aux succès professionnels de son mari jusqu’à le mener à être juge suprême.

On peut être juge de la cour du roi et peu apte à juger ses propres actes – Barber (qui a caché à son épouse qu’il a reçu des lettres  de menaces, anonymes évidemment), un soir trop bien arrosé, a tout de même pris le volant malgré le jeune Marshal, a aussi embarqué Pettigrew qui n’était pas fort d’accord – et patatras, il est parvenu à déraper avec le véhicule. Blessant très légèrement un passant, qui s’avère être un pianiste célèbre, dont les mains sont fortement assurées.
C’est là qu’on découvre que le juge a oublié de renouveler son assurance ! Mis devant le fait accompli par son épouse, il est bien obligé de reconnaître qu’ils n’ont pas de grosses économies.
Au mieux, devra-t-il  se retirer avec le plus de dignité possible et une maigre pension. Au pire sera-t-il rayé du barreau, sans retraite, vie et réputation  à jamais ruinées.

Le Circuit des Assises va se poursuivre et les menaces sur le juge vont se préciser de manière plus concrète que la simple lettre anonyme. Jusqu’à ce qu’il se fasse assassiner quelques mois plus tard.

J’ai eu quelques difficultés à entrer dans le roman au cours du premier chapitre (décidément les premiers chapitres me jouent des tours ces temps-ci), aussi afin de mieux comprendre ce que je lisais, je me suis d’abord informée sur ce qu’étaient ces « Assizes », l’un des principaux sujets du roman (voir ci-dessous).
Dès que j’eus mieux compris le « système », l’histoire m’a plus intéressée  et j’ai  apprécié l’humour britannique très caustique qui s’en dégage.

Néanmoins, il ne s’agit pas du tout d’un « polar » dans le sens classique du terme, mais plutôt un aperçu de faits de loi.
Cela n’a pas été très facile à suivre, par instants, car je ne connais guère le droit,  les termes de loi, leurs clauses et ce qui y figure en petits caractères !

Le personnage de Francis Pettigrew m’a fort amusée par son côté « vieux ronchon », pas dupe du juge suprême, qui lui-même est un cas, il faut l’avouer.
L'efficace épouse du juge est une forte femme, qui veille jalousement aux intérêts de son époux, sans oublier les siens bien entendu.
Elle décide d’ailleurs  d’accompagner le Circuit des Assises, en dépit de toutes les  traditions, mais vu les bourdes de son époux, mieux vaut rester vigilante.

Le jeune Derek Marshall est un peu perdu dans tout ce petit monde – son patronyme fait l’objet systématique d’un jeu de mots à la fois sur le nom et le métier – c’est malheureusement impossible à traduire = « Marshall by name, marshal by profession ! » Vu qu’un « marshal » est un chef du protocole, le jeu de mots ne fonctionne pas en français. Inutile de spécifier j’imagine que Derek est copieusement fatigué d’entendre cette plaisanterie.

Un polar à thème, intéressant à lire, avec une intrigue surprenante, mais j’avoue que si tous les romans de Cyril Hare plongent à ce point dans le monde du droit, des lois et des cours de justice britanniques, je ne suis pas certaine de renouveler l’expérience (mais on ne doit jamais dire jamais).

A propos = oui j’avais deviné qui était le criminel, mais plutôt en manière de plaisanterie. Je n’avais deviné aucun mobile, c’était plutôt par jeu « … et si c’était … » - j’ai eu raison, mais pas de quoi pavoiser.

Voici donc un peu d’historique concernant les « Assizes » (assises britanniques)
Avant 1971, donc pas si vieux que ça, les crimes importants étaient jugés par un groupe de juges professionnels qui circulaient à travers les différents comtés britanniques, y compris le pays de Galles.
Ces sessions d’assises s’occupaient de cas graves et difficiles ; les cours de justice locales (connues sous le terme de « Quarter Sessions Courts ») transféraient les cas difficiles aux Assises.
Ces « Quarter Sessions Courts » étaient tenues, comme le nom l’indique, 4 fois par an, généralement après les fêtes religieuses d’épiphanie, pâques, la mi-été et la fête de st-michel archange (congé automnal – vacances de toussaint chez nous). Ces cours-là sont désormais remplacées par les cours de justice du district. 

Depuis 1972, les cours d’assises ont été remplacées par un tribunal de première instance « the Crown court » ou la cour de la couronne. Elles existent dans 7 régions (92 villes) du Royaume-Uni.
L’origine de ces cours de justice itinérantes remonte à Henri Ier d’Angleterre. 

Alfred Alexander Gordon Clark, avant de devenir romancier sous le pseudonyme de Cyril Hare, était « judge’s marshal » (c'est-à-dire  chef du protocole).

Cette expérience professionnelle est l’un des sujets du roman « Tragedy at Law ». Roman, édité pour la première fois en 1942, régulièrement réédité depuis, il reste son roman le plus connu (mon édition était de seconde main, donc pas la même couverture).
On y rencontre  pour la première fois Francis Pettigrew, un avocat n’ayant pas vraiment bien réussi dans la profession, mais qui – dans ce roman-ci et 5 autres polars, va se montrer un détective amateur de talent. Dans cette histoire-ci, on fait également la connaissance de l’inspecteur Mallett de Scotland Yard, enquêteur récurrent.

L’auteure britannique P.D. James considère  ce roman comme  l’un des meilleurs « whodunnit » situé dans le monde de la justice.
Dans son roman, chroniqué récemment « The Private Patient », elle cite  une histoire de Cyril Hare (Tenant for death) – c’est ce qui m’a décidée à sortir ce livre-ci de ma PAL.

En 1950, A.A. Gordon Clark fut nommé juge du comté dans le Surrey.
Le pseudonyme de « Cyril Hare » trouve son origine non seulement dans « Cyril Mansions » à Battersea, où il vécut après son mariage et « Hare Court » où il travailla.

Une Référence sur les « Assizes Courts »  figurerait  dans le « Frankenstein » de Mary Shelley.

Source des informations = Assizes courts

Certains romans de Cyril Hare ont été traduits, mais je n’ai pas trouvé la version française de ce titre-ci.

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Commentaires
L
Si P.D. James et toi recommandez...! ;-)
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A
" un aperçu de faits de loi " ? Je note ! :-D
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M
Tout cela m'a l'air bien compliqué.
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:
Et comme toujours, j'ai grand plaisir à découvrir une œuvre grâce à toi...
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T
Si tu as envie d'en relire un autre de Cyril Hare malgré tout, je te conseille sans hésiter :<br /> <br /> Meurtre à l'anglaise<br /> <br /> <br /> <br /> Là on est dans un vrai policier à l'anglaise, du genre la grande Agatha, j'en garde un excellent souvenir :)
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