THE CHASE, d'Arthur Penn

Titre français = La Poursuite impitoyable

Scénario de Lillian Hellman (révisé sur ordre du producteur Sam Spiegel), d’après la pièce de théâtre d’Horton Foote « The Chase »

Dans une petite ville du Texas, la plupart des gens sont dans la poche du banquier magnat du pétrole, Val Rogers, qui fait vivre la ville. Et chacun est convaincu que le sheriff Calder est également payé par le magnat pour fermer les yeux sur bien des choses. Ses soirées sont très recherchées, chacun souhaitant y être invité pour prouver à quel point ils lui sont « soumis ».

Lorsqu’ils apprennent que Charlie Reeves (surnom Bubber) s’est évadé de prison en compagnie d’un autre prisonnier, les langues vont bon train et il est évident que l’on attend du sheiff Calder qu’il remette rapidement ce repris de justice en prison. Seulement voilà, après enquête, Calder s’est mis à croire en l’innocence de Reeves.
Charlie Reeves a été le bouc émissaire de la petite ville, parce qu’il était né du mauvais côté de la barrière sociale – seule sa mère croit en lui. Elle n’est pas vraiment la seule à se poser des questions sur l'innocence de son fils, mais comment lutter contre l’opinion de Rogers ?
Anna,  l’épouse de Bubber, le pensait coupable, ne sait trop que faire ou penser, si ce n’est s’en remettre à son amant,  Jake Rogers, meilleur ami de Charlie, et fils du magnat de la ville. 

Lorsque l’autre fugitif le laisse tomber et assassine un automobiliste pour lui voler auto et vêtements, les habitants de la petite ville sont persuadés que Charlie Reeves est son complice et exige de Calder qu’il en finisse une fois pour toute avec cette « ordure ».
Emily Stewart, l’une des femmes de notables, est particulièrement enragée à l’encontre de Charlie Reeves. Au cours d’une soirée particulièrement imbibée, elle témoigne ouvertement son intérêt pour l’un des gros bras du magnat.
Un groupe se forme en milice privée pour partir à la chasse du prisonnier ; lorsque Calder refuse de participer à cette chasse à l’homme, il est violemment battu par les hommes de la milice.
Pendant ce temps, Charlie Reeves se cache dans une décharge, attendant l’aide de sa femme et son ami. La milice arrive et met le feu à la décharge dans le but d’enfumer Reeves comme une bête traquée.

Beau pamphlet en faveur de l’intégrité, contre le racisme, la corruption  et la lâcheté, aninsi que contre la foule s'érigeant soi-disant en justicière.
Pourtant le réalisateur Arthur Penn (aucun lien de parenté avec Sean Penn), un réalisateur qui aimait dénoncer les abus de la société américaine – ne fut pas très heureux suite à l’expérience de ce film car le producteur Sam Spiegel fit réécrire le scénario initial de Lillian Hellman (madame Dashiell Hammett) et le metteur en scène estima que ce n’était plus « son » film, tel qu’il l’avait décidé. 

Côté interprétation, c’est formidable = Marlon Brando est un sheriff intègre, qui s’en sort à peine, qui en prend littéralement plein la gueule parce que désireux d’amener le personnage de « Bubber » à la justice afin qu’il ait le droit de s’exprimer et avoir un procès  correct et non pas bâclé comme le précédent.
C’est Robert Redford qui interprète Charlie (Bubber) Reeves, un homme injustement accusé d’un crime qu’il n’a pas commis et qui s’est évadé pour prouver son innocence ;  on ne voit pas assez Redford dans le film malheureusement, mais c’est mon opinion personnelle.

E.G. Marshall est le magnat, qui tient la ville dans sa main et qui se croit au-dessus des lois - dont le fils – joué par James Fox est l’amant de l’épouse de Reeves.
Robert Duvall exprime tout son talent dans le rôle de l’époux bafoué d’Emily Stewart, très bien jouée par Janice Rule – tellement bien que j’ai, toute ma vie, trouvé cette actrice antipathique ! Richard Bradford est l’objet de convoitise sexuelle d’Emily/Rule et aussi le gros bras qui se défoule sur le shériff.

Côté féminin, en dehors de Janis Rule, il y a la superbe Jane Fonda, dans le rôle de l’épouse de Reeves/Redford, décidée à aider son ex-mari avec l’aide de son amant Jake (Fox).
Miriam Hopkins interprète la mère de Bubber, la seule à croire en l’innocence de son fils. On trouve encore dans la distribution = Angie Dickinson, épouse loyale du sheriff, qui  l’aide de son mieux.

Film des années 1960, où l’on n’hésite pas à aborder ouvertement la liberté sexuelle qui commençait alors à pointer son nez.
Le film ne fut pas très bien reçu à sa sortie, notamment aux USA, peu enclins à accepter leurs défauts étalés sur plein écran.
Etaler ainsi au grand jour la violence et le racisme ordinaires ne fut pas exactement du goût des spectateurs, des Texans notamment.
De plus, le film critique ouvertement les milices privées, ça n’est pas non plus du goût des Américains pour qui il est de tradition de faire justice eux-mêmes (une tradition qui date du temps des pionniers et qui ne les a jamais vraiment quittés).

Pourtant désormais, tout le monde s’entend à dire que le film fut gravement sous-estimé et il a atteint plus ou moins le statut de culte.

Je vous parlais récemment du film de Jack Arnold « Man in the Shadow »  avec Orson Welles et Jeff Chandler, qui aurait inspiré cette histoire – effectivement, l’image du sheriff intègre ressemble bien à celle donnée par Chandler, mais contrairement au film de Jack Arnold, point de happy end dans la réalisation d’Arthur Penn, ce qui rend l’histoire totalement crédible.

Une étude très intéressante des caractères de petites villes, aussi étroites d’esprit que les limites de leur ville. Un film à découvrir, ou redécouvrir comme moi.

Comments

[Mango]

Je n'ai pas vu ce film mais rien que pour les acteurs, Brando et Fonda, j'aimerais le passer dès que je trouve un moment!

[dasola]

Bonjour sheherazade2000, j'aime beaucoup ce film qu'il faudrait que je revois. Et quelle distribution: le rêve! Brando est impérial comme d'habitude. Bonne fin d'après-midi.

[Teki]

C'est lamentable de ne montrer Robert qu'aussi peu !!



Remboursé ! ;)

[:)]

Il me semble l'avoir vu... ou alors, c'est parce que tu racontes bien les histoires...