THE MANCHURIAN CANDIDATE, de John Frankenheimer

 

(source photothèque google)

Version de 1962

Titre français = Un Crime dans la tête

Scénario de George Axelrod d’après le roman « Manchurian Candidate » de Richard Condon

En 1952, durant la guerre de Corée, un bataillon est fait trahi par son guide et est fait prisonnier par l’ennemi.
Peu de temps après, le bataillon moins deux hommes revient vers les lignes américaines ;  le sergent Raymond Shaw est célébré comme un héros, ayant mérité la Médaille d’Honneur sur les recommandations du capitaine Bennett Marco.
Un vaste comité d’accueil attend le héros, comité d’accueil dirigé par Eleanor Iselin, la mère de Raymond, remariée à un guignol qu’elle manipule car elle a l’intention de se lancer, à travers lui, dans la politique.
Il apparaît bien vite que Raymond déteste son beau-père et n’a pas beaucoup d’affection non plus pour sa mère.

 

De son côté, Ben Marco, entretemps promu major, fait sans cesse un cauchemar récurrent où lui et le bataillon sont face à un groupe de personnes – Marco est persuadé que tous les soldats du bataillon ont subi un lavage de cerveau, car déjà son jugement sur Raymond Shaw est complètement distordu = il le présente comme le type le plus sympa qui soit, alors qu’à ses yeux Shaw est le type le plus antipathique qu’il connaisse.
Le cauchemar récurrent l’épuise et lui fait commettre quelques erreurs ;  Ben Marco est prié de prendre quelque congé pour se reposer – dans le train il rencontre la charmante mais quelque peu mystérieuse  Eugénie Rose, dite Rosie, qui lui laisse ses coordonnées. Il en aura bien besoin car en route pour rencontrer Raymond Shaw, Ben Marco reconnaît leur ancien guide devenu l’employé de Raymond. Une bagarre s’ensuit et Ben appelle Rosie au secours, qui l’installe chez lui.
Un autre membre du bataillon fait lui aussi le même rêve que le major Marco, à quelques nuances près.
Pour le major, il ne fait plus aucun doute qu’ils ont tous subi un lavage de cerveau.

Raymond Shaw est devenu un assassin en puissance, « en sommeil » en quelque sorte, réveillé par une phrase faisant référence à une partie de solitaire, où la carte maîtresse est la dame de carreau.

 

Pendant ce temps, Eleanor Iselin tire toujours les ficelles de son pantin de second mari, mais aussi de son fils, même si elle commence à sentir que celui-ci s’éloigne d’elle. Elle va même aller jusqu’à le réunir avec son ancienne petite amie, fille de son ennemi juré en politique.
Peu à peu Eleanor Iselin tisse sa toile.

 

Une fois encore, avec cette interprétation d’Eleanor Iselin , je renouvelle toute mon admiration au talent d’Angela Lansbury – elle est absolument formidable en Mrs. Iselin, épouse et mère manipulatrice, implacable, prête à tout pour arriver à ses fins politiques.
On est loin, ici, de la sympathique romancière Jessica Fletcher qu’elle a si brillamment interprétée pendant  12 ans – ce rôle lui a fait une certaine « ombre » puisqu’elle est surtout connue désormais par cette série policière, mais Angela Lansbury c’est beaucoup plus que cela, c’était l’une des meilleures comédiennes à la fois de la scène et du cinéma et qui plus est, a une très jolie voix qui lui valut quelques grands succès sur la scène de Broadway.

Angela Lansbury peut tout jouer = du drame à la comédie, en passant par la comédie musicale et carrément la comédie loufoque comme son rôle dans le rôle de « Madame Arcati » l’inénarrable medium de « Blythe Spirit ».
Très belle dans sa jeunesse, elle fut la fiancée de « Samson » dans « Samson & Delilah » et elle est aussi l’émouvante jeune fille qui aime Dorian Gray, dans la version d’Albert Lewin. Dans le film « Gaslight » de George Cukor, par contre, elle est la vénale petite bonne.
Elle ne se contente pas d’être une comédienne épatante, c’est aussi une femme au grand cœur qui soutient beaucoup de causes – bien qu’elle ait été nominée plusieurs fois aux oscars et aux BAFTA (équivalent britannique des oscars »), elle n’en a jamais remporté un bien spécifique mais a reçu  un prix récompensant l’ensemble de sa carrière.
Toutefois, le prix qu’elle dit préférer entre tous est « The People’s Choice » (prix du public).

Le rôle d’Eleanor Iselin faillit lui échapper car Frank Sinatra, qui interprète le major Marco, souhaitait une autre actrice, trouvant Angela Lansbury trop jeune (elle n'avait qu'un an de plus qu'Harvey jouant son fils) – le réalisateur John Frankenheimer, qui avait dirigé Angela dans un film précédent où elle tenait un rôle similaire de mère épouvantable, fit voir des extraits de ce film à Sinatra qui fut immédiatement convaincu qu’elle était faite pour le rôle ! Il faut bien dire qu’elle est réellement effrayante.
Dans le rôle du major Bennett Marco, torturé par un cauchemar, qui veut arriver à découvrir le fond de l’histoire, Frank Sinatra ne se défend pas mal du tout – bon chanteur (quand on aime le genre), il fut aussi un excellent acteur.

Dans le rôle de Raymond Shaw, manipulé à être un assassin, mais victime lui aussi,  on trouve Laurence Harvey, qui fait  là un  travail magistral – on a à la fois envie de le plaindre (surtout avec la mère qu’il se paie, sans parler du beau-père) mais son rôle ambigu fait qu’on ne lui fait aucune confiance. Il est très émouvant à mes yeux comme toutes les personnes victimes de manipulateurs.

James Gregory est le sénateur-pantin entre les mains de son épouse ; Leslie Parrish est la charmante Jocelyn Jordan persuadée qu’elle pourra « guérir » Shaw/Harvey. Son père, le sénateur démocrate opposé aux Iselin, est joué par John McGiver.
C’est Henry Silva qui interprète le Coréen Chunjin.
Quant à la charmante Eugénie Rose, dite Rosie, elle est interprétée par Janet Leigh, mais très franchement je me demande pourquoi ce personnage figure dans le film car elle n’apporte pas grand-chose, sauf un joli visage. Ce qui est dommage pour cette bonne comédienne.

Excellent thriller politique et d’espionnage, le film rencontra un succès immédiat au moment de sa sortie, mais fut ensuite retiré au public jusqu’en 1988. Frank Sinatra qui avait des intérêts dans la production demanda qu’il fut retiré des écrans car il passa sur les écrans en 1962, l’année de l’assassinat du président Kennedy. 

Inutile de dire que tant les journaux communistes que les journaux de droite vouèrent le film aux gémonies = les uns car ils le considéraient comme un pamphlet violemment anti-communiste, les autres estimant qu’il s’agissait d’un complot contre l’Amérique.
En tout cas, le film fit du jour au lendemain la célébrité de John Frankenheimer, devenu dès lors l’un des réalisateurs-phare du cinéma américain, lui qui jusque là avait surtout été un bon réalisateur de télévision.

Quoi qu’il en soit, cette version noir&blanc reste ma préférée – un remake ayant été réalisé en 2004 avec Denzel Washington, Meryl Streep et Liev Schreiber). Le noir et blanc lui confère un petit côté « documentaire », que n’a pas le thriller de Jonathan Demme.

Le titre fait référence à l’épisode du livre de Richard Condon, qui se passe au moment de la guerre de Corée et où le bataillon de Marco et Shaw est emmené en Mandchourie pour y subir le lavage de cerveau qui est le sujet principal de l’histoire.

Dans le roman, la relation mère-fils est nettement plus incestueuse que dans la première version filmée, en 1962 le code Hays est toujours en vigueur et un scénario impliquant ce type de relation n’aurait jamais passé la barre de la censure.
Comme toujours, l’adaptation cinéma omet pas mal d’éléments du roman – mais comme le disent les scénaristes « on ne peut pas  mettre tout un roman dans un film ».

Comments

[nicos31]

à sheherazade2000: oui, c'est vrai. J'aimerais le voir celui ci.

[nicos31]

à mes yeux le meilleur film de Frankenheimer et une performance de haut niveau pour Frank Sinatra. Angela Lansbury est parfaite dans le rôle de la mère manipulatrice et le reste du casting s'en sort avec les honneurs.