AMADEUS, de Milos Forman
Titre français = identique
Scénario de Peter Shaffer d’après sa pièce de théâtre éponyme
En 1823, des cris retentissent dans un immeuble cossu de Vienne = « pardon Mozart, je t’ai assassiné ». Antonio Salieri est retrouvé ensanglanté, ayant tenté de se trancher la gorge. Il est interné – un prêtre vient lui rendre visite et lui conseille de se confesser afin de se décharger d’un tel poids. Salieri, alors, lui raconte son histoire et celle de celui à qui elle est intimement mêlée, celle de Wolfgang Amadeus Mozart.
Salieri, qui aurait dû comme son père faire du commerce, put à la mort de son géniteur enfin se consacrer à ce qu’il aimait par-dessus tout = la musique. Il devient le compositeur de la cour de Joseph II, à qui il enseigne un peu la musique.
Mozart de son côté se met son mécène, le prince-évêque de Salzburg à dos par son impertinence, sa grossièreté proche de l’obcénité.
Salieri est investi d’une notion que dieu se moque de lui au travers de Mozart, préféré de tous pour sa musique, surdoué – il lui suffit d’entendre une pièce musicale une fois pour la reproduire de mémoire sans partition.
Le problème du jeune Mozart est qu’il aime dépenser de l’argent et en dépense plus qu’il n’en gagne, pourtant il est la coqueluche de Vienne –et lorsqu’il emprunte, il ne rembourse pas.
Secrètement, Salieri décide de commander une messe de requiem, se cachant derrière des masques, le but étant de faire croire que c’est lui, Salieri, qui en serait l’auteur – la maladie ne permettra pas à Mozart de l’achever.
La distribution est à la hauteur du sujet = Tom Hulce est un extraordinaire Mozart, vulgaire, enfant gâté à l’excès – conscient de son génie et refusant les compromissions, ce que l’on peut comprendre face à un tel génie. Pour son interprétation, Hulce déclara s’être inspiré des caprices du tennisman John McEnroe (heureusement qu’on ne balance par un clavecin comme une raquette !).
Salieri est brillamment joué par F. Murray Abraham. Constance Mozart est interprétée par Elizabeth Berridge, dont je n’ai pas été très convaincue, bien sincèrement. Peut-être que face à l’interprétation magistrale des 2 vedettes masculines, tout m’a paru faiblard.
Jeffrey Jones est l’empereur Joseph II, Roy Dotrice est Léopold Mozart, Christine Ebersole interprète Catarina Cavalieri, Simon Callow est Emanuel Schikaneder, grand ami des Mozart, dramaturge, impresario et auteur du libretto de la « Flûte enchantée ».
Est-il besoin de le spécifier = les costumes sont sublimes – leur concepteur obtint d’ailleurs un oscar.
Que l’on ne s’y trompe pas = malgré la brillance de l’interprétation, des décors, des costumes, pratiquement tout ou presque est faux dans la pièce de théâtre de Peter Shaffer, que j’avais eu le grand plaisir de découvrir il y a quelques années au théâtre du Parc (chronique ici).
Antonio Salieri ne fut jamais l’assassin de Mozart. Ce qui est exact est que la musique de Salieri cessa d’être dans « l’air du temps » et il se consacra alors à d’autres tâches, tel l’enseignement de la musique et le travail pour la chapelle impériale de Vienne, en plus de son activité de chef d’orchestre. Léopold Mozart, père du petit génie, ainsi que Mozart ultérieurement, rédigèrent plusieurs lettres estimant qu’ils étaient victimes d’une cabale « italienne ».
Ce qui est certain est que Mozart et Salieri furent souvent en compétition pour le même poste (comme enseigner le chant à la princesse Elisabeth.
Cependant, même s’ils étaient rivaux, leurs relations ne furent jamais aussi dramatiques que le montrent la pièce et le film. Au contraire, l’année où Mozart mourut fut celle de la naissance de son fils Franz Xaver et Salieri ainsi que l’un des protégés de Mozart (Hummel) s’occupèrent de l’éducation du petit garçon afin qu’il ne manque de rien. Salieri était loin de posséder le génie machiavélique qu'on lui prête dans le film, il préférait mettre son génie au service de la musique.
Bien sûr, lorsqu’on travaille pour les mêmes « patrons », des rivalités existent et parfois l’envie pousse à de sombres desseins.
Les lettres de Leopold Mozart n’aidèrent probablement pas à améliorer la réputation de Salieri, le père Mozart étant un envieux des succès des autres, mais Wolfgang Amadeus parlera souvent en termes élogieux du compositeur de la cour de Joseph II.
Quant au Requiem, ce fut effectivement une commande « secrète » mais par le comte Franz von Walsegg afin de commémorer la mort de son épouse.
Le premier à avoir lancé des « rumeurs » sur Salieri et Mozart fut Alexandre Pushkin qui écrivit une petite tragédie intitulée « Mozart & Salieri », et ce tout juste après le décès de Salieri, dépeint comme un être machiavélique, totalement investi de sa haine pour le jeune compositeur qui le mène à la folie.
C’est le privilège des écrivains et dramaturges de « récupérer » un thème historique pour broder et y apporter une touche de scandale, plus près de nous Alexandre Dumas, Maurice Druon n'ont pas fait autrement.
Le billet de maggie sur ce film.