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mon bonheur est dans la ville
5 janvier 2013

HEAT & DUST, de James Ivory

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Titre français = Chaleur & Poussière

Produit par Ismael Merchant

Scénario de Ruth Prawer Jhabvala, d’après son roman éponyme publié  en 1975 

En 1927, un homme arrive précipitamment à l’hôpital de Satipura – le médecin anglais lui annonce que son épouse a disparu, personne ne sait ce qu’elle est devenue.

 En 1982, en Angleterre, Anne interroge un certain Harry Hamilton-Paul sur qui fut exactement sa grand-tante Olivia Rivers, qu’il a bien connue et dont elle a l’intention de retrouver des traces quant à savoir ce qu’elle devint ; pour cela, Anne partira pour Satipura mais avant cela elle aimerait en savoir un peu plus.
A travers le récit d’Hamilton-Paul, nous suivons l’histoire d’Olivia, pendant que de son côté, Anne arrive en Inde et trouve un logement chez Inder Lal et sa famille.

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Olivia, la  jeune épouse de Douglas Rivers, assistant percepteur, a  été présentée au nawab de Khatm, sur qui elle a fait une certaine impression.

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Les commentaires sur cet homme richissime,  qui aime faire profiter les Britanniques de ses largesses, vont bon train = il aurait tué son épouse, il serait le chef secret des dacoïts qui attaquent et volent les marchants, les voyageurs.
Olivia ne prend pas garde à ces commentaires, elle en oublie même le protocole, tant anglais qu’indien, dont les règles sont pourtant encore plus strictes que celles des Britanniques qui semblent vivre avec un parapluie coincé dans leur dos. On commence à jaser à propos de l’attitude non conformiste d’Olivia, que toutes ces règles ennuient profondément ; son époux en est assez désolé mais pense qu’elle s’adaptera.
La jeune Mrs. Rivers a refusé d’être séparée pour 3 mois de son époux, n’ayant aucune envie de suivre les autres épouses de coloniaux dans la montagne où il fait plus frais, plus aéré, moins poussiéreux.

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Pendant que son mari poursuit son travail, Olivia visite de plus en plus régulièrement le palais du nawab et s’est liée d’amitié avec Hamilton-Paul, sorte de précepteur, qui réside au palais.
Un jour Olivia, amoureuse, cède au prince – le drame s’en suivra et la jeune femme disparaît. Seul commentaire du médecin britannique = j’ai toujours su qu’elle ne valait pas grand-chose ! 

La jolie Anne, de son côté, a l’occasion de visiter tous les lieux que fréquentaient les Britanniques, et notamment son aïeule – elle a aussi rencontré « Chid », un Américain ayant décidé de se détacher de tout et de vivre de charité ; elle lui reproche de s’incruster chez Inder Lal dont la famille est pauvre. Après son départ, Anne poursuit son « pèlerinage », avec l’aide d’Inder Lal, qui est attiré par elle. Devenus amants, Anne part dans la montagne, vers le dernier refuge connu d’Olivia, où Anne décide de s’installer jusqu’à son accouchement.

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Une  image émouvante  termine leur double histoire = Anne regarde par les carreaux de la maison d’Olivia et elle y « voit » son aïeule jouant du piano pour le prince, qui savoure un thé.

Belle histoire que celle de ces deux femmes, à plus de 50 années d’intervalle  et pourtant tellement similaire.
Beaucoup d’émotions et pourtant aucun pathos.
Toutes les deux vont s’éprendre d’un homme qui n’est pas pour elle, mais l’une – la contemporaine – gardera l’enfant qu’elle attend.

Ce n’est pas seulement une comédie dramatique, c’est également une fresque, intéressante quant aux relations des Anglais avec les Indiens dans les années 1920 – la morgue, l’arrogance des Anglais face à un peuple qu’ils ne comprennent  pas, qu’ils se refusent à comprendre parce qu’ils les considèrent comme inférieurs est fort bien montrée.

Je crois que toute ma vie j’ai été persuadée que « Heat and Dust » était en fait un film de David Lean, le confondant avec « A Passage to India », qui traite d’un sujet quelque peu similaire = la fin de l’empire des indes.

J’ai donc compris, en le visionnant, que je ne connaissais pas vraiment cette réalisation de James Ivory et suis enchantée d’avoir comblé cette lacune, car cette fresque historique et romanesque m’a énormément plu.

C’est le premier film du trio Ivory/Merchant/Prawer Jhabvala qui a des proportions nettement plus grandes que les films réalisés jusqu’alors – dans le supplément au dvd, Ismael Merchant taquine son ami et metteur en scène, ainsi que leur scénariste de prédilection, en disant que le budget dont il disposait était compté très justement – comme les plateaux de tournage de l’histoire contemporaine et celle des années 20 étaient les mêmes, Ivory prétendait qu’on « gagnerait du temps et de l’argent », ce qui ne fut pas vraiment le cas – Merchant lui rétorque qu’il en avait des sueurs froides et des insomnies et que ce film n’aurait pas dû s’intituler « Heat & Dust » mais « Sweat & Blood » (Sueurs et sang).

La distribution est plus importante que dans les films précédents.
L’équipe interprétant les personnages de 1927 à Santipur et Khatm =
Greta Scacchi, alors débutante, ce film lui offrant son premier grand rôle, est réellement charmante dans le rôle d’une jeune femme que les conventions dérangent profondément. Pour elle, tous les Anglais (son mari compris) sont des « coincés, bouffis de prétention, ne comprenant rien aux femmes et refusant d’évoluer ».
Christopher Cazenave est le gentil mari, qui tente vainement de faire comprendre à cette épouse indisciplinée qu’ils ont un rang à tenir.
Le médecin qui méprise Olivia est fort bien joué par Patrick Godfrey, vraie tête à claques. Son épouse est interprétée par Jennifer Kendal, que l’on retrouve 20 ans après « Bombay Talkie » - en Mrs. Saunders, elle interprète fort bien l’amertume et le chagrin d’une femme ayant perdu un bébé.

Shashi Kapoor (l’un des acteurs fétiches d’Ivory/Merchant) joue le nawab, il rend très crédible un homme qui prend toujours des airs innocents et qui rit lorsqu’on lui pose des questions.
Il se moque gentiment d’Harry Hamilton-Paul, fort bien interprété par Nckolas Grace, qui se sait méprisé tant par les Anglais que par les Indiens, qui voudrait bien s’extirper de la situation ambiguë dans laquelle il se trouve. Il sera finalement, avec le prince, le seul allié d’Olivia, trouvant dommage que « par passion amoureuse » elle délaissât  tout ce qu’elle avait. Il est bien maquillé pour paraître très jeune en Inde et bien vieilli pour l'intermède avec Anne. 

La begum, la mère du prince, est jouée par Madhur Jaffrey, et bien qu’aussi jeune que l’acteur interprétant son fils, elle parvient avec grand talent à avoir les intonations d’une dame âgée, avec seulement une belle perruque pour compléter le tableau. Tout le reste est dû à son jeu – ce qui me fait dire que c’était réellement une excellente actrice, car 20 ans auparavant, dans « Shakespeare Wallah »,  elle jouait une capricieuse actrice bollywoodienne avec le même talent.
J’ai aussi eu le plaisir de revoir Barry Foster, éloigné de son rôle de psychopathe dans le « Frenzy » d’Hitchcock et représentant bien ces Anglais méprisant les Indiens.

L’équipe dans l’histoire contemporaine =
C’est la lumineuse Julie Christie, alors au faîte de sa carrière, qui est la sympathique Anne. Akir Hussein joue Inder Lal.

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La distribution est complétée par bien d’autres acteurs tant britanniques qu’indiens mais je ne saurais les nommer tous.

L’Inde que nous propose le trio Ivory-Merchant-Jhabvala est l’Inde des splendeurs passées du Raj, avec cette pointe d’ironie quant aux relations soi-disant « amies » entre les Britanniques et les Indiens.
Les costumes des années 1920 sont fort bien reproduits et les décors sont somptueux, que ce soient les extérieurs arides du Kashmir, ou les fêtes du palais du nawab.

Une bien belle découverte.

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Commentaires
M
Mais je savais bien que j'aimais Ivory ! Ce film m'a l'air très tentant ! En revanche, je ne sais pas si tu l'as vu mais" la coupe d'or " est vraiment ennuyeux... mais je ne sais pas s'il y a le même trio que dans les films que tu cites...
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L
Celui-là, je veux encore plus le voir que "Quartet" mais il faut également que je trouve le temps de lire le roman avant !!! :D :D
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A
Je l'ai vu celui-là, et j'avais beaucoup aimé.
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M
Ca doit être un beau film. Mais sait-on ce qu'il est arrivé à Olivia ?
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T
Elles sont terribles ces épouses qui ne veulent pas se conformer à la morale de la bonne société, c'est un comble quand même !! Je te les fouetterai ... ;) :lol:
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