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mon bonheur est dans la ville
17 mai 2011

CAMILLE, de George Cukor

 flagey

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Née au sein d’une famille pauvre à la campagne, Marguerite Gautier est devenue une courtisane très recherchée dans le Paris du 19ème siècle, sous le surnom de « Dame Camille », pour son amour des camélias.

 

Marguerite est une jeune femme que la vie a rendue cynique, dépense sans compter, elle est pratiquement criblée de dettes. Cependant elle garde un cœur d’or, dont profitent certaines de ses soi-disant amies comme Prudence Duvernoy sa voisine, qui joue souvent les entremetteuses. Comme au cours de cette soirée où elle a décidé que Marguerite devait absolument rencontré le baron de Varville si elle veut trouver un généreux compagnon, prêt à lui permettre le type d’existence qu’elle aime.

 

Au cours de cette même soirée, elle rencontre Armand Duval, un jeune homme qui lui avoue être amoureux fou d’elle depuis au moins un an. Attendrie par le jeune homme, elle le taquine un peu, mais pendant qu’il part à la recherche des marrons glacés qu’elle lui demande par caprice, elle quitte la loge de théâtre en compagnie du baron de Varville, lui aussi subjugué par elle.

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Ils se retrouvent six mois plus tard, lorsque le baron part en voyage pour la Russie ; Marguerite – de santé très fragile – refuse de l’accompagner. C’est alors qu’Armand Duval ose sonner à sa porte et est reçu par Nanine, la tendre servante de Marguerite, qui confirme que les bouquets qu’elle recevait chaque jour venaient de lui.

 

Marguerite finit par céder à Armand, réalisant qu’elle a là la chance d’enfin connaître un amour vrai et pur comme elle en rêve depuis toujours. Armand l’emmène à la campagne où la santé de Marguerite s’améliore.  La jeune femme toujours aussi généreuse décide d’offrir une beau mariage à la jeune Nichette, la seule parmi ses relations à ne jamais vouloir profiter d’elle.

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L’argent toutefois reste un problème et le jeune homme décide de se rendre à Paris pour obtenir son héritage. Pendant ce temps, arrive le père Duval, guindé, étriqué dans ses principes bourgeois qui supplie Marguerite de quitter Armand – exerçant un réel chantage aux sentiments. Marguerite comprend que son beau rêve prend fin et retourne vers le baron de Varville, sachant que cela seul peut détourner Armand d’elle.

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Après des retrouvailles dramatiques, où Armand lui jette son mépris au visage, où un duel l’oppose à Varville et après avoir dû s’exiler pendant six mois, Armand Duval se rend au chevet de Marguerite qui meurt dans ses bras.

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J’ai vidé  un paquet entier  de mouchoirs en voyant ce film récemment à la cinémathèque. Comment ne pas pleurer aux malheurs de cette tendre Marguerite Gautier, brillamment, sublimement interprétée par Greta Garbo. J’ai dû plusieurs fois nettoyer mes lunettes tant les larmes me brouillaient la vue ! (dure la vie de cinéphile, encore heureux que je ne me sois pas mise à sangloter à haute voix !)

Que Greta Garbo ait gagné un oscar pour cette performance n’a rien de surprenant, elle est réellement extraordinaire de tendresse – et de cynisme obligé par la force des choses.

Bien d’autres comédiennes ont  interprété la belle et malheureuse courtisane, se sacrifiant par amour = Lilian Gish, Yvonne Printemps, Maria Felix, Micheline Presle, Lucia Bosé – et plus près de nous, Isabelle Huppert.

Isabelle Adjani, Réjane, la Duse l’interprétèrent au théâtre. Dans « Moulin Rouge » de Baz Luhrmann, le personnage de Nicole Kidman est inspiré de Marguerite.

 

Quant à Maria Callas, elle fut paraît-il, l’une des plus merveilleuses Violetta, de la « Traviata » de l’opéra de Verdi.

 

Robert Taylor est le parfait jeune premier pour interpréter Armand Duval, ce rôle fut d’ailleurs le premier rôle important de sa carrière – personnellement j’ai un peu du mal à trouver Robert Taylor sympathique, malgré son talent évident de jeune premier amoureux transi et désespéré, mais l’homme Taylor n’eut pas une attitude des plus correctes durant le maccarthysme, n’hésitant pas à dénoncer ses collègues. Dommage d’être aussi beau à l’extérieur et aussi moche au-dedans. Quand je pense que ce type a joué les redresseurs de tort dans « Ivanhoe » et « Quo Vadis »…

Il me faut toutefois reconnaître qu’il mérite ici le surnom de « l’homme au profil parfait », il est vrai qu’avec ses cheveux noirs et ses yeux bleus, il était fort séduisant.

 

Le baron de Varville est fort bien joué par Henry Daniell, il est sans illusion sur les sentiments de Marguerite, et n’hésite pas à la traiter n’importe comment lorsqu’elle lui revient. Henry Daniell interprétait souvent des personnages peu sympathiques, on comprend donc rapidement quel rôle il jouera ici !.

 

Lionel Barrymore est à la hauteur de son talent dans le rôle du père Duval – j’avoue avoir peu de sympathique pour le personnage du père d’Armand ; ce type engoncé dans sa bienséance et puis jouant les magnanimes lorsqu’il est arrivé à faire céder Marguerite n’a pas droit à mon estime.

 

Nanine, la bonne qui reste fidèle à Marguerite, malgré les créanciers qui campent dans le salon, est joué avec sensibilité par Jessie Ralph.

L’odieuse Prudence est jouée par Laura Hope Crews qui fait un très bon travail pour la rendre totalement antipathique, le personnage  n’hésitant pas à venir harceler Marguerite sur son lit de mort pour lui emprunter de l’argent.

Un autre personnage odieux est Olympe, une courtisane jalouse de Marguerite qui profitera aussi sans aucun scrupule du dénuement celle-ci.

 

Il faut toutefois encore citer Gaston, un bon ami des fêtes de Marguerite, qui s’avérera aussi un ami fidèle dans le besoin ; il est joué par Rex O’Malley.

 

Le titre anglais « The Lady of the Camellias » fut transformé en « Camille », également au théâtre aux USA, parce qu’en principe, Marguerite (qui préfère les camélias blancs) porte un camélia rouge lorsqu’elle est « occupée » par un monsieur.

Cela choquait les hypocrites puritains américains, donc ils transformèrent tout ça en « Camille ». 

L’un des trois scénaristes du film, James Hilton, était un romancier britannique à qui l’on doit notamment « Goodbye Mr. Chips » dont le personnage principal, Prof. Chipping, était  inspiré du père de l’écrivain.

 

Les costumes sont superbes, créés par Adrian, un costumier américain, qui travailla régulièrement avec George Cukor, un homme qui aimait à mettre les femmes en scène. Malgré les risques encourus à l’époque, Cukor cachait à peine son homosexualité et était le chef de la culture gay à Hollywood.

Il était un excellent ami pour toutes les actrices qu’il fit tourner, avec qui il garda des liens d’amitié tout au long de leur existence ; chez lui se réunissait souvent un cercle littéraire, parmi lesquels Somerset Maugham, Sinclair Lewis et d’autres.

 

Dans « la Dame aux Camélias » il est beaucoup question du roman « Manon Lescaut », les principaux protagonistes faisant souvent le parallèle avec leur propre histoire.

Le film, comme dans le roman, montre la vie des salons du 19ème siècle, les soirées mondaines, où les courtisanes se devaient de se montrer, de se concurrencer pour  tenter d’attirer l’attention sur un homme, le plus riche possible, leur situation étant des plus précaires en vieillissant.

Dumas fils a voulu rendre Marguerite (calquée sur sa compagne Marie Duplessis) sympathique, montrant à quel point elle est bonne (à la limite « vertueuse ») malgré son passé dissolu. Greta Garbo rend ce portrait totalement vivant. Face à elle, en fait, tous les autres sont des lâches (Armand, son père) et des profiteurs (le baron, ses fausses amies).

 

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