Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
15 juin 2010

LE SYMBOLISME EN BELGIQUE

IMG 

Petit aperçu historique

(je n’aurais pu rédiger ma petite chronique sans mes livres sur l’art, notamment « Symbolist Art » aux éditions Thames & Hudson – ainsi que d’autres livres sur le symbolisme figurant dans ma bibliothèque.)

Le mot « symbolisme » vient à la fois du latin « symbolus » mais également du grec « symbolon » (c'est-à-dire « objet coupé en deux, constituant unsigne de reconnaissance quand les porteurs pouvaient assembler les deux parties ». Dans la Grèce antique, un « symbolon » était un morceau de poterie, brisé en 2 parties, on les donnait à deux ambassadeurs de cités amies afin de se reconnaître.

Ça c’est pour l’origine du mot.

Quant au « Symbolisme dans l’art belge », ses origines ne remontent pas aussi loin que l’antiquité, mais bien au mouvement romantique (fin du 19ème siècle).  Le mouvement artistique (littérature et peinture) est né en France (et peu après en Belgique) en 1870 ; il est une réaction au naturalisme, où l’objet peint était exactement celui que l’on avait sous les yeux.

Pour le symboliste, le monde ne peut être limité à l’apparence concrète et rationnelle, l’idée doit être habillée d’une « forme sensible ». Il y a derrière tout, un mystère à découvrir, des concordances dans les sons, les couleurs, les visions du Poète et du Peintre (oui, avec un P majuscule).

Pour le symboliste, Peintre et Poète  sont des sortes de mages, de devins, ils doivent pousser leurs lecteurs à interpréter images et textes.

Le Symbolisme poursuit les aspects ésotériques du mouvement « romantique » ; les objets ne seront pas nécessairement représentés comme ils sont, mais doivent apporter une impression permettant d’évoquer - pour celui qui regarde un monde idéal – et privilégier les états d’âme.  Comme l’écrira Arthur Rimbaud,  dans une lettre adressée à Paul Demeny, « il s’agit d’orienter la poésie vers la recherche d’un langage qui soit l’âme pour l’âme, résumant tout : parfums, sons, couleurs ».

En littérature, on considère que le Symbolisme trouve ses origines dans « Les Fleurs du Mal » de Charles Baudelaire.

L’esthétique du mouvement fut développée par Stéphane Mallarmé et Paul Verlaine. La différence entre « art symboliste » et « art romantique », est que ce dernier est statique,  alors que dans le mouvement symboliste tout était impulsif.

71EV4X51HKL__BO2_204_203_200_PIsitb_sticker_arrow_click_TopRight_35__76_AA300_SH20_OU01_Le mouvement symboliste en peinture n’aura peut-être pas une existence aussi longue que les impressionnistes (p.ex.) pourtant son influence, paradoxalement, dépassera tous les autres mouvements en durée et géographiquement. (« Symbolic Art »)

Bruxelles fut l’une des capitales de ce mouvement. – L’Exposition

D’emblée le visiteur est accueilli par un extrait de « Magie » de Stéphane Mallarmé.

« Etre artiste moderne, c’est sentir la spiritualité moderne dans des formes contemporaines » (1884-1885), écrira J. Péladan à propos de Félicien Rops.

Quant à Emile Verhaeren, il écrira ces notes en 1887 sur Fernand Khnopff = « on part de la chose vue, ouie, sentie, touchée, goûtée, pour en faire naître l’évocation et la saveur par l’idée ; le symbole s’épure donc à travers une évocation, une idée ; il en est sublimé de perceptions et de sensations ; il n’est point démonstratif mais suggestif. Il est la plus haute expression d’art et la plus spiritualiste qui soit. »

Des Fagnes à Laethem St-Martin, ce mouvement culturel est celui d’une crise, de tourments, un désir de retraite, de rupture sociale, une marginalisation.

Les figures marginales comme Satan, le christ outragé, les fous, pierrot, clown, vagabonds, les anges, et les femmes fatales, sont les sujets préférentiels, avec la mort, la douleur, la vieillesse, le passé – mais quel passé ? On y évoque des clairs de lune, des tourments, des tentations de St-Antoine dont Hieronimus Bosch est un grand précurseur, le hibou, les miroirs, les éléments naturels sortis de leur contexte afin de leur conférer une magie particulière, les fins de journées mystérieuses, des forêts sombres et inquiétantes.

Bruges est particulièrement aimée des symbolistes – Fernand Khnopff est l’illustrateur de « Bruges-la-Morte » de Georges Rodenbach.

L’exposition est conçue comme un récit visuel, centré sur la force des œuvres exposées, avec très peu de fragments littéraires.

Ce voyage dans l’imaginaire et l’imagination, à travers ces sujets étranges et souvent très sombres ont ramené à la surface de ma mémoire des ombres d’une infinie solitude et d’une profonde tristesse que j’y avais enfouies - peut-être est ce la raison pour laquelle j'ai une petite préférence pour les "Pre-raphaélites", qui parlent plus  aux émotions de mon  imaginaire et moins à mes émotions personnelles.

Parmi les peintres exposés on retrouve des noms comme = William Degouve de Nuncques (et ses forêts étranges), Fernand Khnopff et ses femmes-sphinx, Henry de Groux, Leon Dardenne, Leon Frederic, les « Satiniques » de ce provocateur qu’était Félicien Rops et sa Tentation de St-Antoine, Eugène Laermans, Gustave-Max Stevens, Leon Spillaert et ses autoportraits fantasmagoriques, Odilon Redon, Gustave van de Woestijne, Xavier Mellery, Constant Mondald et son Allégorie de la littérature, la liste n’est pas exhaustive. Il ne faut cependant pas omettre Jean Delville dont l’ « Orphée mort » a servi à l’affiche de l’exposition.

51JhWDsqXtL khnopff_002

42

Constant_Montald__1862_1944__the_nest__mus_C3_A9es_royaux_des_beaux_arts__bruxelles 12003

6cg1ku7w degouve3

untitled fragrance

Chez les sculpteurs, on retrouve Victor Rousseau, Joseph Lambeaux, Constantin Meunier, George Minne, Julien Dillens, Charles van der Stappen, et une très belle Méduse en ivoire et bronze d’Arthur Craco.

Maurice Maeterlinck, qui est indissociable du mouvement symboliste, a écrit quelques jolies lignes, comme ces "Serres Chaudes", que je me ferai un plaisir de partager également.

Mais j’ai envie de laisser le mot de la fin de ma petite chronique à Georges Rodenbach, et ces lignes écrites dans « le Règne du Silence » (1891)

La ville est morte, morte irréparablement,

D’une lente anémie et d’un secret tourment,

Est morte jour à jour

De l’ennui d’être seule ?

khnopff_bruges_la_morte

george_minne_grieving_thumb picture

artwork_images_139040_210720_constantin_meunier

Publicité
Publicité
Commentaires
N
bonjour et bienvenue, merci pour ce gentil commentaire
Répondre
T
Solitude et tristesse, je les ai ressenties aussi en visitant cette exposition. <br /> "Mon bonheur est dans la ville" est un joli titre de blog.
Répondre
N
tu sais, je n'en sais pas tellement plus - j'ai plein de bouquins sur l'art, dont je lis des extraits de temps à autre, mais mon plus gros problème est de tout retenir LOL
Répondre
D
Merci pour ce cours de peinture tant il est vrai que je suis assez ignare concernant ce mouvement et la peinture en général !
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 226
Archives
Derniers commentaires
Publicité