OSCAR WILDE & THE RING OF DEATH, de Gyles Brandreth
ATTENTION = ce livre a aussi été édité sous le titre USA « OSCAR WILDE & A GAME CALLED MURDER »
Titre français = Oscar Wilde et le jeu de la mort
En mais 1892, Oscar Wilde a fondé le « Socrates Club » avec ses amis Conan Doyle, Robert Sherard, Bram Stocker ; chaque membre a le droit d’amener un invité au cours des réunions où la table est toujours bien garnie et où Wilde initie à chaque fois un petit jeu original.
Ici hélas il va jouer involontairement avec le feu = son jeu du jour est « inscrire sur un bout de papier le nom de la personne que vous souhaiteriez voir mort ». Lorsque chacun s’est plié – certains à contre-cœur - au jeu, les noms sont dévoilés, et tout en bas de la liste figurent les noms d’Oscar Wilde et de son épouse Constance. Le jeu, du coup, n’amuse plus personne, car Constance Wilde est une femme aimée et admirée de tous, y compris de son époux qui la délaisse un peu trop.
Avec Oscar Wilde, elle a fondé un groupe pour la modification du code vestimentaire victorien – trop de femmes sont mortes ou violemment blessées par accident, en raison des tissus et vêtements trop compliqués imposés par les codes victoriens, ne permettant pas de mouvements naturels, prenant aisément feu en frôlant les éclairages aux chandelles. Sûrement, cela ne peut être une raison suffisante pour assassiner cette femme charmante ?
Oscar Wilde conseille de prendre tout cela à la légère, après tout ce n’était qu’un jeu, même si finalement il s’avère de mauvais goût. Quelqu’un cependant ne prend pas le jeu à la légère et petit à petit les personnes dont les noms étaient inscrits sur la liste meurent dans l’ordre de la liste, même l’abominable perroquet de l’hôtel Cadogan qui y figurait.
Pour Wilde et ses amis, le jeu cesse d’être drôle – après la 4ème victime, ce sera le tour de Constance Wilde. Ça Oscar ne le permettra jamais et avec Robert Sherard, tout à sa dévotion, ainsi que Wat Sickert, il court à travers Londres – même jusqu’à Eastbourne – pour rassembler des éléments qui lui permettront de découvrir le ou les coupables et surtout tout mettre en œuvre pour que la vie de son épouse ne soit plus en danger.
Alors que j’avais été enthousiasmée par « Oscar Wilde & the Candlelight murders » (« Oscar Wilde & le meurtre aux chandelles »), je n’ai pas retrouvé autant de plaisir à la lecture de cette 2ème aventure de Wilde et ses amis, Conan Doyle, Robert Sherard, Bram Stocker et Walter (Wat) Sickert. Sans oublier le jeune Alfred Douglas (Bosey) et son père.
L’intrigue est fort bien ficelée, là rien à redire – mais j’ai eu un peu l’impression que Gyles Brandreth s’étendait longuement sur des détails. A l’évidence, il rend Wilde réaliste, celui-ci tant dans cette aventure que dans la vie réelle s’écoute parler, se met sans arrêt en évidence, tient à prouver qu’il est aussi astucieux (sinon plus) que la police, et finalement on se dit que Brandreth ferait mieux d’écrire une biographie d’Oscar Wilde – l’auteur est parvenu à ce que je sois agacée par le personnage principal, ce qui est un comble quand on sait à quel point j’aime Wilde.
Pour le décrire, pour décrire sa vie, Gyles Brandreth se « cache » derrière l’auteur Robert Sherard, grand ami et biographe d’Oscar Wilde, mais il en fait trop – du moins à mes yeux.
Par contre j’ai assez apprécié la présence de Walter Sickert au nombre de la bande de copains de Wilde, un peintre qui fut – en son temps – accusé d’être Jack l’Eventreur, ce que la romancière Patricia Cornwell s’est carrément attribuée comme découverte dans son essai sur le cas de l’Eventreur (oubliant un peu vite que Stephen Knight y avait pensé avant elle - comme cet auteur est décédé jeune, Cornwell n'a pas eu à se justifier).
Ici au contraire, Walter Sickert apparaît comme une figure sympathique et originale, bien en osmose avec le type de personnage qu’aimait fréquenter le grand poète-écrivain-dramaturge et esthète qu’était Oscar Wilde.
Autour de lui, de Sherard, de Conan Doyle et Sickert, tournent une série de personnages satellites, hauts en couleur, certains aussi extravagants que Wilde,, d’autres nettement moins sympathiques comme l’auteur Bram Stocker, qui fut d’ailleurs un ami de collège de Wilde et également le 9ème marquis de Queensberry, lord Douglas, père de « Bosey » Douglas qui traînera Oscar Wilde devant les tribunaux pour sodomie, 3 ans après les événements situés dans cette enquête qui mélange comme précédemment des personnages de fiction et réels.
Il y a notamment, parmi les personnages ayant réellement existé, l'acteur Charles Brookfield, qui n'appréciait que très peu Oscar Wilde, d'autant plus que ce dernier ne lui épargnait pas son ironie. Brookfield aida le père d'Alfred Douglas à réunir des preuves contre Oscar Wilde, qui menèrent celui-ci à deux ans d'emprisonnement particulièrement pénible qui ruina la vie du poète-dramaturge. Le soir du verdict, Brookfield et le marquis de Queensberry organisèrent une grande soirée pour fêter l' "événement".
Max Beerbohm, caricaturiste, écrivain et dandy célèbre, qui fut membre du groupe « Daycadongs » animé par Oscar Wilde parmi lesquels se retrouvaient d’autres écrivains et artistes, disait de Wilde :
« Quelle vie pleine de sensations mène Oscar, tant d’incidents extraordinaires s’y produisent – quel bonheur pour les futurs écrivains de biographies et mémoires ».
De toute évidence, l’histoire lui a donné raison puisque Gyles Brandreth en fait désormais l’un des personnages centraux de sa série où l’écrivain et dramaturge s’amuse à s’identifier à Sherlock Holmes et à jouer au détective-amateur entraînant à sa suite son ami Sherard et Conan Doyle.
Il ne faudrait surtout pas croire que je démolis le livre en flèche, au contraire – je l’ai seulement trouvé trop long.
Comme mentionné en intro, la version anglaise de ce roman a été publiée sous deux titres différents, l’un au Royaume-Uni, l’autre aux U.S.A. – pour les amateurs, il convient de se montrer vigilent, car des sites comme amazon proposent les livres sous leurs deux versions, ce qui est pour le moins peu honnête puisqu’ils ne spécifient nulle part qu’il s’agit d’une seule et même histoire portant deux titres différents
Le pigeon de client pourrait croire qu’il s’agit d’aventures différentes. Le même phénomène s’est d’ailleurs produit également avec le premier livre de la série.
Jusqu’à présent, seulement TROIS polars avec Oscar Wilde jouant au détective sont parus.
Je rappelle que le site « Stop, you’re killing me » est une excellente référence pour les titres de polars, soit par auteur, soit par personnage principal récurrent.
Pour ce qui est du titre « The Ring of Death », il fait référence au cercle de boxe où n’existaient aucune règle avant qu’en 1865 un certain John Chambers émit une série de règles destinées à cesser que la mort ne soit sans cesse au rendez-vous des combats de boxe entre hommes – aussi meurtriers que les combats entre chiens ou coqs.
Le but du jeu (avant les règles) était un combat « au finish », où il n’y avait qu’un rescapé. Deux ans après les règles de la boxe paraîtront sous le titre des « Règles du marquis de Queensberry », qui les diffusa grâce à sa notoriété. Seize règles, bien précises, qui sont toujours d’application dans le monde de la boxe et qui sauvèrent quelques vies.