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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

LETTER OF AN UNKNOWN WOMAN, de Max Ophuls

10mUn homme que l’on sent cynique et blasé rentre chez lui au petit matin. Dans trois heures il va devoir affronter un mari jaloux en duel, duel auquel il n’a nullement l’intention de se rendre. Son serviteur lui apporte une lettre commençant par ces mots « Lorsque vous lirez cette lettre, je serai probablement morte » et là, pendant la lecture, le spectateur comme cet homme découvrent un secret, un amour, une passion à laquelle le temps n’a rien pu faire.

De flash back en flash back, l’histoire de Lisa Berndl s’étale pendant une dizaine d’années du premier moment où elle posa les yeux sur Stefan Brand, ce jeune pianiste prodige, aussi amateur de jolies femmes que de musique. Lui sera un instant ému mais surtout flatté par l’attention de cette jeune femme dont la passion sera la mort.

L’un des multiples plaisirs de vacances @ home est le retour des festivals d’été au cinéma qui apportent au cinéphile un peu frustré la découverte ou la possibilité de revoir quelques films réalisés par des metteurs en scène ayant marqué l’histoire du cinéma hollywoodien ou autre. Max Ophüls (père de Marcel Ophuls à qui l’on doit « Le Chagrin et la Pitié ») est l’un de ceux-là.

On lui doit, parmi les titres les plus célèbres : La Ronde, Madame de…, Lola Montès et cette très belle adaptation de la nouvelle de Stefan Zweig. Il respecte l’ambiance du récit de Zweig qui reste une critique assez cynique de l’amour romantique et impossible, de la société viennoise du début du siècle et des inégalités entre les sexes autant que sociales.

La voix off de Lisa, pendant que Stefan lit la lettre qui lui apprend la naissance d’un enfant après une seule nuit d’amour, apporte une note fort poignante à l’histoire. Dehors un homme attend réparation et ce pianiste qui n’attend plus rien de la vie marchera finalement vers ce destin avec dignité.

joanLes personnages sont servis par deux très bons comédiens : Joan Fontaine (encore auréolée du succès de « Rebecca » et de « Jane Eyre » où là aussi elle joue de ses grands yeux tristes).

Elle apporte son visage lisse et émouvant à cette Lisa naïve et obstinée, aussi crédible en jeune fille de 16 ans qu’en jeune femme aux approches de la trentaine grâce à des costumes et des coiffures bien étudiées.


Joan Fontaine est l’une des dernières icones hollywoodiennes du cinéma des années 40-50 encore en vie. Sa beauté blonde et éthérée est parfaite dans ce rôle émouvant de jeune femme aimant un égoïste qui jouera de sa naïveté sans se retourner jusqu’au jour où il recevra cette lettre.

C’est le français Louis Jourdan qui interprète Stefan Brand ; Jourdan est un acteur que je n’ai pas beaucoup apprécié dans sa carrière mais il excellait dans les rôles de type assez imbu de ses charmes. Il était avec Charles Boyer l’un des « frenchies » de service à Hollywood.
Cependant dans le rôle de ce pianiste virtuose, égocentrique, blasé, grand amateur de femmes, découvrant soudain l’amour-passion dont il fut l’objet, un amour qui le conduira à sa perte tout comme il causera la perte de Lisa, il est tout à fait à sa place.

Le noir et blanc ajoute à l’ambiance romantique, Ophuls promène sa caméra et offre une mise en scène qui alterne entre légèreté et drame. Au fur et à mesure qu’elle poursuit son récit, le voile d’illusions dans laquelle elle vivait tombe peu à peu des yeux de la jeune femme, le temps passe lentement, la caméra sautant ce temps avec habileté, grâce notamment à un maquillage subtil qui nous fait comprendre que les personnages – s’ils n’ont pas muri en caractère – ont tout de même pris quelques années.

Pour les critiques, ce mélodrame est l’une des meilleures œuvres d’Ophuls à cause justement de la banalité de cette histoire qui émeut le spectateur.

18393367Pour ceux qui ne l’ont pas vu, c’est réellement à voir. Moi en tout cas cela m’a donné envie de découvrir la nouvelle de Stefan Zweig.

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