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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

THE FUGITIVE KIND, de Sidney Lumet

18607130TITRE FRANCAIS : L'HOMME A LA PEAU DE SERPENT

Scénario de Tennessee Williams, d'après sa pièce "ORPHEUS DESCENDING".

agesValentin Xavier, musicien errant, surnommé « Snakeskin » en raison de cette veste en peau de serpent qu’il porte, a décidé de changer de vie, il voudrait enfin cesser de se retrouver dans des bagarres de bars sordides dans lesquels il se produit comme musicien, où il ne fréquente que des gens ayant la boisson mauvaise.

Sous une pluie diluvienne, il arrive dans une de ces moches petites villes du sud des Etats-Unis, au bord du Mississippi. Il y est accueilli par Vee, la douce et gentille femme du shériff ; un peu simplette, mais foncièrement bonne, Vee croit en la rédemption et décide d’aider Val à se trouver un emploi. Elle va le recommander aux Torrance, les propriétaires du magasin local.

A présent que Jabe Torrance est gravement malade, son épouse Lady aura besoin d’aide au magasin.

Lorsqu’il rentre de l’hôpital, on comprend bien vite que Jabe Torrance est un homme qui traite son épouse comme une servante ; pour l’appeler il tape le sol de sa canne et ne manque jamais une occasion de l’humilier.

Son meilleur ami est le shériff, un homme qui va se faire un malin plaisir de jouer le serpent de l’eden et de titiller la jalousie de son copain à l’égard du nouveau commis.

Car Val, bien sûr, compte tenu beau gosse comme il l’est, attire toute la gent féminine dans le magasin. Notamment  Carol Cutrere, jeune femme de très bonne famille mais qui préfère l’alcool et les sensations fortes de la Nouvelle-Orléans plutôt que de tenir son rang de jeune fille bien élevée. Elle poursuit Val de ses assiduités et ne se laisse guère intimider par ses fins de non recevoir.

Quant à Lady, femme moins jeune mais pas moins frustrée que le reste des éléments féminins de la population, elle est remplie de haine pour cette ville qui laissa mourir son père dans l’incendie de sa guinguette.

Avec Val, elle va reprendre goût à la vie et  cela causera leur perte.

La fin de l’histoire sera aussi choquante que brutale, mais pas dans le sens pudibon du terme, dans le sens de véritable « choc brutal », car la fin – comme souvent chez Tennessee Williams – est extrêmement brutale, dure et terriblement pessimiste.

Le titre de la pièce dont est tiré le scénario est « Orpheus Descending », et c’est exactement de cela qu’il s’agit : la longue et irrémédiable descente aux enfers d’un Orphée moderne, désenchanté, dont l’Eurydice vieillissante ne pourra être sauvée.

Assez étrangement je ne m’attendais pas à ce que l’excellent réalisateur de “12 Angry Men » s’attaque à Tennessee Williams, qui a plutôt attiré des gens comme Joe Mankiewicz, John Huston, Elia Kazan ou Richard Brooks, pour ne citer que ces metteurs en scène dont j’ai vu les films tirés d’une pièce de Williams, et dont le scénario était souvent écrit par lui-même.

Lumet réalise ici un film très noir, une histoire  où – mis  à part  trois des principaux protagonistes qui  en seront d’ailleurs les victimes privilégiées -  tout le monde est foncièrement méchant, mais alors d’une méchanceté écoeurante à faire peur. D’ailleurs, cette histoire m’a tenue éveillée une bonne partie de la nuit car la méchanceté a cet effet sur moi.

Mais quelle interprétation … j’en suis encore totalement « bluffée ».

VM__SY140_SX100_Anna Magnani, tout le monde le sait, vu l’une des plus grandes comédiennes du 20ème siècle ; ici elle est d’une perfection sans pareille, une tragédienne au sommet de son art, même si comme dans la plupart de ses rôles elle en fait des tonnes.

Face à elle, il y a un Marlon Brando tout en tendresse, émouvant en vagabond sans illusions, désabusé, qui ne sait comment se sortir du nid de vipères où il a abouti.

On est loin ici du vulgaire et brutal Stanley Kowalski du « Streetcar named Desire », une autre histoire qui me laissa quelques fameux cauchemars.

Entre son rôle dans « Streetcar… » et « The Fugitive Kind », 8 années ont passé, mais le talent de Brando n’a fait que se bonifier au fil de ces années dans des films aussi fameux que « The Wild Ones », « On the Waterfront », « The Young Lions » ou « Julius Caesar ».

On a écrit que se trouvant trop vieux pour le rôle de Val Xavier, Brando fut mal à l'aise au cours du tournage; c'est possible mais ce malaise s'incruste parfaitement dans le rôle qu'il a à interpréter.

Lorsque Tennessee Williams écrivit le scénario de la pièce – qui fut toujours boudée par le public – il souhaitait que les rôles fussent tenus par Brando et Magnani ; à l’époque les comédiens n’étaient pas libres. Lorsqu’ils le furent, cela donnera ce film bouleversant même si l’ambiance sur le plateau ne fut pas idyllique entre les deux monstres sacrés.

Il ne faudrait cependant pas oublier les prestations des autres acteurs.

A commencer par Joanne Woodward dans le rôle de Carol, la jeune alcoolique, éprise de liberté, refusant les carcans et l’hypocrisie du monde dans lequel elle a été élevée.

Le mari malade et odieux est interprété par Victor Jory et son copain le shériff pourri est interprété par R.G. Armstrong. Ces deux acteurs ont ce que l’on qualifie généralement de « gueule », à savoir un profil « intéressant », qui les fit souvent jouer les méchants. Je le comprends aisément, ici leur travail est excellent.

Le film est tourné en noir et blanc, jouant avec les ombres et les lumières ; le noir et blanc est un mode de filmer que j’aime particulièrement, il permet des clairs-obscurs qui ajoutent de l’intensité au sujet qui ici est plutôt lourd, disons-le.

Je dis toujours détester les films d’horreur, car je n’aime guère la laideur ; chez Tennessee Williams la laideur était quotidienne, ses personnages étaient tous veules, malheureux, ou foncièrement méchants et c’est bien cela la pire des horreurs : la méchanceté, la haine, l’envie et son corrolaire, la jalousie.

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(Voir : le topic « Actualités autour d’un film ».)

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