LA TENTATION DU REEL, de Joachim Thôme & Jérôme Laffont

L’AGNEAU MYSTIQUE DES FRERES VAN EYCK

Ecrit et réalisé par Joachim Thôme & Jérôme Laffont

Interventions de = Till-Holger Borchert, Manuel Parada Lopez de Corselas, Hélène Dubois, Jan Demolyn, Bart Francen, Valentine Hendericks, Susan Frances Jones, Stefan Kemperdick, Maximiliaan Martens, Catalina Vincens - avec la participation de David Hockney

Moment musical par Vox Luminis, sous la direction de Lionel Meunier

Avec également les restauratrices de l’institut royal du patrimoine artistique (IRPA)

Sa restauration a demandé huit années de travail au total, de 2011 à 2019 – il est considéré comme l’un des plus grands chefs d’œuvre de l’histoire de la peinture = il s’agit du retable  « l’Adoration de l’Agneau Mystique » qui, grâce à cette restauration, a retrouvé La splendeur de sa création, que les années, les poussières, les diverses mésaventures – notamment emporté par les nazis – avaient fortement jauni.
Rappelons qu’en langue flamande le retable s’intitule « Het Lamsgod »  c’est –à-dire « l’Agneau de Dieu ». Pièce centrale de l'oeuvre, conférant une forme presque humaine à l'agneau. 

J’ai été sous le charme de ce documentaire, qui offre un aperçu sur des détails infiniment petits, mais aussi sur le travail effectué par les restaurateurs/trices. Comment, les frères Van Eyck peignirent avec un matériel parfois minuscule des détails qui l’étaient.
Pour peindre les détails des cils, des herbes, il fallait des pinceaux à très peu de poils, très fins, très délicats. 

Je n'ai pu m'empêcher de songer à la célèbre "Touffe d'herbes" peinte par Albrecht Dürer, en voyant ces détails de la nature.

Un documentaire avec les interventions et commentaires de grands historiens d’art, mais aussi d’artistes comme David Hockney, ainsi que les explications d’une musicologue car comme le dit l’un des commentateurs avec justesse = ce retable n’est pas qu’un pur bonheur pour les yeux, il est une histoire universelle comprenant non seulement la peinture, la musique, la nature et la société. 
Tout le retable est un immense hommage à tout cela.
David Hockney explique l’une des techniques qu’il est convaincu que van Eyck aurait utilisée, à savoir un miroir convexe, tel ceux utilisés dans les salles de bain, donnant une forme particulière à ce que l’artiste apercevait à l’extérieur.

 

Pour le documentaire, les réalisateurs ont utilisé une technique nouvelle qui consiste à projeter sur un fond, totalement noir;  cela permet une grande image qui donne l’impression que l’on se promène devant l’œuvre d’art, mesurant – hors cadre – 3.75 x 2.60 m en position fermée. Ouvert le polyptique fait 3.75 x 5.20 m. Il est composé de 10 panneaux de bois de chêne. Mais ce ne sont pas ces caractéristiques techniques qui ont retenu l’attention des réalisateurs du documentaire.

Le retable a fait l’objet d’un vol en novembre 1934 – les 2 panneaux inférieurs furent volés, celui de droite restitué rapidement, mais celui de gauche figurant les « Juges Intègres » fut jamais retrouvé, mais a été remplacé en 1945 par un artiste belge.  Chacun y va régulièrement de sa théorie, disant que le panneau réapparaîtra bientôt, mais jusqu’à présent cela reste sans suite. 
Ce qui est certain est que l’artiste ayant procédé au remplacement a fait un travail magnifique aux dires de tous. 

Je n’ai jamais été quelqu’une attirée par ce type de peinture, probablement parce que je ne réalisais pas suffisamment tout le travail exigé – il est évident, confirmé d’ailleurs par les historiens d’art, que les frères Van Eyck avaient tout un atelier pour les soutenir dans cette tâche monumentale, pas nécessairement par ses dimensions mais par le travail exigé. Jamais telle œuvre n’eût pu être achevée dans les délais si tout l’atelier des artistes n’y avait pas travaillé.

Le retable est bien sûr un objet religieux, une ode à dieu, mais aussi une ode à la beauté de la nature - dans un très beau mélange de thèmes religieux et profanes.

L’œuvre n’était ouverte, en principe, que lors des grandes fêtes chrétiennes, et lorsque le retable est fermé par les deux panneaux de côté, on découvre deux très belles « grisailles », entourées par le donateur Joost Vijdt et son épouse Lysbette Borluut. Pour la technique de la grisaille, voir ici.

Le retable terminé en 1432 par Hubert Van Eyck, le frère aîné des frères Van Eyck. Sur le cadre d’origine entourant le retable figure cette dédicace/signature (en latin), je vous la donne en français = Hubert van Eyck, meilleur que quiconque, a débuté la peinture du  retable mais que Jan van Eyck, deuxième meilleur dans l’art, l’a achevé en 1432.

L’un des commentateurs dit, avec un petit sourire ironique, qu’il ne faut pas prendre à la lettre l’expression « deuxième meilleur », car Jan van Eyck avait, de son art, une très bonne notion.

Je vous encourage à regarder ce documentaire, j’espère que cela vous donnera aussi envie de découvrir le retable d’une autre manière. 

Comments

[Tania]

Je ne l'ai pas encore regardé, ce documentaire, ton beau billet me donne fort envie d'aller le visionner.

[maggie 76]

Impressionnant par tous ces détails. Je ne savais aps qu'une partie avait été perdu, c'est vrai que je ne connais pas très bien ce peintre... Le lien ne fonctionne qu'en Belgique malheureusement :-(

[Sandrine]

Je crois que le documentaire que je viens de regarder n'est pas celui dont tu parles, mais il est intéressant quand même https://www.youtube.com/watch?v=jYTabLkTqlw

[Sandrine]

Je l'ai vu à Gand l'an passé et même si j'ai été déçue par la présentation dans l'église, le retable est lui-même superbe. Il est six heures du matin, je viens de trouver ce documentaire en ligne et du coup, je le regarde ! Merci pour ce conseil.