ERIC CLAPTON, LIFE IN 12 BARS, de Lili Fini Zanuck
Titre français = Eric Clapton, une vie en 12 mesures
De son enfance meurtrie par une mère qui l’abandonna à ses propres parents, s’estimant trop jeune (16 ans) pour s’occuper d’un enfant, jusqu’à sa « nouvelle » vie enfin heureuse avec sa jeune femme et leurs trois filles, le documentaire de Ms. Zanuck, nous montre un Eric Clapton tour à tour tourmenté, drogué, alcoolique et finalement serein. En attendant cette sérénité chèrement atteinte, que de drames personnels, de difficultés liées à ses addictions ! Ces mêmes addictions qui le rendirent violent avec sa femme Pattie Boyd, « enlevée » à George Harrison.
De ses dires, Eric Clapton avait en lui ce que les anglo-saxons nomment « deathwish », que l’on traduit généralement par « pulsion de mort » - mal dans sa peau, mal dans sa vie, l’alcool servait à annihiler ces douleurs morales, tout en sachant que cela le conduirait inexorablement vers la fin ; oui il voulait mourir, il ne sentait pas aimé, même si le public l’idolâtrait – en fait comme tous les alcooliques, il était devenu paranoiaque et pleurait sur lui-même.
Ce sera la naissance et la mort, ensuite, de son petit garçon Conor qui lui firent cesser de boire définitivement – la naissance d’abord, tenant ce tout petit dans ses bras, il voulait être digne de lui et ne pas lui apporter l’instabilité dans laquelle il se complaisait ; après la mort accidentelle de l’enfant, il transportera cette mort dans une magnifique chanson « Tears in heaven » et voulut continuer à se montrer digne de cet enfant tant aimé.
Il a ensuite renoué avec sa fille aînée, Ruth, élevée par sa mère avec qui le musicien eut une brève aventure, puis a eu le bonheur de se remarier et a eu trois autres filles.
Eric Clapton et son amour de la musique – un amour pour le blues, découvert grâce à B.B. King et quelques autres – il sera l’un des membres du groupe Cream, après le passage chez les Yardbirds – ces derniers étaient trop « rock & pop », pas assez blues. Cream ne dura pas très longtemps, l’ego des trois musiciens l’emportant, leur succès était immense mais chacun souhaitait s’octroyer ce succès.
Eric Clapton est quelqu’un de très introverti, qui ne comprenait pas toujours l’engouement des foules pour lui – ce qu’il voulait c’était transmettre son amour du blues, car ce sera toujours le blues qui le mènera là où il est à présent. Il a eu la joie de pouvoir enregistrer avec les plus grands bluesmen, mais aussi avec tout ce que la musique rock et blues a de meilleur – George Harrison, Steve Winwood, Bob Dylan, Aretha Franklin, B.B. King et tant d’autres, certains disparus, d’autres toujours présents au firmament de la musique, tel Carlos Santana, entre autres.
J’ai un grand regret à propos de ce film, c’est que Clapton ne parle pas de son amitié et de son travail avec J.J. Cale.
Ce dernier est totalement absent de ce documentaire où Eric Clapton en voix off se livre avec pudeur mais dévoilant ses pires démons, pour finalement l’amener enfin à cette paix qu’il espérait tant (j'ajoute la photo ci-dessous en hommage à J.J. Cale que j'apprécie énormément.
Il a ouvert un centre de réhabilitation pour alcooliques à Antigua – vendant pour ce centre une partie de sa grande collection de guitares, Fender et autres.
Ce qui n’est pas dit dans le documentaire, c’est qu’Eric Clapton est atteint d’une lésion du système nerveux diagnostiquée en 2015, et qui handicapera le jeu de ce maître, génie de la guitare.
Je n’ai pu m’empêcher de faire un certain rapprochement entre la vie d’Eric Clapton et Elton John = tous les deux avaient un avide besoin d’amour, rejeté l’un par sa mère, l’autre par son père, tous les deux rêvaient d’une famille et il leur faudra la maturité, l’envie de se sortir de l’enfer de la drogue et l’alcool pour arriver à fonder cette famille. Tous les deux ont eu une formidable grands-mères qui les soutinrent Deux beaux exemples de résilience.
Bien que j’aie vraiment apprécié le docu, je reconnais qu’il est assez prévisible, beaucoup de voix off, d’images d’archives.
(J’ai eu le plaisir de visionner ce documentaire en avant-première dans un cinéma bruxellois, un double plaisir puisque accompagnée de mon musicien de fils aîné ; il aurait dû sortir bien plus tôt d’ailleurs car il existe déjà en dvd. Je ne peux que recommander d’aller le voir lorsqu’il sortira sur les écrans, mais il faut être fan – comme moi d’Eric Clapton et de la musique blues, sinon on risque de s’ennuyer, le docu étant long. )