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mon bonheur est dans la ville
19 août 2017

LE CAIRE CONFIDENTIEL, de Tarik Saleh

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Tarik_Saleh_2014

Titre anglais = The Nile Hilton Incident

Scénario de Tarik Saleh 

Thriller plus qu’étouffant, « Le Caire Confidentiel » est une ville sans pyramides, sans lieux touristiques, sans attrait disons le carrément. Tout y est gris, sale, pollué et pas que dans les rues et les maisons – les êtres n’y sont pas très propres non plus.
Nourredine est flic dans le commissariat où son oncle est son supérieur, ils sont tous ripoux à des degrés différents et n’hésitent pas à encaisser des pots de vins des commerçants sous prétexte de les protéger.

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Le Caire en janvier 2011, quelque temps avant la révolution. Une chanteuse a été assassinée dans une chambre de l’hôtel Hilton au Caire. Le seul témoin est une jeune femme de ménage qui passait dans le couloir et qui fuit.
L’inspecteur Nourredine est chargé de l’enquête et commence à poser des questions qui rapidement dérangent.
Les supérieurs de l’inspecteur lui disent que l’affaire doit être considérée comme classée, la jeune femme s’est suicidée !!!
« en s’égorgeant elle-même ? » demande le flic – à force de rechercher la jeune Soudanaise, seul témoin de l’affaire, à force de « harceler » un riche promoteur immobilier, qui se considère comme intouchable, Nourredine forcément dérange.

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Une  amie de la chanteuse vient porter plainte concernant sa disparition, elle ignore la mort de son amie.  Mais Gina est-elle aussi innocente qu’elle veut paraître ? Il faut aussi à présent retrouver la jeune Soudanaise, qui a bien compris que sa vie ne tenait qu’à un fil.

« Le Caire Confidentiel » est un thriller très neo-noir, qui ne laisse vraiment pas indifférent, l’atmosphère du film est totalement suffocante.
On se doute de la manière dont cela va se terminer pour Nourredine, même si la fin est un retournement de situation inattendu.

Le tournage aurait dû être réalisé en Egypte, malheureusement les autorités égyptiennes refusèrent les autorisations et le film fut tourné à Casablanca. Ergo Le Caire sans les pyramides, mais je pense que de toute façon, on ne les aurait pas vues beaucoup car le but n’était pas d’offrir un film pour touristes, mais bien montrer la corruption à tous les niveaux, et surtout dans la police.

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On est pris à la gorge par les événements  qui se succèdent, non pas à un rythme effréné « à l’américaine », mais à un rythme plus lent, celui d’une enquête qui fait des vagues alors que les protagonistes se pensaient intouchables. Pourtant, peu à peu, la tension monte, devient palpable, même dans la scène d’amour avec Gina ;  le rythme s’accélère un peu, surtout lorsque tout le monde constate que Nourredine ne va vraiment pas lâcher le morceau.

Conseillé par une amie blogueuse, le film doit effectivement se voir en version originale, pour accentuer le dépaysement par les bruits de la rue, des nuits, des manifestations.

Je suppose que vous aurez aussi compris, dans le titre en français,  l’allusion aux polars noirs de James Ellroy, comme son « L.A. Confidendial ». 

Quel contraste aussi entre ces lieux glauques à travers lesquels évoluent les gens du commissariat, et les lieux qu’habite l’entrepreneur et sa famille, où tout est propre, contrairement aux personnages, où il n’y a pas pénurie d’eau (comme en ville) pour arroser le parcours de golf.

L’acteur Fares Fares porte le film sur ses épaules, il est ce flic désabusé, qui se retrouve seul dans une chambre aussi sombre et glauque que le commissariat où son oncle règne en petit chef corrompu.
Celui-ci est interprété par Yasser Ali Maher qui campe un général Kammal très crédible.
La jeune Salwa, la femme de chambre soudanaise, est jouée par Mari Malek et Gina, l’amie de la jeune femme assassinée est interprétée par Hania Amar.
L’homme d’affaires qui se croit à l’abri de tout soupçon est joué par  Ahmed Selim.

Je ne peux que, moi aussi,  vous recommander ce thriller, qui m’a un peu fait penser aux films policiers coréens où la aussi la corruption est à tous les niveaux et où règne une ambiance sombre et pesante.

Tarik Saleh est un réalisateur suédois, d’origine égyptienne. Il est également éditeur, journaliste et producteur de télévision. Il s’est fait connaître dans le monde artistique par ses graffitis sous le pseudonyme de Circle&Tarik. L’une de ses fresques datant de 1989 est l’une des plus anciennes fresques existant dans le monde et a même été reconnue comme héritage culturel et protégée par l’état suédois.
Le sujet du film, le scénario,  sont  librement inspirés par le meurtre d’une chanteuse libanaise, Suzanne Tamim, assassinée à Dubaï en 2008. Elle était adulée pour sa beauté et sa voix ; elle fut retrouvée morte, le corps transpercé de plusieurs coups de couteau. Les versions de l’histoire changèrent plusieurs fois, mais les soupçons se posèrent sur le milliardaire qui était son amant ; il était un magnat de l’immobilier, mais aussi un membre important du parti au pouvoir en Egypte, un proche du fils du président Moubarak. Il plaida évidemment non coupable, répétant à l’envi = dieu est mon meilleur défenseur. Après qu’une première condamnation sera reportée pour vice de procédure (toujours très utile les vices de procéure !), il sera condamné à 15 ans de prison ferme. Un autre accusé sera lui condamné à la prison à vie.

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Commentaires
M
Un très souvenir ! Un bon film et effectivement, l'atmosphère est étouffante
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T
Je le note, ton billet donne vraiment envie de le voir.
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M
Très chouette chronique ! Je suis ravie. Tu rends bien la force de ce film, l'atmosphère et la différence avec un polar américain. Et bien d'accord avec toi pour les acteurs et la tension palpable.
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A
Je l'ai raté ! tant pis, je le verrai à la télé :-)
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