PAULA MODERSOHN-BECKER
J’avais très envie que la « reprise » se fasse avec un joli billet – ayant lu la biographie écrite sur PAULA M. BECKER par Marie Darrieussecq, intitulé poétiquement « Etre ici est une splendeur », je me suis décidée non pas à parler du livre, mais à l’utiliser pour parler de Paula.
Dire « Paula » semble familier et sans doute un peu désinvolte, mais j’ai ressenti un tel élan affectif vers cette jeune femme morte en 1907, à l’âge de 31 ans, après la naissance de sa petite fille.
Sa personnalité fut une révélation et un coup de foudre pour moi, elle m’a conquise par son petit côté frondeur et son talent hors du commun.
Elle naquit à Dresde, en Allemagne en février 1876, Paule Modersohn-Becker a acquis une grande renommée dans son pays, alors qu’elle reste une parfaite inconnue de ce côté-ci du Rhin.
Heureusement une exposition lui a été consacrée l’été 2016 à Paris, au musée d’Art Moderne. (J’ai malheureusement raté cette expo, la personne qui m’en a parlé, me l’ayant signalée trop tard).
La biographie de Marie Darrieussecq met l’accent sur les années parisiennes de Paula, où elle arriva à en décembre 1899 (le 31 pour être précise).
Avant le parcours parisien, notre jeune artiste, après des études de peinture, se fixe dans la communauté artistique de Worpswede.
Tout commença toutefois par un passage par l’Angleterre, en séjour linguistique ; une tante vivait à Londres et se faisait forte de transformer la jeune Paula en femme d’intérieur accomplie, c’était mal connaître « notre oiseau ». Son oncle comprit vite que Paula avait un autre intérêt dans la vie que tenir un intérieur, aussi encouragea-t-il la jeune fille à fréquenter une école de beaux-arts privée où elle s’initia au dessin.
Le mal du pays eut raison des résolutions familiales, sans parler de l’autorité de la tantine, et la jeune fille retourna en Allemagne au bout de 6 mois.
Pour complaire à son père, elle suivit des cours de formation d’institutrice mais obtint l’autorisation de suivre des cours de peinture.
Elle réussit les cours d’institutrice et obtint son diplôme en 1895. Deux ans auparavant elle avait admiré les œuvres « des peintres de Worpswede » exposant à Brême.
A l’occasion de leurs noces d’argent, les parents Becker firent, durant l’été 1897, une excursion à Worpswede ; les lieux impressionnèrent Paula, par les couleurs de la nature et aussi par la « colonie d’artistes ».
Lorsqu’elle hérita de quelques marks, elle décida avec l’accord des parents, de s’installer quelque temps dans la petite ville. Mathilde Becker, sa mère, souhaitait qu’elle prit des cours auprès de Fritz Mackensen, pendant deux semaines, pour ensuite partir à Paris en tant que fille au pair.
Mais lorsque Paula Becker prit la route de Worpswede, elle eut l’intention d’y passer plus que 2 semaines. Les peintres de cette congrégation d’artistes souhaitaient redorer le blason de la nature, un peu à la manière de Barbizon.
C’est chez Fritz Mackensen que Paula fit la connaissance de Clara Westhoff, à qui une profonde amitié la liera.
Celle-ci, ayant l’intention de devenir sculptrice, suivait les cours de dessin et modelage.
C’est également à Worpswede que Paula fait la connaissance de Rainer Maria Wilke, une belle amitié les liera. Le poète tombera amoureux de Clara, les 4 amis passèrent énormément de temps ensemble.
Mais c’est à Paris que Paula se révélera à elle-même ; la ville devint son point d’ancrage artistique et elle avait bien l’intention d’y retourner après la naissance de la petite fille qu’elle eut avec Otto Modersohn, son mari, qui avait déjà une très petite fille d’un premier mariage. Il éleva les 2 fillettes qui furent toute leur vie très unies.
Paula M. Becker séjournera plusieurs fois à Paris (4), abandonnant à chaque fois famille et mari, souvent d’ailleurs elle fut tentée de ne pas revenir en Allemagne.
Alors qu’elle suit des cours à l’académie Julian, elle visite les expositions, les galeries, les musées. Elle admire Cézanne, Gauguin, les Nabis.
Au Louvre, elle est subjuguée par les portraits du Fayoum.
paula becker se moquait beaucoup, dans son journal, de cette nature morte
Grâce à Rilke, elle rencontrera Rodin. Ce n’est pas le seul qu’elle rencontrera = Maurice Denis, le douanier Rousseau, Edouard Vuillard font partie de ses belles découvertes artistiques.
On a surnommé Paule M. Becker « la Camille Claudel d’outre-Rhin » - cela me surprend un peu comme comparaison, qui chacun le sait n’est pas raison.
Elle fut l’une des rares femmes peintres de son temps à oser peindre des femmes nues, enceintes, ou avec bébé, et aussi des portraits de vieilles personnes.
Je préfère lui laisser la parole = comme elle l’écrira dans des lettres à sa sœur = elle a « faim d’art ».
Comme elle l’écrit dans son journal « je veux apprendre à exprimer la délicate vibration des choses, le frémissement du sol ».
L’œuvre de Paula Modersohn-Becker annonçait des avant-gardes artistiques qu’elle n’aura pas la chance de connaître.
En tout cas, moi j’ai découvert une artiste sinon par l’exposition, du moins par le livre de Marie Darrieussecq, et par la photothèque google où j’ai trouvé les illustrations jalonnant ma petite chronique.
Vous pourrez lire un joli billet consacré à cette artiste sur le blog habiller venus, que je vous recommande vivement.