ECRAN SOLAIRE = QUARTET, de Dustin Hoffman

 

Titre français en Europe = identique
Titre français au Québec = Le Quatuor

Scénario de Ronald Harwood, d’après sa pièce homonyme

(ne pas confondre avec le film « Quartet » de James Ivory)

Dans Beecham House, maison de retraite pour musiciens, l’activité va bon train  = les pensionnaires répètent pour le prochain concert annuel fêtant l’année Verdi. Parmi eux se trouvent Wilfred Bond, Reginald Paget et Cecily Robson, alias Wilf, Reg et Cissy, amis de  longue date puisqu’ayant été l’un des quatuors de chanteurs d’opéra très célèbre en son temps. La quatrième personne de ce quatuor est Jean Horton, ex-Mrs. Paget, ayant décidé de venir aussi terminer ses vieux jours à Beecham House.

 

Cedric Livingstone, ancien metteur en scène d’opéra et théâtral, espère qu’elle se laissera convaincre, avec les autres, de remettre le quatuor sur des rails car cela amènerait certainement des fonds qui sauveront Beecham House.

Mais Jean   a décidé, et ce depuis longtemps, de ne plus chanter.
Par ailleurs, Reg ne veut plus rien avoir à faire avec son ex-épouse, il  a souffert une fois, cela suffit pour toute une vie.D’ailleurs si cela avait tenu à lui, elle n’aurait jamais dû venir s’installer là où lui se trouve.
Wilf, de son côté, adore jouer de son côté « dirty old man » avec toutes les femmes jeunes du centre, tandis que Cissy au cœur tendre, aimerait tellement convaincre son ancienne amie de cesser d’être aussi têtue.

Pauvre Cissy, qui perd de plus en plus la tête, mais a un cœur d’or, elle a du mérite avec Jean devenue bien amère avec le temps. Au cours de l’une de ces tentatives, Jean devient violente avec Cissy ce qui aggrave son début de sénilité. Ce qui enrage Wilf, peu enclin à l’indulgence avec l’ancienne diva.
Jean se confond en excuses, s’adoucit et lorsqu’elle apprend qu’Anne Langley, l’une de ses rivales en opéra, chantera Tosca, elle se décide à dire oui – et pas seulement oui à chanter.

 

Ha !  les « feelgood movies » à l’anglaise – je ne m’en lasse pas. Pour ses débuts en tant que réalisateur (sa première tentative datait  de 1970, et comme le confirme Hoffman « on m’a viré ! ») Dustin Hoffman a réellement frappé juste.

 

Difficile de ne pas être séduit par ce sujet bourré de tendresse, pas seulement à l’égard des soixantenaires et plus, mais aussi à l’égard de la musique et d’une maison de retraite pas comme les autres.
On y aborde aussi les problèmes de perte de mémoire, de maladies, de tout ce que vieillir implique – mais aussi d’une certaine envie de vivre.

Les saynettes autour du « quatuor » sont charmantes, so british, dans un environnement magnifique – un parc superbe, une jolie chapelle où l’on répète des numéros musicaux.
Je ne suis pas d’accord avec ce critique cinématographique belge qui prétend que Dustin Hoffman n’est pas allé suffisamment en profondeur lorsqu’il s’agit d’aborder les problèmes inhérents à la vieillesse et la maladie.
Au contraire de manière tendre et subtile, ceux-ci sont bien présents. Tout comme apporter des subsides à une maison de retraite en difficulté.
(mais soit, on le sait = les cinéastes et critiques de cinéma belges n'aiment que le borderline au cinéma, tout doit être profondément réaliste et social - et s'amuser ? ça compte encore ?)

Y compris la manière dont parfois les responsables d’une maison de retraite s’adressent à leurs résidents, à savoir comme s’ils étaient des simples d’esprit.

Avec en prime un rappel qui fait chaud au cœur = il n’est jamais trop tard pour aimer.

Côté interprétation, c’est sublime évidemment = Maggie Smith, une fois de plus dans un rôle de vieille dame pas vraiment gentille mais qui finit par s’adoucir – on n’est pas très loin de son rôle dans « The Best Exotic Marigold Hotel ».
Cela lui sied tellement qu’on pardonne un peu aux metteurs en scène de ne lui réserver que ce type de rôle.
Son ex-époux est joué par le toujours élégant Tom Courtenay, il est sensible et touchant en homme ayant souffert et désireux de se protéger.
Il faut aussi l’entendre éructer une série d’insultes à l’égard de l’une des jeunes femmes travaillant dans la maison, tout en conservant son allure de gentleman !

C’est le savoureux Billy Connolly, au petit accent écossais totalement craquant, qui joue le « dirty old man » alias Wilf, qui nous délivre par ailleurs,  sur un ton plein de drôlerie, une tirade sur les désagréments de l’âge, d'autant plus émouvante qu'elle est dite sur un ton totalement sarcastique.

Pauline Collins, une comédienne que l’on ne voit pas assez souvent au cinéma, est la tendre Cissy, ma gorge s’est souvent serrée grâce à une impeccable interprétation d’une charmante vieille dame perdant peu à peu la tête.

 

Michael Gambon et le suffisant metteur en scène, plus diva que les divas elles-mêmes. Il rend le personnage parfaitement insupportable – du grand talent !
Le docteur Cogan, directrice de la maison de retraite, est jouée par Sheridan Smith.
L’autre diva de cette histoire, Anne Langley, est interprétée par Dame Gwyneth Jones, soprano galloise de renommée mondiale, qui n’hésite pas dans l’autodérision. 

On retrouve aussi dans la distribution Andrew Sachs, ancien « Manuel » le garçon d’étage espagnol de « Fawlty Towers ». Les cheveux ont certes blanchis, mais pas l’humour et le talent.
Une grande partie de la distribution est composée d’anciens musiciens et chanteurs.

Le journal « The Telegraph » a reproché à Dustin Hoffman son manque de culture à propos de la genèse de sa réalisation – Hoffman a stipulé que c’est à la suite d’un documentaire intitulé « Tosca’s Kiss » que Ronald Harwood eut l’idée de sa pièce, et donc du scénario de ce film.
Le « Telegraph » stipule qu’un grand comédien de théâtre interpréta déjà cette pièce dans le West End il y a 13 ans …
personnellement je ne vois pas le rapport avec la genèse du film, puisque celle-ci est quand même due au dramaturge-scénariste.
(Bon, je vois là un petit accès de mauvaise humeur so british à l’encontre d’un comédien américain devenu réalisateur.)

Quelle que soit l’origine de cette idée, de cette histoire, je m’en fiche – j’attends avec impatience qu’il arrive en dvd, pour l’ajouter à ma vidéothèque personnelle catégorie « feelgood movies ».

Comments

[Armelle B.]

J'avais inscrit ce film sur mes tablettes car j'aime énormément Dustin Hoffman en tant qu'acteur, mais comme c'est un homme très intelligent, je ne doutais pas un instant que cet opus ne soit intéressant lui aussi et subtil, ce que vous confirmez et je pense que, lorsque je l'aurai vu, je serai du même avis que vous. Je vais essayer de me louer le dvd qui semble être sorti ou bien l'occasion se présentera un de ces jours à la télévision. Mais je ne perd pas de vue ce film.

[sheherazade2000]

:lol: heureusement que le troll ne visite plus mon blog, sinon je crois qu'il t'assassinerait :lol:

il s'agit de pauline collins, qui interprète la tendre cissy - une excellente comédienne de théâtre et de cinéma britannique, qu'on ne voit pas assez à mon goût ;)

[Teki]

C'est marrant l'actrice qui lève le doigt ressemble à Brigitte Bardot (sauf qu'elle fait moins peur :lol: )

[Milly]

Coucou Niki, Hier soir, j'ai pris ce film dans mes mains au Club vidéo. Je me suis dit, je vais me le louer en film de fille par un bel après-midi de septembre. Mais à la place (sans le savoir bien sûr) nous avons loué un navet.



Avec ton billet, je sais maintenant que je vais faire un bon choix! :) OUI!! c'est le temps des Quatuors! :) J'ai cédé cette semaine au dernier Angela Huth: "Quand rentrent les marins". Bon dimanche Niki! :)

[lewerentz]

Décidément, vous êtes portée sur les quatuors en ce moment ;-) Il se trouve que, en même temps que j'ai commandé "Quartet", j'ai aussi commandé ce DVD. J'adore D. Hoffman et l'ambiance "so british" alors...