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mon bonheur est dans la ville
4 janvier 2013

QUARTET, de James Ivory

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Popular_Film_Producers

Titre français = identique

Scénario de Ruth Prawer Jhabvala, adapté du roman semi-autobiographique de Jean Rhys

Produit par Ismael Merchant 

Stephan et Marya-Mado Zelli sont un jeune couple, vivant au jour le jour dans un hôtel – Pierre se dit intermédiaire en antiquités, il trouve des pièces de valeurs et les revend au plus offrant – mais pas de manière totalement légale.  Marya (parfois appelée Mado) a tenté vainement de se trouver un emploi, de chorus girls, mais sans beaucoup de succès. Parfois, dans un restaurant qu’ils fréquentent, ils croisent un couple très aisé = les Heidler. Elle est peintre, lui vit de ses rentes. Ils aident parfois  de jeunes artistes, jouant les mécènes au grand cœur. H.J. Heidler, le mari, s’est toqué de Marya, Lois, l’épouse, s’en est rendu compte et tente de le dissuader de se lancer dans une nouvelle aventure, la précédente ayant coûté la vie à la toute jeune femme dont ils s’étaient « chargés ». Lorsque Pierre est mis en prison pour vol et recel, Marya se retrouve sans aucun moyen d’existence – son mari la pousse à accepter l’offre des Heidler  qui proposent de la loger dans la chambre d’amis, Lois affirmant qu’elle peindra son portrait.

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Marya n’a aucune envie d’accepter, elle sent que quelque chose n’est pas très net  dans cette proposition, mais n’arrivant pas à trouver un emploi, elle se résigne à emménager chez les riches Anglais. A partir de là, la vie de Marya sera une longue et lente descente en enfer. Lois Heidler sait que son infidèle époux pourchasse la jeune femme de ses assiduités, bien qu’elle refuse de céder estimant que c’est mal agir vis-à-vis de Lois. Mais H.J. Heidler est un homme qui veut son nouveau jouet et il l’obtiendra ! Lois devient vindicative en paroles, noircissant Marya auprès de tout le monde –  Lois se fait passer pour une victime, face à une petite intrigante.  Le couple essaie aussi d’empêcher Marya de rendre visite à Pierre en prison, tout cela est « tellement sale, tellement bas ». Pierre sortira bientôt de prison et Marya-Mado sera la vraie victime de cette’ sordide histoire.

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quartet

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Continuant ma découverte des réalisations du trio Ivory-Merchant-Pawer Jhabvala, celles qu furent réalisées avant « Maurice » et « Howard’s end », je m’étais souvenue de ce film avec  Isabelle Adjani, dont l’interprétation de Marya-Mado lui valut le prix d’interprétation féminine à Cannes en 1981. Prix amplement mérité car elle joue très juste cette jeune femme engluée dans un triangle malsain, sans espoir de s’en sortir. Elle oscille entre se laisser aller face aux événements où elle est engluée, ou tenter de s'en extiper avec des soudaines crises d’hystérie.

En complément à l’interprétation d’Adjani, il faut évidemment noter la sublime Maggie Smith – depuis qu’elle a pris de l’âge, on lui fait surtout jouer des vieilles douairières grincheuses, mais on oublie à quel point cette comédienne était parfaite aussi lorsqu’elle était jeune. Ici, elle est comme une araignée ayant tendu une toile à une petite mouche, qui se débat tant et plus pour s’en extirper – en Lois Heidler, Maggie Smith est réellement formidable – sous des dehors aimables, gentils, mielleux (et fielleux) elle traîne systématiquement Marya/Adjani dans la boue que ce soit en privé ou parfois en public. Et lorsque Marya veut les quitter, c’est elle qui la retient en lui répétant que ce ne sont pas elles qui font les règles du jeu.

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Celui qui les fait, ces règles, est H.J. Heidler, interprété par Alan Bates, à qui j’aurais volontiers donné quelques claques tant il est odieux.
C’est vraiment un sale gosse gâté, qui veut un jouet puis, lorsqu’il n’est plus amusé, il le rejette – sans aucun scrupule quant aux éventuelles conséquences. Il est riche, il a tous les droits ! Bates fait un bon travail d’acteur dans ce rôle d’homme profondément désagréable, qui déteste tout ce qui est vulgaire (les pauvres par exemple).
Pierre Zelli est joué par Anthony Higgins – il devient vite antipathique en mari qui découvre qu’il a été trompé – il n’a aucun cœur, aucune compréhension pour ce qu’a vécu sa femme, et pourtant elle n’arrêtait pas de lui dire qu’elle ne voulait plus résider chez ces gens et c’est lui qui l’y poussait.

La logeuse de Marya et Pierre au début du film est jouée par Suzanne Flon. On trouve encore dans cette production franco-américaine Daniel Mesguisch, Pierre Clémenti, Sheila Gish (la meilleure amie de Lois).

James Ivory explique dans le complément au film à quel point la reconstitution des décors extérieurs fut compliquée car en 1981 il ne restait plus grand-chose du Paris des années 1920 (l’histoire se situe en 1927). Par contre pour les intérieurs, ce fut beaucoup plus aisé, il s’est adressé à un décorateur d’intérieur qui n’eut aucune difficulté à retrouver certains éléments.
Les costumes, eux, sont fabuleux – que ce soit les tenus de soirée de Maggie Smith, qu’elle porte avec une élégance incomparable, ou les petites robes d’Isabelle Adjani, on se prend à réellement avoir envie de ce type de robes ou manteaux fluides, avec le petit chapeau-cloche sur la tête.

Quant à la peinture de cette société, qu’Hemingway avait si bien décrite dans « Paris est une fête », une société qui voulait rejeter toutes les inhibitions, au risque de s’y perdre,  Ivory en fait quelque chose de réellement vivant.
J’espère à présent pouvoir trouver ce roman de Jean Rhys, car il date de 1928 et cette romancière étant surtout connue pour « Wide Sargasso Sea » (1966), ses premiers romans ne sont pas toujours réédités. Chacun de ses romans comporte une grande partie autobiographique ; elle vécut une relation plus ou moins similaire lorsqu’elle fut recueillie par Ford Madox Ford et son épouse – elle aime montrer dans ses histoires à quel point les jeunes femmes sont démunies face à l’adversité ; elle-même se laissait souvent porter par les événements – on lui colla d’ailleurs l’étiquette « petit oiseau des îles (elle était créole) ». De 1939 à 1960, Jean Rhys ne publia plus rien ; lorsque vint l’immense succès de « Wide Sargasso Sea », elle eut ces paroles désabusées = le succès arrive trop tard !

Je suis contente d’avoir découvert ce film, bien que l’histoire soit excessivement désespérée, le huis-clos particulièrement étouffant.
Cela m'a plus fait penser à une pièce de théâtre qu'à un film.

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Commentaires
E
Intéressant car si j'ai pas mal travaillé sur la trilogie Forster je connais peu les autres oeuvres du tandem Ivory-Merchant,hors Les vestiges...Je reviendrai.
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L
C'est un film que j'ai très envie de découvrir mais il faut d'abord que je trouve le temps de lire le roman...
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T
A regarder à l'occasion, mais pas en ce moment, j'ai envie de choses amusantes ;)
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M
Cette fois ci se film, peu connu j'imagine me fait très envie ! J'aime beaucoup adjani.
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