LAND OF THE PHARAOS, d'Howard Hawks
Titre français = La Terre des Pharaons
Scénario de l’auteur William Faulkner (ami du réalisateur), de Harry Kurnitz et d’Harold Jack Bloom
En 3000 avant J.C. (pas Jules César), le pharaon Khufu a décidé d’être enseveli avec toutes ses richesses. Avide d’or, ce pharaon conquiert pays après pays afin d’amasser un maximum de trésors afin d’assurer son confort dans son « autre vie ». L’expérience lui a prouvé que les tombeaux sont souvent profanés pour être pillés (il en sait quelque chose puisque c’est de là que lui vient son immense trésor).
Au nombre de ce qu’il ramène des pays conquis se trouvent évidemment des esclaves … parmi ceux-ci Vashtar, l’architecte koushite déporté en Egypte avec son peuple.
Après avoir promis à sa reine de ne plus partir en expédition, Khufu charge Vashtar de lui construire un tombeau extraordinaire, inviolable, avec une chambre qui devra être tellement bien scellée que l’on ne pourra jamais avoir accès à son trésor (je suppose que vous l’avez compris = son trésor il est à lui tout seul NA !). Vashtar accepte la tâche et en échange son peuple sera libre, lui par contre sera enterré vivant avec le pharaon afin de préserver le secret du labyrinthe.
Commencée dans la joie et la bonne humeur, la construction va devenir de plus en plus pénible pour le malheureux peuple écrasé de travail – quant aux frais, n’en parlons pas – une pyramide ce n’est quand même pas un pavillon de banlieue en préfab ! Du coup, Khéops exige des contributions de tous les pays soumis à l’Egypte.
La seule qui refuse est Chypre, dont la belle princesse Nellifer s’offre à la place de l’or et du grain que son pays n’a pas. Comme elle est insolente, le pharaon la fait fouetter, ensuite il la met dans son lit – une séance classique de sado-maso en somme.
Très vite Nellifer parvient à prendre une place de plus en plus importante dans la vie de Khéops et devient même deuxième épouse (la première reste la première car elle a donné un fils à Pharaon). Nellifer et ses airs doucereux donne le change à tout le monde sauf au grand-prêtre Hamar. En fait elle complote la mort du fils du pharaon et même du pharaon en personne, car quand il aura disparu, elle sera reine et tout le trésor sera pour elle. Il y aura un grain de sable – et même plus qu’un d’ailleurs, on est dans le désert tout de même – dans ses plans.
Avidité, soif de pouvoir et de richesses, trahisons en tous genres, sont les ingrédients principaux de cette fresque historique. Peut-on, dans ce cas-ci, parler de « péplum », je n’en sais rien – en principe les péplums = c’est « épée et sandales, jupettes et empire romain, très belles filles habillées de voiles ». Sans oublier mythologie herculéenne.
Cependant cette fresque que l’on peut qualifier d’entreprise « pharaonique » (mauvais jeu de mots, je sais) répond au moins à 4 ingrédients du genre = jupettes, épées, sandales et belles filles habillées de voiles. Quant au site peplum, il accorde une place à ce film dans sa liste des films de ce genre ; j’en ferai donc autant.
Inutile de dire que le scénario prend de fameuses libertés avec l’Histoire, mais on ne va pas demander à un péplum de respecter l’histoire, sinon où serait le plaisir du spectateur.
D’autant plus qu’il est gâté avec les charmes de la jeune et pulpeuse Joan Collins, qui interprète déjà une femme avide d’or et de pouvoir – comme elle le fera quelques années plus tard dans le soap opera « Dynasty ». Ici elle joue Nellifer, la jeune chypriote qui a décidé que le trésor lui appartiendrait, coûte que coûte. Elle ne croit pas si bien dire !
Face à elle, Jack Hawkins est un pharaon Khufu (Kheops est le nom grec de ce pharaon – qui en porte d’autres d’ailleurs). Cet acteur a une belle prestance, mais ça me fait toujours rire de le voir dans un film en costume d’époque. Dans la scène où il se bat contre un taureau pour épater sa très belle Nellifer, devenue deuxième épouse, l’acteur a été doublé par un torero portugais dont le nom n’est mentionné nulle part ! sympa pour les cascadeurs qui se cassaient le dos afin que les vedettes n’aient pas une égratignure.
Cette scène représente la cérémonie Heb Sed où le pharaon était supposé prouver à son peuple qu’il jouissait encore de toutes ses capacités physiques et mentales – physiques sans doute, mais mentales qu’on me permette de ricaner = faut être barré pour se battre à mains nues contre un jeune taureau plutôt enragé !
James Robertson Justice incarne Vashtar, l’architecte dont la vue baisse en vieillissant. Son meilleur ami Mikka ajoute une touche humoristique et est joué par James Hayter. Senta fils de Vashtar est joué par Dewey Martin.
Hamar, le grand prêtre, ami de Khéops, est joué par Axel Minotis. Quant à Treneh, le très beau gardien du trésor qui tombe dans les filets de Nellifer, il est interprété par Sidney Chaplin, premier fils de Charlie Chaplin.
Tout est impeccable dans ce film = décors, costumes, scénario, MAIS par contre les maquillages des dames, c’est à hurler de rire ou d’horreur = les lèvres sont peintes dans un rouge fluo, qui je suis sûre brille même la nuit ; le rouge est appliqué de telle manière que toutes les actrices ont l’air botoxées, à une époque où l’on n’en parlait pas encore.
Quant à la couleur de leur visage, le fond de teint – pour faire exotique je suppose – penche vers le brun très foncé, seulement les maquilleurs ont oublié le reste du corps, ce qui donne un visage tellement sombre que parfois il semble noir, et le reste du corps est un joli bronzage très naturel.
Par contre – manque de documentation sans doute – les Khoushites (Vashtar et son peuple) sont tous à peau claire – or le royaume de Koush est considéré comme l’ancêtre des gens à peau foncée, voire noire de l’humanité.
J’étais écroulée de rire dans mon fauteuil – au cinéma on me virerait de la salle vite fait bien fait, pour esclandre. Heureusement, les maquilleurs ont eu le bon goût de faire en sorte que les cheveux des protagonistes Khufu, Vashtar et leurs amis grisonnent, l’histoire s’étale tout de même sur 20 ans !
Le réalisateur Howard Hawks a eu une carrière fort éclectique = des films d’aventure en tout genre : westerns (Rio Bravo, c’est lui) et films de guerre, jusqu’aux films noirs et aux comédies loufoques. Sans oublier le célèbre « Scarface » avec Paul Muni et « Gentlemen prefer Blondes » avec Jane Russell et Marilyn Monroe. Son film « Sergent York » lui valu l’oscar du meilleur réalisateur.
Ce tournage « Land of the Pharaos » a fait l’objet d’un livre de Noel Howard – qui assista Hawks sur la 2ème partie du tournage et de la figuration. « Hollywood sur Nil » retrace les moments les plus épiques, parfois drôles, souvent rocambolesques de ce tournage hors du commun qui eut lieu en Egypte et ensuite à Rome.
Une chose est certaine : le film n’a pas marqué les mémoires, mais la pyramide de Khufu/Khéops est toujours debout !