LES MAINS D'ORLAC, d'Edmond T. Greville
Titre anglais = The Hands of Orlac (original pas vrai ?)
Scénario de John Baines et Edmond T. Greville, d’après le roman de Maurice Renard
Dialogues écrits par Edmond T. Greville, sous le pseudonyme de Max Montagut
Stephen Orlac est un pianiste de renommée mondiale, dont les concerts drainent des milliers de personnes. Pourtant ce soir-là, il est pressé de retrouver sa fiancée Louise ; hélas son avion s’écrase à l’atterrissage et les mains d’Orlac sont vilainement abîmées. Louise, désespérée, demande à l’éminent professeur Volcheff – une sommité dans les greffes – de tout faire pour sauver les mains du pianiste. Lorsque celui-ci se réveille, ses mains sont bandées et il hurle de désespoir, persuadé qu’il ne pourra plus jamais jouer du piano qui est sa raison d’être. Et effectivement, ses mains ne lui répondent plus comme avant – Louise a beau lui dire qu’au bout de six mois, c’est trop tôt et qu’il faut qu’il s’entraîne encore.
Passant par une fête foraine, Stephen Orlac s’amuse à tester sa force et à l’étonnement de tous, la force de ses mains dépasse pratiquement le compteur de la machine. Orlac est fort troublé et lorsque l’assistante de Volcheff dévoile qu’on lui a greffé de nouvelles mains, l’ex-virtuose comprend pourquoi bagues et gants ne lui correspondent plus. Il sombre peu à peu dans une dépression, d’autant plus que ces mains greffées sont celles d’un homme guillotiné pour avoir étranglé quelqu’un.
Louise Cochrane insiste pour qu’elle et Stephen se marient ; ils partent sur la côté d’azur pour qu’il puisse se refaire une santé, m ais bientôt des images se mettent en travers de la sérénité du pianiste. Lorsque le chat de la maison a peur de ses mains, Stephen se demande s’il ne devient pas fou à l’idée que ces mains greffées ne lui répondent plus et même le dominent. Des événements un peu étranges se manifestent aussi, puis le mistral s’en mêle le rendant très nerveux. Il fuit et arrive dans un hôtel de 2ème ordre à Marseille.
C’est là qu’il va tomber dans les filets machiavéliques d’un illusionniste de second rang et de sa ravissante assistante. Désormais la vie de Stephen Orlac tourne au cauchemar.
Le film véhicule, en plus de l’ambiance cauchemardesque, une atmosphère teintée d’une certaine sensualité, due surtout à la présence de Dany Carrel – qui est la plus naturelle, qui chante très joliment – et interprète, avec Christopher Lee, le couple manipulateur.
A eux deux, ils donnent une certaine vraisemblance à cette histoire de science-fiction teintée de mystère. Dans le rôle de la jeune assistante de l’illusionniste Nero, elle est non seulement naturelle et aussi très crédible.
Tout comme Christopher Lee, qui tire également fort bien son épingle du jeu en maître-chanteur, manipulateur, étrange et inquiétant.
Mel Ferrer, par contre, dans le rôle de Stephen Orlac, a l’air passablement mal à l’aise dans la peau d’un homme paumé, aux allures de Jekyll & Hyde.
Quant à la jolie Lucille Saint-Simon – alias Louise – la douce jolie blonde compréhensive, désireuse de sauver l’homme qu’elle aime, elle donne l’impression de jouer faux, elle n’est pas naturelle du tout, ce qui la rend assez exaspérante.
Ce sont réellement Dany Carrel et Christopher Lee qui sauvent ce nanar sympathique et lui évite de devenir un vrai navet.
De célèbres acteurs britanniques comme Donald Pleasance en artiste désireux d’utiliser les mains d’Orlac pour s’en inspirer dans une sculpture et provoque un accès de colère, qui inquiète Felix Aylmer, l’oncle psychiatre, souhaitant aider sa nièce. Donald Wolfit est le professeur Volchett.
Les véritables vedettes du film sont ces fameuses « mains d’Orlac » dont on se demande quand elles vont servir à étrangler quelqu’un, Orlac lui-même en ayant peur, persuadé qu’il est qu’elles le dominent complètement.
Les dialogues alternent entre un drame bien typé et sobre et du ridicule suscitant une envie de rire irrépressible.
C’est surtout par le jeu de la photographie noir et blanc que ce nanar (co-production franco-britannique) inquiète la spectatrice rapidement effrayée que je suis. Sinon, il prêterait plutôt à rire malgré le jeu excellent de Christopher Lee, notamment.
Cette version-ci n’est pas la première que l’on fit de cette histoire inquiétante – un film fut réalisé dans les années 30 avec l’excellent Peter Lorre, offrant une performance nettement plus effrayante.
Je comprends que certains critiques aient comparé le film de Greville à une réalisation d’Ed Wood, estimant que Greville a tourné là un nanar assez mal écrit (je suis assez d’accord au niveau des dialogues) et dont la direction d’acteurs n’est pas des meilleures non plus. J'ai cependant trouvé sexy le petit accent de Lee et Ferrer, parlant tous deux parfaitement le français et n'ayant donc pas besoin d'être doublés - heureusement !
Une série B, intéressante à découvrir, plus polar sci-fi avec un certain suspense que film d’horreur.
Quoique le rire de psychopathe de Christopher Lee m’a quand même donné la chair de poule (c’est vrai, on me fait facilement peur, surtout le soir quand il fait tout noir et brumeux à l’extérieur).