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mon bonheur est dans la ville
1 novembre 2010

UN PEU D'HISTOIRE DU CINEMA - 5

EDWARD WOOD Jr

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Impossible de s’intéresser au cinéma sans passer au moins une fois par un film d’Edward Wood Jr, mieux connu sous le nom d’Ed Wood, à qui Tim Burton consacra un excellent biopic avec Johnny Depp – qui ne connut pas un immense succès au box-office, mais qui est désormais considéré comme un film culte par les cinéphiles.

Culte comme l’est devenu Ed Wood pour les cinéphiles qui – bien qu’ils s’entendent tous à dire que ses films sont de sympathiques nanars – il y a cependant beaucoup à apprendre de cet acteur-metteur en scène-producteur-scénariste. Car même si ses films sont des nanars, Ed Wood a prouvé à l’industrie cinématographique à gros budget, qu’il était possible de faire du cinéma avec peu de moyens.

En fait, dans les écoles de cinéma, les films d’Ed Wood sont montrés afin d’expliquer avec humour les erreurs techniques, certains effets spéciaux très peu sophistiqués, des éléments d’archives dont on se demande ce qu’ils fichent là, des acteurs pas très doués et quelques éléments qui n’avaient pas grand-chose à voir avec le scénario.

La carrière d’Ed Wood déclina après le décès de acteur préféré, Bela Lugosi. Vers la fin de sa vie, Ed Wood réalisa encore quelques films pornos, d’horreur et quelques pulps. Depuis la biographie qu’a écrite Rudolph Grey à propos d’Edward Wood Jr, il semblerait que l’on réhabilite quelque peu le réalisateur-scénariste-producteur, à qui on reconnaît, enfin, un amour véritable pour le cinéma, pour son travail de réalisateur. Ce n’est que justice pour cet homme qui sombra dans la dépression et se mit à boire à la suite de ses insuccès récurrents. A 54 ans, Ed Wood mourut d’un infarctus.

Le film préféré du réalisateur fut "Plan 9", mais il connut aussi une certaine gloire avec "Glen or Glenda", une histoire de travesti, étudiée d'un point de vue sympathique et compatissant.

L’un des inconvénients, comme dit plus haut, résidait dans le fait que : petit budget = acteurs peu connus, et souvent plutôt mauvais comme dans cette intrusion de Wood dans le domaine du film noir.

Une heure et quart, d’un scénario finalement pas trop mal conçu et où on peut constater que pas mal de scénaristes puisèrent de l’inspiration = exemple « Face Off » de John Woo ou le lancinant « deguello » dans « Rio Bravo ».

JAIL BAIT

Réalisé en 1954

Scénario d’Ed Wood, écrit en collaboration avec Alex Gordon

Inspiré d’un film de 1935 « Let’Em have it ». 

Un fils à papa, Don Gregor, fils d’un eminent chirurgien plastique, file du mauvais coton. Il est acoquiné avec un gangster assez minable et très dangereux qui l’entraîne dans des hold-ups dans lesquels il oblige le jeune Gregor à tenir les gens en respect avec une arme, non enregistrée. Don Gregor a les nerfs plutôt fragiles et donc la gâchette facile.

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Sa sœur a payé une fois encore la caution afin de libérer son frère, qui au lieu de la remercier, l’agresse verbalement afin qu’elle ne lui fasse pas de leçon de morale. Les policiers ne le lâchent cependant pas car l’inspecteur Johns et son adjoint Lawrence sont persuadés que ce n’est que partie remise.

Dans le salon, après avoir pris une autre arme, le fils de bonne famille rejoint le petit truand, pendant que sa sœur tente de consoler le père qui se sent responsable d’avoir trop gâté son fils.

Effectivement, au cours d’un hold-up, le fils du médecin tue le gardien de nuit ; désormais il est un tueur de flic, la chaise électrique l’attend. Rongé de remords pour avoir tué quelqu’un, il en parle à son père qui lui conseille de se rendre, qu’il le soutiendra. Don promet mais veut d’abord prendre l’air pour se calmer. Son acolyte le retrouve et l’emmène dans l’appartement qu’il a payé à sa bonne amie, qui a autant de cervelle qu’un petit pois.

220px_HerbertRawlsonIl téléphone ensuite au père, le chirurgien, et lui dit qu’il ne lui rendra son fils qu’à la condition qu’il lui façonne un nouveau visage. Le chirurgien accepte et accompagné de sa fille, opère le gangster dont il a découvert le secret. Lorsque vient le moment d’enlever les bandages, le gangster et sa bonne amie se présentent chez le chirurgien, qui entretemps a téléphoné au lieutenant Johns et son adjoint.

Je dois le dire, j’ai rarement vu des acteurs interpréter un rôle aussi mal = chacun ânonne son dialogue comme un gamin de 10 ans dans une pièce de théâtre scolaire. C’est tellement mauvais que c’en est hilarant, ce qui fait que même les situations dramatiques – et il y en a – font rire.

jailbait213Dolores Fuller, qui fut la compagne d’Ed Wood pendant quelques années, joue le rôle de la sœur de Don Gregor, qui est interprété par Clancy Malone, apparemment dans son premier rôle. Leur père, le chirurgien, est joué par Herbert Rawlinson, un acteur chevronné mais qui s’est mis au diapason des autres.

Le gangster et sa petite amie sont interprétés respectivement par Timothy Farrell et Theodora Thurman – celle-ci est aussi mauvaise que Dolores Fuller. En fait, cela m’a frappé, mais ce sont surtout les éléments féminins qui sont totalement à côté de leurs pompes dans cette histoire.

jailbait212Le lieutenant Johns est joué par Lyle Talbot, lui aussi acteur chevronné et qui ne tire pas trop mal son épingle du jeu.

IYKTD00ZQuant à son adjoint, ô surprise ! c’est le superbe Steve Reeves qui s’y colle, dans son premier rôle à l’écran où on ne lui demande pas de trop en dire. Et croyez-moi, Steve Reeves est aussi appétissant en veston-pantalon, qu’en jupette antique dans les peplums « Hercule ».

L’intrigue est cependant bien ficelée – et la fin est  particulièrement EXCELLENTE, je recommande ce film rien que pour cela, une vraie surprise ! et voir comment meurent les gens dans le film fait penser aux anciens films de cowboys, où ils mettent un temps fou à tomber et mourir.

Les décors sont plus que minimalistes = 3 endroits, voire 4, mais grand maximum. Quant à la musique, c’est à hurler de rire également – elle est d’un certain Hoyt Curtin, et en fait il a composé une sorte de musique mexicaine lancinante, dont je vous disais qu’elle ressemblait au « deguello » de Rio Bravo.

Un très bon moment d’histoire du cinéma, qui m’a autant intéressée que fait rire. Et pourtant, j’aurais pu avoir peur car les  gangsters n’étaient quand même pas sympas du tout.

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Commentaires
N
je dois reconnaître que j'ai très envie de découvrir les autres films de wood, car je crois finalement que cette réputation de "plus mauvais cinéaste" est une cabale contre un gars qui non seulement défendait certaines minorités, mais qui plus est tentait de prouver qu'on pouvait faire un film avec des petits moyens, à une époque où Hollywood mettait tout le paquet !<br /> ce "plan 9 from outer space" est sur ma liste de films à voir ;)
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J
Les films de Wood sont totalement kitsch mais malgré sa réputation de "plus mauvais cinéaste de l'histoire du cinéma", il continue à faire des adeptes ;) Ton billet m'a donné le goût de revoir Plan 9 from outer space :)
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N
ce film est le premier que je vois, mais j'ai envie d'en découvrir d'autres à présent
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K
Je ne suis pas du tout cinéphile mais j'avais beaucoup aimé le film Ed Wood avec Johnny Depp. Quant aux films de Ed Wood que j'ai vus, les effets spéciaux me faisaient beaucoup rire!
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N
merci pour ton commentaire, j'aime beaucoup le cinéma, autant que la lecture - alors son histoire m'attire, forcément :))
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