ZOHRA SUR LA TERRASSE, d'Abdelkader Djemaï
(zohra sur la terrasse - henri matisse)
(paysage vu d'une fenêtre - tanger - henri matisse)
(matisse dans son atelier et autoportrait en marocain)
Au début de l’année 1912, Henri Matisse arrive à Tanger. Parce que le grand-père d’Abdelkader Djemaï lui ressemble physiquement, l’auteur décide d’écrire une longue lettre au peintre.
Commence alors pour le lecteur un merveilleux voyage, non seulement à travers les rues de Tanger, où ses ruelles prennent vie, où l’on se prend à humer les parfums d’épices et des fruits, mais aussi un voyage à travers la vie et l’œuvre d’Henri Matisse, au gré de sa vie dans le nord de la France, de ses études auprès de Gustave Moreau, de ses voyages. de ses amis et connaissances. Lui l’homme du nord et de la grisaille, va découvrir l’orient et ses couleurs et en transformer à tout jamais sa peinture.
La « Zorah » des tableaux (ici "Zorah en jaune" est une jeune prostituée, la seule jeune femme qu’il parviendra (presque) à convaincre de poser pour lui, car ceci est interdit par l’islam.
A travers le parcours consacré à Matisse se mélange le parcours de l’auteur, de sa famille, de ce grand-père qu’il semble avoir beaucoup aimé. C’est touchant, émouvant et très beau.
Il y a des livres que l’on ne penserait jamais à acheter et l’on passerait alors à côté d’un véritable bijou. C’est le cas avec cet émouvant « Zohra sur la terrasse », prêté par mon copain Denis après son très intéressant billet (ici).
Je vais rester, je le pense, très longtemps sous le charme de cette histoire simple, racontée avec des mots simples mais si beaux et qui donnent envie de découvrir Tanger (voir aussi le billet de Denis à ce sujet).
L’auteur aurait, selon la 4ème de couverture, mélangé fiction et vérité – personnellement, cela m’est complètement égal de savoir où commence le vrai et où finit le faux - ce qui importe est cette histoire écrite avec talent, avec une beauté d’écriture qui m’a profondément séduite (et plus particulièrement après les deux livres idiots que je venais de terminer). Il y a heureusement encore des gens qui savent écrire et sont édités, ce qui devient assez rare apparemment.
Tanger y prend des couleurs, des saveurs, que l’on a envie de découvrir et l’on se prend à avoir envie d’aller sur le champ réserver une place d’avion.
Je clôturerai ma petite chronique par ces paroles de Louis Aragon, dans la préface de la biographie qu’il consacra à ce peintre que j’aime énormément (Henri Matisse, ou Le Peintre français) = « Il y a des peintres ainsi qui ont cette gloire, ce rôle d’éblouir pour cinquante ans au moins les hommes, qui n’y voient que de la lumière. Ils sont comme une fenêtre ouverte dans la nuit humaine, et, d’après eux, les jeunes gens se font une idée du soleil. »
J’ai trouvé que ces paroles étaient totalement adaptées au livre d’Abdelkader Djemaï, à ce qu’il a relaté dans cette longue et très belle lettre adressée à Henri Matisse.
J’ignore si ma chronique fait honneur à ce livre qui a réellement parlé à mon cœur et à mes sens.
Merci à Denis pour ce prêt.