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mon bonheur est dans la ville
30 août 2009

THE GREATEST STORY EVER TOLD, de George Stevens

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Vous parlez d’un peplum biblique/nanar !

Un défilé de grandes stars des années 60 réunies dans une histoire de Jesus, baignant dans les paroles du nouveau testament, mettant surtout en scène le christ et ses apôtres, contrairement à d’autres films de ce type où Marie, la mère de Jesus avait tout de même un rôle plus important – je pense notamment aux très bons films pour la télé = 1. « Mary, mother of Jesus », avec Christian Bale dans le rôle du christ ; 2.  « Jesus » avec Jacqueline Bisset dans le rôle de Marie et Armin Mueller-Stahl en Joseph le charpentier, avec Gary Oldman en Ponce-Pilate.

On y montrait des personnages nettement plus humains et proches de la réalité que dans le peplum biblique de Stevens. Et je ne parle évidemment pas du film de Mel Gibson, où celui-ci a mis l’accent sur le procès, la flagellation, la crucifixion, en les montrant dans toute l’horreur de leur violence. J’avais personnellement trouvé gratuit de montrer ces images (dont je n’ai vu qu’un extrait), mais il est vrai que les envahisseurs romains ne faisaient pas dans la dentelle et Jesus de Nazareth devait payer pour l’exemple, dans l’espoir que la rébellion juive cesse.

Rien de tout cela chez Stevens ; il semble avoir réalisé un film non seulement pour y mettre sa brochette de stars, mais aussi à être montré dans les salles de catéchisme américaines du dimanche matin ! On baigne dans le nouveau testament, depuis la naissance jusqu’ à la mise à mort.

Ici d’ailleurs, point de flagellation publique ; rien qu’une couronne d’épines – et croyez-moi, cela se voit que c’est du plastique – et quelques traces rouges sur le visage pour le sang. Des mains liées, une tunique salie et le manteau d’Antipas pour l’humilier.

Ce qui est bien montré, par contre, c’est la manière dont les foules se retournent contre lui, alors que la veille elles l’encensaient, il suffisait d’un type payé par le sanhedrin, hurlant à l’hérésie, et du coup tout le monde ou presque retourne sa veste.

Les seuls instants où l’on montre les vraies souffrances de Jesus, c’est lorsqu’il traverse les rues avec sa croix sur l’épaule ; son visage exprime alors la douleur et non plus la résignation.

Mais même lorsqu’il est sur la croix, on se doute bien qu’il souffre, mais on ne s’en aperçoit pas vraiment dans le jeu de l’acteur.

Personnellement, étant une mécréante qui préfère une spiritualité sans dieu (comme Cavanna et André Comte-Sponville), j’ai donc bien rigolé avec ce nanar sympathique, qui m’a permis de revoir une série d’acteurs encore jeunes et pas encore célèbres. D’autres un peu moins jeunes et déjà mieux connus. Je ne me suis pas moquée du principe de dieu – je l’ai déjà dit, si des gens ont besoin d’un dieu, c’est leur problème – mais j’ai ri à la manière plutôt vieillotte dont cette histoire était contée.

De plus, George Stevens engagea un artiste français afin de lui peindre une série de tableaux de scènes bibliques – à l’huile SVP les tableaux ! tout ça pour le storyboard. Bien sûr, comme tous les artistes, celui-ci n’a pas fait exception et nous a pondu un christ presque blond avec des yeux bleus.

C’est dire si tous ceux qui voient le film râlent sec parce qu’il est impossible – selon ces personnes – qu’un habitant du moyen-orient ayant vécu en Egypte puisse être aussi pâle. Quand je vous disais qu’on était en pleine iconographie. De toute façon, représenter le christ en parfait aryen blond aux yeux bleus est une invention picturale des peintres d’occident = dieu à leur image quoi ! On s’étonnera après cela que les nazis s’identifièrent à cette image.

De plus Stevens demanda une audience au pape Jean XXIII afin d’obtenir des conseils sur sa réalisation.

Ceci dit, je n’ai vraiment pas résisté au prix ridiculement bas de ce nanar et j’ai passé une soirée entière à glousser – ceci n’était bien sûr pas dirigé contre les paroles du messie – après tout, ce sont de belles paroles, un beau message d’amour et de paix, que même les croyants ont complètement oubliées et qui se rapprochent totalement de l’enseignement du bouddha.

Ce qui m’a fait glousser et pratiquement, par instants, hurler de rire, c’était =

·         José Ferrer, que l’on avait affublé d’une perruque brune à accroche-cœurs pendant la partie où il est censé être le jeune Hérode Antipas; c'est peu dire qu'il est ridicule.

·         Charlton Heston, dans le rôle de Jean le baptiste, qui hurle comme un possédé qu’ « Il » est là et que l’on doit se repentir. Il est montré complètement hirsute et habillé d’une peau de bête. Il ne lui manque qu’un gourdin pour être complètement similaire à un Neanderthal. C’était hilarant, je vous jure, rien que pour cela, l’achat de ce dvd s’est justifié.

·         Et le meilleur de tout : John Wayne en centurion romain ! alors là, j’étais morte de rire ; il n’a qu’une seule ligne à dire, et en plus il la dit mal, mais alors vraiment mal, on croirait un « total débutant » = sous la pluie battante qui éclate au moment de la tempête de la crucifixion, il ânonne « ah oui vraiment ce type était bien le fils de dieu ». Avec son casque et sa jupette, il était pratiquement méconnaissable, si ce n’était sa voix à l’accent nasillard du Texas.

Et dire qu’ils ont mis deux ans à écrire le scénario : c’est dingue non ! pourtant quand on voit le résultat à l’écran, le moins que l’on puisse dire est que c’est simpliciste.

C’est incroyable aussi le nombre d’acteurs qui défilent dans ce film, avec à peine une petite apparence, presque un « cameo », je me demande même si leur présence justifiait leur salaire, car il y en a qui n’ont strictement pas un seul mot à dire.

Le film avait déjà coûte plus de 2 millions de dollars, avant même qu’une seule scène ne soit tournée – et alors on critique « Cleopatra » avec Liz Taylor, qui faillit ruiner la Fox !

Je suppose que c’est pour cette raison que les producteurs ont poliment suggéré à George Stevens de ce trouver un autre studio – ce qu’il fit et son projet aboutit à United Artists.

Il faut bien dire que la Fox venait d’en prendre plein le porte-monnaie deux ans auparavant avec « Cleopatra », c’est dire si « chat échaudé craint l’eau froide ».

Dans le rôle de Jesus, Stevens a mis Max von Sidow, qui à l’époque n’avait tourné aucun film en angalais ; il était l’acteur fétiche d’Ingmar Bergman ; le film de Stevens sera son premier grand rôle aux USA et il devint si demandé qu’il s’installa définitivement à Los Angeles avec sa famille.

Tout au long du film, il a un air juvénile et résigné, attendant son sort comme le veau qui va être mené à l’abattoir ; il n’a l’air humain qu’au moment où il s’énerve contre les marchands du temple à Jerusalem.

150px_Dorothy_McGuire_in_Gentleman_27s_Agreement_trailer_croppedMarie, sa mère du film, est jouée par Dorothy MacGuire, et quand je dis « jouer » c’est mal m’exprimer, car la charmante actrice n’a strictement rien, mais alors vraiment rien à dire – rien qu’être là au début et à la fin, et c’est malheureux à dire, mais elle ne change pas du tout d’expression que ce soit à la naissance ou à la crucifixion. Et dire que c’était une si bonne actrice ! Mais bon, pour George Stevens, l’histoire portait sur le fils, pas sur la mère.

Quant à Joseph le charpentier, alors lui, c’est vraiment rien de rien = on le voit - au moment où les mages viennent témoigner de leur respect – se mettre à la lucarne de l’étable et penser qu’il faut qu’ils s’en aillent loin de là ! Il semblerait que ce soit l’acteur Robert Loggia qui ait été Joseph, mais je l’ai à peine reconnu (barbe et manteau avec capuche).

Dans ce prologue qui mène à la fuite en Egypte, on rencontre Herode le Grand, père d’Antipas, et c’est Claude Rains qui l’interprète. Là on est déjà plus dans une réelle interprétation et Rains fait réellement du bon boulot. Il est faux jeton à souhait, aimable avec les mages et sale type quand ils ont le dos tourné ; c’est lui qui donne l’ordre de mettre à mort tous les enfants mâles de sa province.

Claude Rains a été engagé par le réalisateur David Lean dans le rôle d’Herode ; en fait, tout le prologue a été tourné par Lean parce que George Stevens voulait avancer et qu’il devait se trouver ailleurs pendant ce temps-là. Il fit donc appel non seulement à David Lean (célèbre pour ses films à grand spectacle) et Jean Negulesco, qui tourna les séquences de rues dans Jerusalem.

Ponce Pilate, on trouve Telly Salavas (futur Kojak) ; son épouse, Claudia Procula, est jouée par Angela Lansbury – ici aussi lorsque je dis « jouée », c’est figurée qu’il faut lire.

Les scénaristes n’ont pas jugé utile apparemment d’allonger le rôle de l’épouse de Pilate qui demanda pourtant à son époux de ne pas condamner le jeune homme qui était innocent de tout ce dont on l’accusait (sédition, fomenter une révolte, etc).

Une excellente apparition dans le film est celle de Donald Pleasance qui interprète la voix de la tentation, l’ermite sombre de la montagne.

Un autre rôle important est celui de Caiaphas, le grand prêtre du temple qui accuse Jesus d’hérésie, il est très bien joué par Martin Landau.

Sal Mineo est le jeune paralytique qui retrouve l’usage de ses jambes ; Ed Wynn est l’aveugle qui retrouve la vue ; Shelley Winters est la lépreuse guérie.

Pendant le calvaire : Carroll Baker en Veronica, qui essuie le visage de Jesus et Sidney Poitier en Simon de Cyrene, qui l’aide à porter la croix.

Van Heflin apparaît aussi, ainsi que Victor Buono qui fait une savoureuse interprétation de l’un des prêtres du sanhedrin.

220px_Marian_SeldesOn a aussi droit à une presque danse des sept voiles par la fille d’Herodiade ; cette dernière est jouée par une très belle actrice Marian Seldes (comédienne de théâtre à Broadway). Elle n’apparaît pas souvent, mais sa performance en épouse d’Herode est excellente, très sulfureuse et son rôle est plus important que celui de sa fille Salome qui n’est pas nommée dans la distribution mais qui danse très lascivement pendant la mise à mort de Jean le baptiste. On pense qu’elle était interprétée par l’une des jeunes danseuses de la troupe engagée sur le film.

Et finalement, je citerai encore Pat Boone dans le rôle de l’ange après la résurrection ; alors là on se demande vraiment ce qu’il fait dans ce film !

Parmi les apôtres à présent =

Judas l’Iscariote, qui trahit : David McCallum (futur Men from UNCLE); il est un Judas tourmenté, jaloux, dépassé par ses actes.

Matthieu : Roddy McDowall (l’Octave de Cleopatra)

Jacques le jeune : Michael Anderson Jr (qui jouera avec John Wayne dans « Sons of Katie Elder »

Simon Pierre, qui renie avant le chant du coq : Gary Raymond

Marie de Magdala : Johanna Dunham (on l’oublie un peu trop souvent, mais Marie Madeleine était aussi un apôtre, et Simon Pierre ne la supportait pas parmi eux, estimant que ce n’était pas la place d’une femme_ - on remarque tout de suite qu'on est dans une société totalement patriarcale !)

Philippe : David Hedison

Ce qui m’a énormément plu dans le film, ce sont les paysages et les décors.

Il y a quelques scènes en extérieur qui valent le déplacement, tournées dans le désert du Nevada, ainsi que Pyramid Lake du même Nevada pour représenter la mer de Galilée. Les 40 jours du christ dans le désert ont été tourné dans la vallée de la mort.

George Stevens avait choisi de tourner aux Etats-Unis compte tenu de la situation tendue au moyen-orient.

Il fit construire pas moins de 47 sets de tournage dans les studios hollywoodiens et je dois dire que le palais d’Herode est une grande réussite, tout comme le temple.

Il semblerait que pour les décors George Stevens ait eu de bons conseils, c’est toujours ça. La "dernière cène" notamment me plaît plus que le tableau de Leonardo da Vinci.

Les costumes étaient bien également, un peu trop propres les tenues des apôtres pour des types qui se baladent pendant trois ans de ville en ville, surtout à travers le désert, mais bon, je ne vais pas faire la difficile après avoir vu Charlton Heston néanderthalien et John Wayne en centurion texan et Jose Ferrer avec des accroche-coeur sur le front !

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Commentaires
S
je croyais aussi l'avoir vu, mais j'avais confondu avec "King Of Kings" et le "Jesus" de Zeffirelli - en tout cas, qu'est ce que j'ai rigolé
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L
J'ai dû voir ce film!!!
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