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mon bonheur est dans la ville
28 août 2009

IN THE VALLEY OF ELAH, de Paul Haggis

VM__SX100_SY140_Un père, sergent de l’armée à la retraite, reçoit un appel concernant son fils qui n’est pas rentré de permission, qui est revenu d’Irak. Première surprise pour cette famille dont le fils aîné est déjà mort en service. Si Mike Deerfield avait été en permission, sa famille l’aurait su, or personne n’a entendu parler de lui ! Pourtant, le lieutenant confirme, et si le jeune homme ne revient pas rapidement il sera considéré comme déserteur.

Hank Deerfield décide de prendre les choses en mains et d’aller sur place afin de savoir ce qui s’est produit.  Apparemment, les circonstances de la disparition de son fils sont mystérieuses ; tout le monde l’évite, évite de répondre à ses questions, tourne autour du pot. Il se rend à la police qui refuse également son aide puisqu’il s’agit d’un problème militaire. Jusqu’au moment où on lui téléphone comme quoi les « restes » de son garçon ont été retrouvés.

Pour certaines personnes à la base il s’agirait d’un problème de trafic de drogue ayant mal tourné, pour d’autres un crime de rôdeur, pourtant le sergent à la retraite sent bien qu’il y a autre chose aussi, après beaucoup d’insistance, finit-il par recevoir l’aide d’Emily Sanders, une jeune femme détective ayant quelques problèmes avec ses collègues pour une soi-disant « promotion canapé ». Le sud profond des USA n’est décidément pas un lieu pour l’épanouissement des femmes.

Hank Deerfield est tourmenté par un appel téléphonique qu’il a reçu de son fils, au début de son service en Irak, des photos envoyées par téléphone portable sont étranges, ambiguës, le père se demande ce que son fils a tenté de lui dire.

Entretemps, Joan son épouse est arrivée, malgré les injonctions de son époux de ne pas se déranger, mais comment empêcher une mère de tenter de « revoir » son enfant, même mort ?

Après la brève visite de son épouse, Hank Deerfield poursuit son enquête, inlassablement, jusqu’à ce que la vérité vraie éclate enfin.

Et toutes les certitudes de cet homme pour qui l’armée était tout ont peu à peu volé en éclat.

On a beaucoup écrit que « In the Valley of Elah » est l’équivalent de « droite » au film de Robert Redford, « Lions for Lambs », qui à l’évidence était « à gauche ».

Pour moi, le film de Paul Haggis n’est pas l’équivalent conservateur de l’élément « de gauche », mais au contraire ils sont les deux volets d’un même problème : celui d’une guerre dans laquelle s’embourbent les Etats-Unis, une guerre se basant sur les pires motifs possibles et dont les jeunes des milieux défavorisés sont les premières victimes, et ensuite probablement les enfants dont les parents (comme Deerfield) font l’apologie de l’armée.

Si « Lions for Lambs » faisait appel à notre sens de la réflexion intellectuelle, « In the Valley of Elah » interpelle nos sentiments ; il met l’accent sur l’aspect humain, sur les gens directement concernés à la différence de « Lions for Lambs » qui tentait d’aller dans cette direction par le biais de la pensée. C’est pour cela que les deux films sont complémentaires, mais je pense que « In the Valley of Elah » touchera peut être plus de monde que le film de Robert Redford. Les deux films sont cependant à voir, sans hésitation.

L’interprétation de Tommy Lee Jones est sans appel ; cet acteur ne bouge pratiquement pas un muscle de son visage et pourtant tout ce qu’il pense y passe ! c’est époustouflant. L’actrice Charlize Theron est la jeune détective qui accepte,  avec une certaine réticence au début, d’aider ce père que tout le monde se renvoie sans vouloir lui apporter de vraie réponse, que ce soient les copains de régiment de son fils ou son supérieur. Celui-ci est interprété par Jason Patric, que je trouve un peu trop rare au cinéma.

Quant à la mère du jeune Deerfield, elle est interprétée avec son talent habituel par Susan Sarandon, parfaite en mère ravagée de chagrin, tout en restant très digne. La scène où elle vient pour reconnaître les restes de son enfant est déchirante par la façon sobre dont elle l’interprète.

Lorsque l’on sait que ce thriller militaro-politique est basé sur des faits réels, on ne peut qu’avoir le cœur serré en pensant à tous ces milliers de jeunes soldats qui à cause de la folie d’un chef d’état stupide se font charcuter loin de chez eux ; et lorsqu’ils reviennent, ils sont tellement bouleversés que la réinsertion est quasi impossible sans l’aide de drogue ou d’alcool.

Le titre « In the Valley of Elah » fait référence à la légende de David et Goliath, mais cette légende même est métaphorique lorsque l’on découvre petit à petit les difficultés de l’enquête de l’ancient sergent Deerfield (David) face à la machine militaire américaine (Goliath).

Et j’ai beaucoup aimé aussi les références à la position obligatoire du drapeau américain. Il faut d’ailleurs suivre l’explication du sergent, afin de comprendre la scène finale.

« In the Valley of Elah » est un film courageux, comme l’était « Lions for Lambs », c’est aussi un film qui ne tombe jamais dans le pathos. Il est construit comme un excellent thriller et soulève de vraies questions.

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