BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS, de Dany Boon

28 juillet 2009

Envoyé dans le Nord Pas de Calais après une faute professionnelle parce qu’il avait très envie de se retrouver chef d’un bureau de poste au bord de la Méditerrannée, Philippe Abrams est en pleine panique, sans oublier sa famille : son fils a peur qu’il perde ses orteils, son épouse se remet à le dorloter. Le Nord, c’est l’enfer, c’est bien connu ! à la différence près c’est qu’en enfer, il fait chaud ; dans le nord, il pleut comme «vache qui pisse », ou alors il fait moins 10 au mieux, moins 20 au pire.

Sans penser à la population qui est principalement constituée de sauvages, voire de demeuréss, qui ne savent pas rire. (Je ne suis pas convaincue que les fadas du midi voient le nord comme ça, mais sait-on jamais.)

Arrivé sur place, une surprise l’attend : non seulement il ne gèle pas – bon d’accord, il pleut, mais ça arrive partout ça ! – et de plus l’accueil est super sympa, les gens sont chaleureux et gentils. Un petit problème tout de même : on ne les comprend pas lorsqu’ils parlent « ch’ti », c'est-à-dire le patois de la région. L’équipe qui travaille pour lui est particulièrement sympa : de Zoé, la ravissante postière à Antoine Bailleul le facteur amoureux et régulièrement imbibé (la tournée du facteur n’est pas une sinécure, croyez-m’en).

Faut dire qu’il a des excuses, non seulement il est doté d’une mère tyrannique, mais Zoé l’a quitté pour un motard bellâtre.

De frites/fricadelles en concert de beffroi brillamment joué par Antoine le postier amoureux, jusqu’à une bonne bière ou d’une goutte de genièvre, Philippe finit par ne presque plus avoir envie de retourner dans le sud à chaque fin de semaine.

Malgré le regain de tendresse que lui témoigne désormais sa femme, qui parle même de venir le rejoindre. Alors là, ça risque d’être la tuile car comme elle ne voulait pas croire que dans le Nord, c’est chouette, il a été obligé d’entretenir la fable que le Nord c’est horrible. Comment la décourager de venir ? pas de problème, son équipe va se dévouer !

Je sens que mes commentaires qui vont suivre sur ce film sympa mais très caricatural vont me mettre immédiatement à dos les 17.000.000 et quelques spectateurs qui ont vu et adoré « Bienvenue … », j’en connais même qui sont déjà retournés le voir (ce qui explique probablement le nombre d’entrées comptabilisées). J’avoue que cela fait un effet curieux de savoir que l’on risque d’être détesté par plus de 17.000.000 de personnes, mais ça ne va pas m’arrêter de donner mon avis ; d’ailleurs, je suis sûre qu’il y a quelque part quelqu’un qui me hait pour avoir dit que je trouve que Tom Cruise est un acteur limité et que la version Spielberg de « War of the Worlds » ne m’a plus plu, mais alors pas du tout.

Revenons à Bienvenue chez les Ch’tis

Pour le positif : c’est plein de gentillesse, c’est plein d’humour jovial, parfois un peu lourd, très bon enfant, où l’on vous démontre que les gens du Nord ont le sens de l’amitié, sont gentils et drôles – mais ça, je le savais déjà, j’ai des copains dans le Nord qui sont parmi les gens les plus adorables et drôles que je connaisse. Je ne sais s’ils connaissent leur patois, mais avec moi ils ne l’ont jamais parlé ; de toute façon, j’aurais aussi tenté – comme … d’apprendre la signification – car j’adore les langues. Ceci dit, tous les patois sont incompréhensibles pour qui habite le patelin d’à côté, on ne les comprend que lorsqu’on a été élevé dedans.

Pour le moins positif : c’est quand même un humour très franchouillard, plus populiste que populaire et cet acharnement à vouloir prouver que dans le Nord on s’amuse tourne vite à la face lourdingue.

Personnellement, ce sont la tendresse et la gentillesse des personnages qui pour moi l’ont emporté sur la grosse farce burlesque bourrée de clichés ; je suis même persuadée que c’est cette gentillesse et cette tendresse qui font le succès du film.

Il n’y a finalement que la « tournée du facteur » de même que les apparitions de Madame Bailleul qui m’aient réellement fait rire aux éclats, sinon j’ai souri, sans plus, et pourtant, je ne suis pas du style « coincée », mais je suis toujours mal à l’aise lorsqu’on force la dose pour se faire comprendre. Dany Boon s’est étendu en long et en large sur la raison pour laquelle il a fait ce film, à savoir rendre au Nord ce qui lui revient de droit, redorer le blason d’une région chaleureuse sinon en température, du moins dans les cœurs. (Cependant, je reste convaincue que la chaleur humaine dépend d’une personne à l’autre.)

En tout cas, le tandem Kad Merad (il devrait se raser parfois) / Dany Boon fonctionne bien ; surtout lors de la « tournée du facteur », mais ils ne remplaceront quand même jamais Bourvil et De Funès dans « Le Corniaud » ou « La Grande Vadrouille ».

La jolie Annabelle, dont notre postier est fou amoureux, est interprétée par la mignonne Anne Marivin ; l’épouse d’Abrams est jouée par Zoé Felix qui a l’air d’avoir le poids du monde sur les épaules.

C’est Line Renaud qui interprète, très bien, Madame Bailleul, la « terrible » mère du facteur – c’est même elle qui m’a le plus fait rire, que j’ai trouvée excellente, ce qui ne signifie évidemment pas que les autres ne soient pas bons (z’avez vu comme j’essaie subtilement de ménager les 17.000.0000 et plus ?). Line Renaud, née native du Nord (près d’Armentières) et qui a dû, pour les besoins du film retrouver un accent qu’elle a mis des années à perdre.

Le reste de la distribution est tout aussi sympa.

Je le reconnais, je trouve le succès du film assez surfait mais ce qui est sûr, c’est que pour quelqu’un qui n’a pas envie de prise de tête comme c’est mon cas en ce moment, c’est le film idéal.

Par contre, ce qui m’inquiète fort, c’est que les Américains veulent acheter les droits du film et en faire une version USA ; Will Smith compte en faire une version « black » … je frémis … de peur !