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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

ARRIVANO I TITANI, de Duccio Tessari

vign_a_14116_img_0001Titre français : LES TITANS (co-production franco-italienne de 1962)

Titre anglais : MY SON, THE HERO

A ne pas confondre avec « THE CLASH OF THE TITANS » qui date de 1981

Cadmos, roi de Crète, a découvert le secret de l’immortalité, qu’il s’est donc attribuée (on n’est jamais si bien servi que par soi-même) ; comme ce n’est pas du tout un type sympa, il assassine son épouse qui vient de mettre au monde leur petite fille et avec sa maîtresse, Ermione, il s’en va une fois de plus défier les dieux.

Dans les tréfonds d’une caverne sous le palais, où émanent des vapeurs magiques, il offre l’immortalité à Ermione qui est devenue sa nouvelle épouse ; il en profite pour faire appel à la pythie afin de connaître son destin. La pythie ne le lui envoie pas dire : les dieux savent qu’il a tué son épouse et qu’il s’est approprié ce qui est réservé aux dieux, aussi le prévient-elle : dès que sa fille tombera amoureuse, son immortalité cessera et elle prendra le trône afin de faire régner à nouveau la paix sur la Crète.

Du coup, il veut tuer le bébé (c’est vraiment un sale type, je vous le disais), mais la pythie arrête son geste et lui dit que s’il arrive quoi que ce soit à la petite fille, son cœur à lui Cadmos arrêtera immédiatement de battre.

Grâce à cette invultanérabilité, Cadmos ne craint rien ni personne et fait régner la terreur sur son peuple, la seule chose qui l’intéresse est de faire construire des statues à son éfigie et pour cela, le peuple est écrasé de taxes.

Quelques 18 années après la prophétie, sa fille, la ravissante Antiope se prépare à une fête ; elle bavarde avec ses suivantes à propos des hommes dont elle ignore tout, ayant vécu en recluse pendant des années sous la coupe d’une gouvernante qui n’arrête pas de dire tout le mal possible de la gent masculine, sur les ordres du père et de la marâtre.

Antiope est destinée à devenir la vestale du temple de Cadmos, puisque celui-ci estime qu’il est le seul dieu réel de la Crète.

Mais tout le monde le sait bien, « quiconque ose défier la puissance de Zeus doit être puni » (Ulysse 31 en sait quelque chose !), du coup Zeus décide de libérer les douze Titans, enfants de Gaïa ; ceux-ci ayant tenté de renverser les dieux de l’Olympe, ils sont attachés dans le Tartare. Le plus jeune d’entre eux, le moins costaud mais le plus rusé, se nomme Krios.

Zeus lui explique qu’il doit se rendre en Crète pour renverser Cadmos et que c’est à lui que l’on confie cette tâche car il est fûté ; la force ne sert guère contre un homme invulnérable.

S’il réussit à renverser Cadmos et mettre Antiope sur le trône de la Crète,  lui et ses frères seront définitivement libres.

Krios arrive donc en Crète, un jour où Cadmos se montre encore une fois à son peuple, qui manque particulièrement d’enthousiasme à l’acclamer mais les soldats mettent vite fin à cela et la foule acclame son roi déifié par lui-même.

Le jeune Titan tente, en parlant haut et fort, de se faire arrêter afin de pouvoir entrer en contact avec Cadmos. Celui-ci vient, injustement, de condamner à mort un certain Rator, un homme d’une force exceptionnelle.

Krios arrive à se faire arrêter et est mis en prison où Rator, le style tout en muscles rien dans le cerveau, joue au chef des prisonniers, Krios se moque de lui ; pendant qu’ils attendent la journée du combat, le Titan assiste à une cérémonie et découvre la belle Antiope à qui il fait immédiatement la cour.

Le jour du combat, tous les prisonniers doivent se combattre, le dernier luttera contre l’avant-dernier jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un survivant, le vainqueur qui aura la vie sauve.

Grâce à son astuce, Krios est vainqueur mais répugne à tuer aussi demande-t-il que Rator ait la vie sauve en récompense à sa bravoure, ce qui est accordé – enfin en théorie.

Devenu la coqueluche du palais, flattant le roi autant que faire se peut, il gagne sa confiance.

Une nuit, il retrouve la chambre de la belle Antiope et lui révèle qu’il est amoureux d’elle ; comme elle ignore tout et des hommes et de l’amour, la belle enfant lui répond sur un mode plutôt idiot, mais le charmant Titan arrive à la convaincre qu’elle l’aime aussi.

Lorsque Cadmos lui propose de l’accompagner à la chasse le lendemain - et la proie de cette chasse n’est autre que Rator (Cadmos est vraiment un sale type, qui ne tient même pas parole); Krios explique au roi comment être le premier à traquer l’homme et entraîne le char du roi vers la mer où lui et Rator se sont donné rendez-vous pour envoyer Cadmos au royaume d’Hadès. Evidemment, c’est trop facile car arrive la belle Ermione, épouse du roi avec toute la garde et les deux amis n’ont d’autre choix que de sauter dans la mer.

Toujours à la recherche d’un moyen de liquider Cadmos, ils sont rejoints par Achille, un homme muet mais sympathique qui a décidé de lutter contre le tyran ; Krios se rend aux enfers et vole le casque d’invisibilité d’Hadès ; grâce à cela il enlève Antiope afin de la mettre en sécurité sur l’île de la Gorgone, celle qui pétrifie tout le monde avec sa tête pleine de serpents.

Les soldats du roi sont à leur recherche et en défendant Antiope, Krios est blessé et la jeune femme est enlevée par les hommes de son père ; Rator est également capturé. Désespéré, le jeune Titan demande l’aide de Zeus et il lui envoie ses grands frères.

Les Titans entament alors un combat contre la garde royale, pendant que Cadmos a décidé de sacrifier sa fille qui est attachée à un pilier ; se rendant compte que ce sont les fumées de la grotte qui rendent invulnérable, Krios détourne envoie un torrent pour les dissiper, tous les Titans peuvent alors éliminer les gardes.

Comme on est tout près du royaume d’Hadès, le sol s’ouvre et engloutit Cadmos.

Krios sauve Antiope une nouvelle fois et ensemble ils feront régner la paix  en Crète, pendant que ses grands frères sont fêtés par la population sauvée des griffes du tyran.

En s’inspirant du mythe des Titans, le réalisateur italien Duccio Tessari – connu pour ses films policiers – s’est lancé dans un peplum particulièrement ludique ; commençant plutôt sur le mode sérieux, le film devient très rapidement un peplum (sword & sandal movie) comique.

Lorsque le film commence, dans le Tartare on découvre non seulement les Titans enchaînés, mais également quelques uns de leurs descendants (Prométhée, Atlas, Sisyphe). En principe les Titans qui étaient douze, effectivement, étaient divisés en 6 hommes et 6 femmes, mais pour les besoins du film ils seront tous du genre masculin.

Krios est interprété par le séduisant Giuliano Gemma, rendu blond platine pour les besoins du film ; Gemma était alors un jeune acteur qui passa par la case « peplum » durant quelques années, ce qui ne l’empêcha pas de tourner pour Luchino Visconti dans « Le Guépard ».

Il va devenir célèbre pour son rôle du pistolero Ringo dans des spaghettis-westerns, il sera même « Nicolas », l’ami d’enfance d’Angélique, marquise des Anges dans les deux premiers volets de la série.

Le rôle dont Giuliano Gemma sera le plus fier sera celui qu’il interpréta dans « Il Deserto dei Tartari » qui lui valu un « david », équivalent des oscars en Italie.

Il est ici un Krios très souriant, carrément bellâtre, fûté comme le demande le rôle.

Son Antiope est interprétée par la très belle Jacqueline Sassard, qui semble beaucoup s’amuser dans le rôle de la princesse un peu gourde puisque laissée totalement dans l’ignorance de la vie réelle par son père et sa marâtre.

Celle-ci est jouée par la très belle Antonella Lualdi, perfide à souhait dans cette histoire. Lualdi a retrouvé une certaine célébrité en devenant pour la télévision l’épouse du commissaire Cordier.

Celui qui vole la vedette à tout le monde est l’excellent acteur mexicain Pedro Armendariz Sr ; cet acteur parfois surnommé « le Clark Gable de Mexico » fut découvert dans un café mexicain par un réalisateur alors qu’il récitait « Hamlet » aux touristes.

Armendariz combinait des traits particulièrement séduisants à un talent certain, ainsi que des qualités de gentleman qui le faisait apprécié tant des réalisateurs que de ses collègues-acteurs.

Ce sont souvent les « méchants » qui finalement sont les meilleurs dans les peplums et il faut dire que Pedro Armendariz rend son Cadmos particulièrement odieux de prétention et de cruauté, avec une touche d’autodérision lorsqu’on sait que l’acteur était aimé de tous ceux qui le rencontraient.

Serge Nubret, un splendide athlète de la Guadeloupe, interprète Rator. Cet acteur a été à l’évidence choisi pour ses muscles puisqu’il fut à la fois Mr. Universe et Mr. World ; il est également le directeur européen de la fédération de body building.

La musique de « Arrivani I Titani » est un petit morceau d’anthologie humoristique également : on passe des violons sirupeux lors des moments de romance entre Krios et Antiope, à une musique qui n’est pas sans rappeler « Le Pont de la rivière Kwai » quand Rator démolit un pont de bois, au cours de sa fuite.

Lorsque lui, Krios et Achille se cachent dans les montagnes arides, à deux pas d’un canyon, la musique devient carrément westernienne. Lorsque les gardes poursuivent les fuyards, on retrouve là aussi une musique de circonstance, comme dans les attaques de cavalerie. Bref la musique suit l’action avec humour, ce qui n’est pas fréquent au cinéma.

Costumes et décors sont nettement mieux conçus que dans beaucoup de films de ce genre.

Les extérieurs furent tournés en Espagne, avec un budget ultra réduit, contrairement aux films américains du même acabit, et à la surprise de tous, l’imagination fut particulièrement bien utilisée.

Les costumes sont particulièrement beaux, bien faits pour mettre en valeur la plastique des actrices et pour montrer les muscles des acteurs. Les jupettes de ces messieurs ne sont pas trop ridicules, mais en ce qui concerne les tuniques des gardes, elles ne cachent pas toujours leurs belles fesses musclées et l’on a même l’impression qu’ils portent des strings !

L’histoire ressemble parfois à un numéro de cirque, surtout lorsque les Titans se battent contre les soldats dans la capitale de Crète.

Bien que le film soit plus long que le sont généralement les peplums, on ne s’ennuie pas un seul instant et on rit beaucoup.

C’est cela la magie du cinéma : s’amuser, tout simplement.

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