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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

NOISES OFF, de Peter Bogdanovich

NoisesOffFilmPosterRaconter le film de Peter Bogdanovich est aussi compliqué que tenter de raconter « Helzapoppin » ou de résumer les Monty Pythons – c’est pratiquement impossible. Mais, comme je ne recule devant aucun défi, je vais m’y essayer.

Lloyd Fellowes s’enfuit du théâtre de Broadway où le rideau va s’ouvrir sur la pièce « Nothing on », un vaudeville où les portes claquent (parfois, quand elles veulent bien s’ouvrir), où les comédiens se poursuivent d’un étage à l’autre et où la femme de ménage se balade avec une assiette de sardines. Fellowes est convaincu que la pièce sera un four et au bord du désespoir se met à raconter les aventures qui le menèrent là où il est.

En principe la pièce qui va se jouer, intitulée « Nothing On » est l’histoire d’un couple qui arrive dans une maison qu’il croit vide, mais la femme de ménage est là ; pour la jeune femme du couple, pas de problème, passons aux choses sérieuses : où est la chambre à coucher. Pendant ce temps, arrive le propriétaire de la maison et sa compagne ; il est un auteur connu mais il se cache des impôts. Et pendant ce temps, un vieux cambrioleur sur le retour tente vainement de voler quelque chose dans cette maison de fous où la femme de ménage doit à la fois répondre au téléphone et apporter une assiette de sardines.

D’abord, les répétitions : chacun y est allé de son avis au lieu de suivre simplement les directives du metteur en scène qui leur a pourtant fait comprendre, avec toute la patience possible, que « dieu » c’est lui et qu’on fait ce que « dieu » dit.

Il y a là Dotty, comédienne vieillissante, ayant quelques actions dans la production, son « protégé » Garry Lejeune, ainsi que Brooke, la protégée du metteur en scène – ce qu’ignore Poppy Taylor, l’assistante de Fellowes et qui lui réserve d’ailleurs une sacrée surprise.

En plus de Dotty, Garry, Brooke, il y a encore le jeune premier Frederick, très beau, très anxieux, ne croyant pas du tout en lui depuis que sa femme l’a quitté le matin même, ainsi que Belinda, sûre d’elle, tentant de réconforter tout le monde et surtout d’éloigner Selsdon, comédien sur le retour et ivrogne, de toute bouteille d’alcool.

On est à quelques heures de la levée de rideau et personne n’est réellement prêt, malgré la bonne volonté de Tim, le régisseur.

Et comme le veut la loi de Murphy, une fois que les choses vont mal, elles ne peuvent qu’empirer. Même si cette répétition ne se termine pas trop mal, la tournée précédant Broadway va s’avérer de plus en plus désastreuse.

Pour le metteur en scène c’est le drame. Pour le spectateur, c’est l’hilarité.

Ce que je ne comprends pas c’est que j’aie pu rater ce film à sa sortie ; d’abord je suis très fan de Michael Caine qui est l’un des meilleurs acteurs de notre temps, de plus c’est le genre de « screwball comedy » que j’adore.

Le scénario de « Noises Off » est tiré de la pièce éponyme du dramaturge britannique Michael Frayn et ici encore, je râle sec d’avoir raté la pièce lorsqu’elle fut présentée en version française à Bruxelles (titre : arton18SILENCE EN COULISSES).

D61130« Noises Off », c’est une pièce dans la pièce, on assiste aux répétitions, mais on assiste également aux mini-psychodrames en coulisses, pendant que face au public, les autres comédiens tentent, tant bien que mal, de jouer leur texte. 

L’assistante du metteur en scène finit par comprendre qu’il a une aventure avec la jeune première, le comédien alcolo tente vainement de mettre la main sur une bouteille de whisky qui passe de mains en mains, le jeune régisseur doit courir partout afin d’acheter des fleurs destinées à la jeune première mais les fleurs n’aboutiront jamais, par contre un cactus se plantera là où vraiment ça fait mal !

Dotty, la comédienne sur le retour et son protégé-amoureux se disputent à propos du charmant Frederick, ce qui ne va rien arranger, et ce dernier à le nez qui saigne à la moindre occasion.

Bref, pour Lloyd Fellowes, c’est l’horreur à l’état pur et il ne veut pas assister au désastre. Et pourtant …

Les acteurs interprétant cette troupe de farfelus involontaires, pleins de caprices, sont tous excellents, à commencer par Michael Caine dans le rôle de Lloyd Fellowes, le metteur en scène dont les cheveux blanchissent à vue d’œil.

Son assistante qui ne sait pas où donner de la tête est interprétée par Julie Hagerty ; la jeune première myope qui perd systématiquement ses lentilles de contact est interprétée par la ravissante Nicolletta Sheridan, que je ne connaissais pas aussi amusante.

Il y a également la célèbre Carol Burnett, habituée de rôles de farfelues, dans le rôle de Dotty, la femme de ménage, dont le jeune protégé est joué par l’acteur John Ritter, malheureusement récemment décédé, et c’est un plaisir de le revoir dans ce genre qu’il maîtrisait parfaitement, à savoir la comédie.

Une formidable surprise pour moi fut Frederick, le séduisant jeune premier dont le nez n’arrête pas de saigner, interprété par Christopher Reeves, ex-Superman première mouture et qui est réellement hilarant en jeune gars, pas du tout sûr de lui. Reeves était un excellent acteur, ses performances dans plusieurs productions théâtrales le prouvèrent, lui qui au cinéma eut bien des difficultés à trouver un rôle à sa hauteur, tout le monde le voyant plutôt en « Superman ». On a heureusement pu le voir dans des films comme « Deathtrap » et « Remains of the day », avant son épouvantable accident qui le rendit paralysé.

La comédienne qui garde la tête sur les épaules, Belinda, est jouée par Marilu Henner, souvent vue dans des comédies également.

Il y a encore l’acteur Mark Linn-Baker dans le rôle du jeune régisseur qui court partout.

Mais mon préféré dans cette histoire, l’acteur Denholm Elliott qui interprète Selsdon Mowbrey, comédien totalement alcolo dont le vrai plaisir serait de mettre la main sur une bouteille. Il faut le voir courir avec un petit air coquin, à la suite de la bouteille de ses rêves. Ce sera hélas également sa dernière performance cinématographique car à l’époque du film, Elliott était déjà sérieusement malade.

Le film de Peter Bogdanovich est fidèle à la pièce de Michael Frayn et je comprends mal les critiques négatives des critiques cinématographiques, car les spectateurs eux ont vraiment adoré ce film.

Michael Frayn écrit aussi pour le cinéma ; c’est à lui que l’on doit le scénario de « Clockwise » avec John Cleese.

noises_offPour qui n’aime pas les films déjantés, il est évident que « Noises Off » n’est pas pour lui, il faut aimer les vaudevilles et savoir rire de tout et n’importe quoi, ce qui n’est pas donné à tout le monde – moi, ce n’est pas un problème, je rigole bêtement de tout, donc voilà un film que je mets directement dans « mes films cultes », car tout comme « The Party » de Blake Edwards, il va se retrouver en bonne place parmi les films que je vais voir et revoir. A ce titre, ce film est d'ailleurs un double cadeau; d'abord parce qu'on me l'a offert, ensuite parce que je vais pouvoir le revoir pendant les jours d'hiver où il fait souvent très gris à Bruxelles.

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