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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

THE FISHER KING, de Terry Gilliam

fisherJack Lucas est probablement l’animateur/présentateur de radio le plus arrogant, le plus agressif que l’on puisse trouver et son emission cartonne ! Il n'a que mépris pour le genre humain et ses réponses en sont reflet.

Ses réponses provocantes vont d’ailleurs provoquer un déséquilibré à commettre un carnage dans un restaurant.

Lucas apprend le drame, alors qu’il répète une scène pour une sitcom où il aimerait se faire engager.

Trois ans plus tard, on retrouve Jack Lucas totalement alcoolique, amant de la sympathique Anne, propriétaire d’une vidéothèque où il est censé travailler de temps à autre, mais vu l’alcool qu’il absorbe, il n’est guère en mesure de recommander quoi que ce soit comme le découvrira l’une des clientes.

Ce soir-là, Jack va se balader du côté de l’Hudson, où il aimerait trouver le courage de se jeter ; il est agressé par des jeunes, habitués à agresser les sans-abris. Alors qu’ils versent de l’essence sur lui avec la ferme intention de le torturer, Jack est sauvé par Parry et sa bande de sans-abris.

Commence alors une lente remontée vers la surface pour Jack Lucas, à qui on a raconté l’histoire de Parry, ancien professeur d’histoire qui se trouvait dans le resto où sept personnes trouvèrent horriblement la mort, à commencer par son épouse.

Pour Jack, c’est l’occasion de payer sa dette à cet homme qui semble avoir totalement perdu la raison et est persuadé qu’il est Parsifal, celui qui est à la recherche du Graal. D’ailleurs, le Graal, il sait où le trouver : chez un milliardaire.

Jack tente vainement de faire entendre raison à Parry, mais ce dernier s’est enfermé dans ses rêves de chevalier et du « roi pêcheur » de la légende arthurienne, pour échapper aux souvenirs atroces de cette nuit-là. Si Jack veut payer sa dette pour avoir été sauvé des mains des jeunes agresseurs, il faut qu’il parte à la recherche de ce Graal.

Le cynique Jack croit bien souvent halluciner dès qu’il est en compagnie de Parry, qui est au demeurant un être d’une tendresse et d’une bonté sans pareille. Qui est tombé amoureux aussi d’une certaine Lynda, jeune femme myope et maladroite.

Jack demande à Anne de l’aider à ce que Parry puisse rencontrer Lynda ; il voit dans cette rencontre la possibilité de rendre le bonheur et peut-être la raison à son copain et de pouvoir enfin se détacher du cauchemar des trois années passées. Il va même tenter de cesser de boire.

Hélas, les meilleures intentions rencontrent parfois bien des écueils et pour ces quatre âmes en détresse, le Graal n’est pas près d’être retrouvé.

Jack pourtant, sorti du désespoir, n’a pas l’intention d’y retomber et il va tout tenter pour sauver ce qui peut être sauvé.

Voilà un film que je n’avais jamais vu, qui est sorti il y a près de 17 ans, et que je viens de découvrir.

J’en suis encore totalement bouleversée ; il y avait fort longtemps qu’un film ne m’avait pas à ce point prise aux tripes.

Terry Gilliam, on le sait, adore les histoires fantastiques; il a une affection particulière pour les héros un peu fous. Il mélange dans ce « Fisher King » les éléments des légendes arthuriennes, qui sont totalement incrustées dans l’esprit de Parry pour offrir la rédemption à l’un des protagonistes, rendu malade par la culpabilité qu’il porte.

L’alcool – comme la drogue – est l’un des termes résurgents chez Terry Gilliam, tout comme la folie. Rappelez-vous « L’Armée des Douze Singes » où Brad Pitt et Bruce Willis trouvèrent un de leurs meilleurs rôles.

Ici, un homme traumatisé par le chagrin a sombré dans ce que les autres croient être la folie, mais qui est un moyen de défense pour ne pas souffrir.

« The Fisher King » est la rencontre de deux blessés de la vie, dont l’un va se sentir responsable pour l’autre et va lui permettre une rédemption qu’il n’espérait plus.

Malgré une légère longueur – le film fait quand même deux heures vingt -  jamais les délires de Parry ou les colères de Jack ne sont déplacées ; peu à peu la tendresse gagne le cynique ex-disc jockey.

Terry Gilliam aime bien analyser l’esprit humain, son univers étrange, confronté à une société contemporaine qui ne permet pas les défaillances. Cet univers se retrouve dans tous ses films, celui-ci n’échappant évidemment pas à la règle.

C’est aussi, pour moi, l’un de ses films les plus aboutis.

La légende du roi pêcheur n’est primordiale ici que dans l’esprit du doux dingue que semble être devenu Parry ; il voit partout ce Chevalier Rouge que Parcival tua pour enfin s’emparer du Graal ; lorsque Parcival revint à la cour d’Arthur, habillé de l’armure, Arthur le baptisa le nouveau chevalier rouge. Nouveau, comme celui qui est né à nouveau dans la bonté et la grâce.

Ce film est un habile mélange de réalité crue et laide et d’images d’une beauté presque magique, comme la scène dans Central Station, la principale gare newyorkaise où Parry a suivi Lynda, où il imagine tous ces gens pressés et indifférents se mettant à valser ensemble.

Je pense que le rôle de Parry est le meilleur de tous les rôles de Robin Williams ; même s’il fut excellent dans « Good Will Hunting » et « Dead Poets Society », il déborde ici d’humanité, de folie douce, d’humour et de gentillesse.

Face à lui Jeff Bridges trouve aussi l’une de ses meilleures compositions. On se demande d’ailleurs au départ comment cet homme amer, cynique, alcoolique, va pouvoir s’humaniser, mais cette humanité va se révéler peu à peu grâce au talent de l’acteur.

C’est évident que tout d’abord Jack Lucas veut cette rédemption pour lui-même ; au début le malheureux Parry n’est à ses yeux qu’un instrument de cette possible renaissance, pourtant par petites touches on se rend compte que Jack Lucas change.

Pfilm3677617017616C’est un double et brillant travail d’acteurs.

Les éléments féminins sont à la hauteur de leurs compagnons masculins : Mercedes Bruehl est réellement épatante en Anne, qui aime Jack Lucas, conscient qu’elle aussi n’est d’abord qu’un instrument temporaire dans son existence.

Quant à la discrète et maladroite Lynda, elle est jouée avec talent par Amanda Plummer.

Voilà donc un film qui pour moi fut une révélation cinématographique et je suis très heureuse de l’avoir découvert, de ne pas être restée sur une décision négative, due à certaines images qui m’avaient rebutée lors de sa sortie.

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