Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
24 juillet 2009

LE SCHPOUNTZ, de Marcel Pagnol

le_schpountzDans un petit village de Provence, Irénée Fabre est un brave garçon, un peu niais mais surtout assez vantard ; il est convaincu d’avoir un « don de dieu » et qu’un jour il fera du cinéma. Aussi jette-t-il un regard fort méprisant sur l’épicerie de son oncle qui les a recueilli et où son frère et lui sont commis.

Son oncle n’hésite jamais à  montrer Casimir en exemple et à critiquer Irénée tant et plus.

Un jour, une équipe de film vient en repérage dans les bouches du Rhône ; ils tournent en dérision tous ceux qu’ils surnomment « les Schpountz », à savoir des « crétins » convaincus d’être des acteurs.

Lorsque le hasard les fait passer à l’épicerie Fabre, Irénée leur rend service et leur fait comprendre qu’il est convaincu d’être un futur grand acteur.

L’équipe décide de faire une blague à ses dépens en lui signant un contrat ; Irénée en garçon gentil et naïf est persuadé que son talent a enfin trouvé un public et il monte à Paris, alors que Françoise, la gentille monteuse de films, est venue afin de le prévenir que tout cela était une blague.

Au studio, notre acteur en herbe se fait jeter par le portier et par le directeur du studio ; pourtant la bande de joyeux lurons lui ayant fait une blague la poursuivent en le « jetant » littéralement dans la grande production « Napoléon » et là le jeune homme comprend enfin que l’on s’est moqué de lui.

Pris de scrupules, on décide de lui donner un emploi d’accessoiriste, jusqu’à ce que soudain il ait l’opportunité de prouver son talent …

Ce n’est peut être pas exactement la reconnaissance de ce qu’il croyait son « don de dieu », mais Irénée va pouvoir retourner chez l’oncle Batiste la tête haute et Françoise à son bras.

Voici ce que disait un critique de l’époque (1939) à propos du film :

« Pagnol fait partie de ennemis du cinéma qui réalisent eux-mêmes des films  pour trois raisons : parce que cela rapporte plus que le théâtre, parce que cela leur rapporte une plus grande célébrité et qui veulent prouver que même avec des méthodes anti-cinématographiques on peut faire un film.

Comme Pagnol vit dans un pays où l’on porte bien peu d’intérêt à la qualité d’un film, mais qu’il possède tout de même un talent d’écrivain, il est parvenu à mettre sur le marché  un film autour d’un seul personnage.

Comment se fait-il donc que l’on ne s’ennuie pas mortellement en voyant « Le Schpountz » ?

Tout simplement grâce au jeu de Fernandel.

L’acteur était ici dans son élément. Qui va voir « Le Schpountz » avec l’idée de voir un film sera trompé sur la marchandise.

« Le Schpountz » est un numéro solo de Fernandel sur un texte de Pagnol. »

Mais quel numéro ! C’est un vrai feu d’artifice.

Et même si c’est vrai que « Le Schpountz » est un (formidable) festival Fernandel, c’est un film dont il est impossible de se lasser.

A commencer par la scène du dîner, avec la célèbre réplique sur « les anchois des tropiques » faisant hurler la salle de rire et le fameux « don de dieu ». J’en ris à chaque fois que j’y repense.

Ou encore la tirade de l’article du code pénal concernant la peine de mort, déclinée sur tous les modes. Cela vaut la tirage du nez de Cyrano de Bergerac !

« Le Schpountz » est l’un de mes films cultes, je  l’ai découvert toute jeune lorsque, petite fille, je passais mes jeudis après-midi dans ce qu’on appelait alors « le cinéma de quartier » et qui ont disparu depuis. Je crois d’ailleurs qu’il s’agit d’une des rares choses qui me rendent nostalgiques, moi qui me refuse à l’être car la nostalgie fait reculer au lieu d’avancer.

fernandelFernandel y est absolument merveilleux, il est tour à tour ce garçon bêbête, vantard, mais aussi généreux, tendre, drôle et particulièrement touchant.

Je suis nettement moins enthousiaste à l’égard d’Orane Demazis, qui ne se montre pas ici aussi talentueuse que dans « Regain » ; en toute sincérité je ne l’ai d’ailleurs que très modérément appréciée dans « La Trilogie Marseillaise », je pense  que le fait d’être Madame Pagnol à la ville a fortement contribué à ce qu’elle ait le rôle principal dans la plupart de ses films.

Dans le rôle de l’oncle Batiste, Fernand Charpin est tout aussi excellent que Fernandel ; il est avec bonhommie cet oncle bourru et bon enfant.

On y voit aussi un tout jeune Pierre Brasseur, dans quelques scènes. Effectivement, comme Pagnol écrivait le scénario au jour le jour il y eut une certaine confusion au montage du film, aussi y eut-il un second tournage. Brasseur n’étant plus disponible, il fut remplacé par Robert Forster ; toutefois, lors du montage, certaines scènes avec Pierre Brasseur furent conservées.

Le jeu des autres interprètes a beaucoup vieilli à mes yeux, mais les répliques écrites par Pagnol sont savoureuses.

Le film jette avec bonne humeur un regard souvent sarcastique, mais toujours drôle, sur le monde du cinéma.

L’histoire est aussi une très belle apologie du métier d’acteur comique, un hommage à Charles Chaplin.

Je ne sais pas très bien sur quel pied danser à propos de la critique d’époque mise en début d’article, est ce positif ou non ? c’est quand même fort ambigu.

Par contre, ce qu’a dit le réalisateur italien Roberto Rossellini est inconditionnellement un formidable compliment =

« Sans Marcel Pagnol, je n’aurais jamais fait le même cinéma ».

Et moi sans Fernandel (tout comme sans Bourvil) – tous deux adorés de mon grand-père - je n’aurais jamais aimé le cinéma.

schpountz_06

Et puis, les films sur le cinéma ne sont pas très nombreux ; il y eut « La Nuit Américaine » de Truffaut et « Silent Movie » de Mel Brooks, ou encore « Living in Oblivion » de Steve Buscemi, aussi est ce amusant cet film d’archives, permettant de voir comment cela se passait dans les coulisses du « cinéma de papa ».

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 226
Archives
Derniers commentaires
Publicité