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mon bonheur est dans la ville
21 juillet 2009

THE HOURS, de Michael Cunningham

51GS4G_Hz0L__SS500_A travers trois femmes, nous partageons des tranches de vies teintées de tristesse, de mélancolie, d'amour, de tendresse, de désespoir et de mort.
D'abord - et surtout - il y a Virginia Woolf, omniprésente avec son roman Mrs. Dalloway.

Le livre de Cunningham fonctionne comme de multiples sauts dans le temps, en commençant par le suicide de Virginia Woolf. Pour moi, le livre trouve ici son plus beau passage avec la lettre d'adieu de Virginia à Leonard Woolf (cette lettre figure dans sa version exacte dans la belle biographie que Nigel Nicholson, le fils de son amante Vita Sackville-West, lui a consacrée).

Puis nous replongeons dans le passé et retrouvons les Woolf à Hogarth House en 1923.
On y retrouve une Virginia jeune, mais déjà en proie à ses démons : ses sautes d'humeur, son mal-être, ses migraines, sa difficulté d'écrire. Son roman, Mrs. Dalloway, avance lentement, ce dont Woolf est sûre c'est que Mrs. Dalloway se suicidera à la fin du roman.

Ensuite il y a Clarissa Vaugh, surnommée Mrs. D (pour Dalloway) par Richard son ex-amant, ami de toujours. Richard, gravement malade, très aigri, très déprimé, pour qui Clarissa tient absolument à organiser une fête avant la réception du prix littéraire, Richard ne veut ni de l'un ni de l'autre.

Clarissa, intellectuelle new-yorkaise, traverse le Village de New-York, pour rejoindre Richard et cela permet à l'auteur de nous offrir une très jolie balade dans ce quartier. Tout en marchant, Clarissa se souvient de sa jeunesse, de Richard qui a toujours été présent dans sa vie, de Julia sa fille qu'elle ne comprend pas bien.

Et finalement, il y a Mrs. Brown - Laura Brown, lectrice avide, infatigable que les garçons n'attiraient pas vraiment; elle leur préférait, de loin, la compagnie des livres, compagnons bien moins exigeants et plus intéressants. Laura qui aurait aimé faire autre chose de sa vie qu'être une femme au foyer. Laura, profondément mal dans son mariage, d'autant plus que son mari - héros de guerre - mérite réellement le titre de mari modèle : dévoué, généreux, aimant.
Laura Brown se consume de culpabilité face à son mari et à Ritchie, son fils de 3 ans, qui l'aime d'un amour possessif, ce qui n'arrange rien.Au moment où nous faisons la connaissance de Laura Brown, elle tente de lutter contre son envie de tout plaquer et elle tente de réussir un gâteau d'anniversaire pour Monsieur Parfait. Or, elle aimerait tellement lire et finir le roman de Virginia Woolf,
Mrs. Dalloway.

Les frustrations de Mrs. Brown ressemblent à s'y méprendre à celles de Mrs. Woolf face à sa domesticité et à l'organisation des repas.Inexorablement, comme les fleuves vont à la mer, les trois vies s'écoulent sous nos yeux. On croise d'autres personnages de peu ou prou d'importance, souvent importuns dans l'existence de nos trois héroïnes. Jusqu'à la surprise de la fin.

L'auteur n'a jamais caché son immense admiration pour Virginia Woolf et son engouement pour Mrs. Dalloway. Son roman est très joliment écrit, dans un anglais de toute pureté, d'un style fort poétique. Je pense que la traduction n'a pas dû lui faire honneur, car quelques personnes m'ont dit avoir été déçues par le livre. Cependant, en toute franchise, je ne comprend pas pourquoi ce livre a obtenu le Pulitzer, ce n'est pas à proprement parlé un "grand" roman, j'oserais même dire que j'en ai trouvé le fond assez banal.

Ce qui le sauve à mes yeux c'est le style d'écriture justement. C'est un bel hommage à Virginia Woolf, c'est une intéressante étude de la nature humaine, sans pour cela crier au génie littéraire. Ce sont de réellement beaux portraits, très désespérés. C'est Claude Nougaro qui chantait "Les chants les plus beaux sont les chants les plus désespérés". Ce livre m'y a beaucoup fait penser.

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