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mon bonheur est dans la ville
19 juillet 2009

MRS. JEFFRIES STALKS THE HUNTER, d'Emily Brightwell

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Sir Edmund Legget n’était réellement pas un homme bien, c’est probablement pour cette raison qu’on l’a assassiné de trois coups de feu le soir même de l’annonce de ses fiançailles avec la charmante Beatrice Parkington.
Pour tous, cette mort n’est que justice compte tenu de l’attitude de cet homme qui n’avait de noble que le titre, endetté, joueur, séducteur de filles très jeunes, surtout parmi les plus pauvres et qu’il abandonnait aussi rapidement qu’il les avait déshonorées.
Pour la plupart des gens, la coupable ne peut être que cette très jeune femme qui depuis deux semaines passait son temps à observer sa maison, à le suivre partout même devant la maison des Parkington.

Bref, sir Edmund n’est guère regretté et certainement pas par sa fiancée, qui le méprisait et n’avait nulle intention de l’épouser malgré la rage de son père, désireux d’acquérir un titre de noblesse pour sa fille quitte à la vendre à un sale bonhomme, malgré les disputes qu’il avait à ce propos avec son épouse. La seule personne qui regrette le mort est son cousin, celui qui n’avait hérité du titre mais par contre avait une tête bien sur les épaules lui ayant permis d’acquérir honnêtement une petite fortune ; il est également soupçonné puisqu’il hérite de tout.

Parmi d’autres possibles suspect, il y a l’ancienne maîtresse du mort, lâchée pour cause de mariage d’affaires et qui pourrait très bien avoir voulu se venger elle aussi. Miss Parkington a aussi eu un comportement surprenant après le soir de ses fiançailles, mais comment lui en vouloir, refusant de se laisser vendre par son père, elle s’est disputée avec lui et a quitté leur carrosse en pleine nuit. Elle n’a donc pas non plus d’alibi au moment de la mort de Leggett.
Et puis il y a un charmant jeune Américain, qui lui aussi observait régulièrement la maison des Parkington et qui s’avèrera être un astronome, venu à Londres pour affaires, désireux d’épouser Miss Beatrice, astronome amateur dont il est tombé amoureux.

Une série de suspects mais aucun indice permettant de suivre une piste bien claire. Non seulement l’inspecteur Witherspoon de Scotland Yard et son adjoint, le constable Barnes, ne savent pas par où commencer, mais pour une fois toute la maisonnée de l’inspecteur qui mène les enquêtes avec lui – sans qu’il en soit conscient – ne sait pas non plus par où commencer.

Toutes leurs « sources », c'est-à-dire les informateurs qu’ils rencontrent dans les divers domaines de leurs compétences (cuisinière, cocher, valet de pied, bonne et gouvernante) ne leur apprennent pas grand-chose et pour la première fois depuis que toute cette sympathique équipe de détectives-amateurs aident leur patron, ils ne savent guère comment lui refiler des tuyaux de manière innocente, sans avoir l’air d’y toucher comme Mrs. Jeffries sait si bien le faire. Cette veuve d’un policier du Yorkshire est particulièrement subtile mais pour une fois son flair la laisse tomber.

Elle sera cependant mise sur la voie par une petite information glânée par Hatchett, le majordome de leur amie américaine, l’excentrique Luty Belle Crookschank. Un soir d’insomnie, alors que l’affaire risque d’être classée sans suite, elle pourra mettre l’inspecteur Witherspoon sur la trace du possible assassin ; il pourra ainsi inscrire un succès supplémentaire à la déjà longue liste d’enquêtes brillamment résolues … par son personnel.

Je retrouve à chaque fois avec un grand plaisir cette maisonnée où tout le monde est sympathique, où tout le personnel est ravi non seulement par plaisir personnel de mener une enquête policière, mais également d’aider un patron juste, aimable, ce qui est encore rare dans ce Londres des années victoriennes.
En plein développement industriel, les relations entre la noblesse et leur personnel commencent à changer un peu, mais bien peu de maisons sont aussi généreuses que celle de l’inspecteur Witherspoon qui a le plus grand respect pour ceux qui travaillent pour lui. Un personnel qui, sans la bonté de l’inspecteur, se serait retrouvé à la rue du jour au lendemain lorsque sa tante à héritage mourut ; c’est pour cette raison que sans avoir l’air d’y toucher, sa gouvernante Mrs. Jeffries lui souffle quelques idées lorsqu’ils se réunissent le soir avant le dîner.   Cette série policière est un vrai plaisir, son seul défaut est que les livres ne sont pas très longs et qu’il faut donc se précipiter rapidement sur le roman suivant.

L’inspecteur est un homme bon et naïf, qui  apprécie l’aide de sa gouvernante mais ne réalise nullement que toute sa maisonnée enquête, seuls le constable Barnes et le médecin-légiste, ainsi que la dame de cœur de l’inspecteur,  sont dans le secret et jouent le jeu.
Un discours de Mrs. Goodge, la cuisinière de la maison Witherspoon, est très révélateur à ce sujet : elle y parle des améliorations qui commencent à se faire dans la société, où des mesures sont prises peu à peu pour améliorer la condition des pauvres. Le féminisme et le droit de vote des femmes commencent à pointer le bout de leurs opinions, bref Londres est une société en pleine mutation, ce qui se retrouve dans ces sympathiques polars historiques.

Même si les sujets ne sont pas aussi fouillés et sérieux que les romans policiers situés à la même époque par la célèbre Anne Perry, les enquêtes de Mrs. Jeffries, la gouvernante de l’inspecteur Witherspoon, sont toujours amusantes et passionnantes. Celle-ci particulièrement, où le suspense se maintient jusqu’aux dernières pages.

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