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mon bonheur est dans la ville
19 juillet 2009

MRS. JEFFRIES AND THE SILENT KNIGHT, d'Emily Brightwell

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Londres en cette fin de la deuxième moitié du 19ème siècle se prepare à fêter Noël, une saison d’amour, de fêtes.
Dans la maison de l’inspecteur Gerald Witherspoon on s’y prépare aussi ; pourtant Mrs. Jeffries, en tant que veuve d’un inspecteur de police, n’ignore pas que Noël n’est pas une fête de paix pour tout le monde. Les événements ne vont pas tarder à lui donner raison, lorsque l’inspecteur Witherspoon se voit confier l’enquête sur le meurtre de Sir George Braxton et son supérieur insiste que l’enquête soit bouclée avant Noël, autrement dit dans moins d’une semaine !

Sir George Braxton, baronet, lointain cousin de la reine Victoria, a été brutalement frappé d’un objet contondant, puis son corps a été traîné vers la pièce d’eau où son assassin a pris soin de casser la glace afin de lui mettre la tête dans l’eau… sans doute pour qu’il garde les idées fraîches ?? Tout cela avec l’involontaire complicité de Samson, le chat de Sir George.
Le mort était un être avare, mesquin, égoïste et personne ne le regrette réellement, ni ses filles – aussi mesquines que lui – ni son cousin, et encore moins le personnel qu’il exploitait outrageusement. L’enquête ne s’avère pas simple du tout et le moins que l’on puisse dire c’est que personne dans la maison de Braxton n’est prêt à collaborer avec Witherspoon ; les demoiselles Braxton le traitent de haut et se présentent à peine aux interrogatoires, le cousin ne s’occupe que de ses précieuses orchidées, les invités de Noël n’ont qu’une envie, quitter le domaine.

Heureusement pour l’inspecteur Witherspoon Mrs. Jeffries et tout le personnel de maison du brave homme vont mettre les bouchées doubles pour qu’il arrive à présenter ses conclusions à son supérieur avant Noël ; ils auront bien du mérite car les indices sont pauvres et les témoignages peu nombreux, sauf sur un point : George Braxton était un sale bonhomme  qui n’aimait finalement que son chat au caractère aussi détestable que celui de son maître, griffant même ceux qui le nourrissent.

C’est toujours avec un égal plaisir que je retrouve les détectives-amateurs – à savoir tous les membres du personnel de l’inspecteur Gerald Witherspoon, de Scotland Yard. De Mrs. Jeffries la gouvernante, veuve d’un policier du Yorkshire à Wiggins, le tout jeune valet de pied. En passant par Mrs. Goodge, cuisinière dans l’aristocratie que le snobisme de travailler pour la haute société n’a pas empêché de comprendre que travailler pour un inspecteur du Yard n’était pas si dégradant que cela, d’autant plus que Witherspoon est un homme généreux, traitant son personnel avec un respect que peu d’aristocrates témoignent à l’égard de leurs gens de maison.
Dans le groupe il y a encore les amoureux, Betsy la jolie et fûtée femme de chambre et son amoureux, Smythe le cocher qui n’ose pas avouer aux autres qu’il a fait fortune en Australie et que travailler n’est pas une priorité pour lui. Seulement, comme il adore les enquêtes, il préfère rester au service de « son » inspecteur.

Ce qu’il y a de plus sympathique dans ces enquêtes de Mrs. Jeffries, c’est l’affection que finalement tout le personnel éprouve pour leur employeur, un homme qui en principe n’a pas besoin d’autant de personnel puisqu’il est célibataire et sa gouvernante lui suffirait, mais il a refusé de les renvoyer après avoir hérité de la fortune de sa tante, car le Londres victorien n’est pas un endroit agréable lorsqu’on est sans emploi. Rien de changé sous le soleil ! 

En plus du personnel de Sir Gerald, il y a son assistant le constable Barnes qui a compris depuis longtemps que les succès de son supérieur sont dus aux coups de pouce de sa fine équipe qui par un réseau de livreurs, servantes, cuisinières, fournisseurs en tout genre parviennent à obtenir des renseignements utiles.
A laquelle se joignent régulièrement l’excentrique et richissime Américaine, Luty Belle Crookshank et son majordome Hatchet, ainsi que la jeune veuve qui fait battre le cœur de l’inspecteur, Lady Cannonberry, sans oublier le légiste qui n’est plus dupe du tout des visites « par hasard » de Mrs. Jeffries.

Tout le monde aime bien l’inspecteur Witherspoon, un inspecteur pas très fûté mais respectueux des autres, peu importe leur niveau social, aussi sont-ils tous prêts à faire le maximum pour qu’il coiffe au poteau le prétentieux et ambitieux inspecteur Nigel Nivens qui brigue un haut poste à Scotland Yard et qui est vert de jalousie devant les résultats obtenus par son collègue.

Ici encore, comme dans ses autres livres de la série, Emily Brightwell met l’accent sur les codes de la société victorienne où les gens de maison sont traités comme moins que rien, exploités par leurs employeurs, avec l’angoisse de perdre un emploi pourtant mal rémunéré, pas loin de l’esclavage. Les rues de Londres en cette fin de 19ème siècle, les divers types de commerces, les beaux quartiers comme celui où habite notre équipe de fins limiers ou les quartiers des plus démunis, tout se retrouve au fil des pages sans ostentation mais toutefois bien décrit avec précision historique.

Retrouver les personnages d’Emily Brightwell, c’est comme retrouver des voisins sympathiques que l’on prend plaisir à inviter chez soi pour  une tasse de café, avec qui passer une amusante soirée de détente et de discussions animées.

Un vrai plaisir de lecture !

J’aimerais toutefois signaler qu’il serait temps que les publicitaires cessent une fois pour toutes de systématiquement compater toutes les dames d’âge respectable à Miss MARPLE, sous prétexte qu’elles mènent une enquête.

Ici on titre = « Mrs. Jeffries, la Miss Marple de l’ère victorienne », ailleurs c’est « la Miss Marple des Cotswolds » à propos d’Agatha Raisin de M.C. Beaton.
Ils n’ont donc rien de plus original à dire pour faire vendre les livres ? Faut-il vraiment que toute dame qui enquête soit une Miss Marple en puissance ? d’autant plus qu’elles n’ont vraiment rien en commun avec la vieille fille d’Agatha Christie que j’apprécie également beaucoup.

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