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mon bonheur est dans la ville
23 janvier 2018

LE DERNIER JOUR D'UN CONDAMNE, de Victor Hugo

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Ce livre et ce qu’il représente ont été comme une « claque » que j’ai reçue – je n’imaginais pas à quel point il était un magnifique réquisitoire contre la peine de mort. 

De Victor Hugo j’ai lu « Les Misérables » et « Notre Dame de Paris », celui-ci m’ayant beaucoup plu. Je ne connaissais guère cette œuvre « le dernier jour d’un condamné », mais il était sur la liste des livres à lire pour le cours de littérature et cela a été une révélation pour moi.
Même si je n’apprécie pas totalement Victor Hugo en tant qu’homme – son attitude avec son épouse et leurs enfants n’est pas quelque chose que je trouve très sympathique, il se comportait comme un tyran – il est évident que c’est un grand écrivain, qui a toujours mis sa plume au service de la défense des laissés-pour-compte de la société.

Ce que j’ai appris au sujet de la genèse de ce court roman, énorme par son impact = jeune, Victor Hugo passait régulièrement par la place où se trouvait la guillotine, et il dut à maintes reprises assister à des exécutions.  Lorsqu’un jour où il remarque que le bourreau aiguise la lame, il ne peut retenir sa colère et, revenu chez lui, il se lance dans ce roman-pamphlet qui sera encore utilisé bien des années plus tard par Robert Badinter au cours de l’une de ses plaidoiries contre la peine de mort.
A l’époque, Hugo est encore jeune – il a 26 ans, heureux en ménage – il  n’est pas encore devenu cet égoïste qui enferme femmes et enfants dans sa bulle à lui. Leur imposant  à accepter SA manière de vivre.

L’histoire est simple = écrite comme le journal d’un homme qui vit ses dernières 24 heures avant la mort qui l’attend.
Il y relate ses pensées les plus profondes, ses crises d’angoisse, sa peur de  la mort, mais à aucun moment il ne nie ce qu’il a fait – sa « vie d’avant » il la revoit par analepses.
Cet homme ne dit pas son nom, il ne dit pas non plus quel acte il a commis qui l’a mené là, à quelques heures de son exécution, mais il ne geint pas sur sa condamnation, il dit reconnaître qu’il méritait la punition mais peut-être pas la mort.

De manière poignante il pense aux personnes qui vont souffrir le plus de cette condamnation = son épouse, sa petite fille, sa mère – désormais elles n’auront plus personne pour veiller sur elle, et la société de l’époque rejette complètement les indigents.
Il espère aussi qu’arrivera malgré tout le pardon qui annulera la mort, même s’il doit rester en prison à vie.

Le livre se termine par le témoignage anonyme sur  la clameur du peuple qui acclame son exécution.

Et c’est bien contre cela que s’érige Victor Hugo = personne n’a le droit de tuer un être humain pour les fautes qu’il a commises – le livre montre aussi les terribles conditions d’emprisonnement à l’époque, la mise aux fers des forçats.
Le condamné nous fait partager les bruits qu’il entend à travers les murs de sa cellule, les odeurs, la manière dont les gardiens traitent les prisonniers – lui on ne lui parle déjà plus, c’est comme s’il était déjà mort.

Avant la parution de son livre, Victor Hugo en avait fait la lecture devant quelques amis et c’est l’un d’eux qui convainquit un éditeur de publier ce roman. L’éditeur Gosselin suggéra à Hugo quelques modifications afin que le roman soit mieux reçu par le public, ce que l’écrivain refusa.
C’était un roman « brut » sorti de sa plume sous le choc d’une émotion et cela devait le rester.

Sa réception à l’époque fut mitigée chez les critiques littéraires = l’un d’entre eux estima qu’au contraire d’aider à rejeter la peine de mort, le livre était un encouragement.
Par contre Sainte-Beuve le défendit  en termes élogieux – pour lui c’était « une histoire dont les fibres feraient vibrer les hommes de bonne volonté ».
Alfred de Vigny écrivit également une longue lettre en faveur de cette histoire exprimant une émotion profonde qui marquerait les esprits (il n’avait pas tort, la preuve = moi qui vient de découvrir ce roman, j’en suis complètement bouleversée).

Il est  important, lorsqu’on achète le roman, de veiller à ce que l’édition comporte les  préfaces écrites par Hugo, qui ont toutes à leur manière une importance à l’histoire.
La 1ère  (celle de 1832) laisse un choix au lecteur de décider s’il s’agit d’un journal intime relatant les pensées, écrit par le condamné ou l’œuvre d’un philosophe;  l'auteur y développe ses idées sur la peine de mort.
La 2ème est une sorte de petite pièce de théâtre, une saynète, où discutent des caricatures de bourgeois, où ils sont choqués par les critiques que contient l’histoire à propos de la royauté, de l’église – c’est férocement caricatural et provocateur.
Plus la préface écrite par Robert Badinter.

A lire, vraiment – d’autant plus que le style, contrairement à ce que l’on pourrait penser – n’a pas réellement vieilli. Le vocabulaire est simple, mais beau et les phrases et chapitres sont court.e.s pour que la lecture ne soit jamais lassante.

(vous n'avez pas idée à quel point j'aime ce cours de littérature que j'ai décidé de suivre cette année - tant de découvertes intéressantes)

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Commentaires
C
Victor Hugo est longtemps resté mon écrivain favori (en évitant sa vie personnelle en effet), car sa façon de décrire la société et de défendre les opprimés est toujours d'actualité. Celui-ci m'avait beaucoup marqué, quel humanisme.
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M
Je n'aime pas trop ce récit par rapport à ses grands romans... Mais c'est un classique qu'il faut connaître
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C
Quel billet intéressant, merci. Moi non plus je ne l'ai jamais lu mais je le note illico.<br /> <br /> Merci beaucoup, un beso.
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T
Indispensable lecture sur ce sujet, avec les réflexions de Camus.<br /> <br /> Bonne continuation au cours de littérature et merci pour le partage, Niki.
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M
Je t'avoue que de Victor Hugo, c'est bien plus ce type de textes qui m'a intéressée que les grands romans. Il a écrit de nombreux textes contre la peine de mort. Et j'allais te citer Claude Gueux, moins fort mais tout aussi démonstratif.
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