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mon bonheur est dans la ville
19 septembre 2016

CHARLOTTE BRONTE, A FIERY HEART, de Claire Harman

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Je suis parfois un peu monomaniaque concernant certaines grandes familles = les Tudors, les Borgias, mais aussi les BRONTE, j’ai toujours été fascinée par le talent, la force de l’écriture des trois sœurs.

Le bicentenaire de la naissance de Charlotte Brontë en 2015 a donné naissance à cette biographie, au demeurant  fort bien documentée, mais  qui n’apporte pas grand-chose de nouveau à mes yeux à propos de la vie de cette famille éprouvée par la maladie et la mort et qui comportait à ce point autant de génies littéraires.

J’ai en effet quelques sentiments mitigés à l’égard de la biographie de Ms. Harman, qui cite énormément la biographie  qu’Elizabeth Gaskell écrivit après la mort de son amie, basée non seulement sur leurs rencontres, ce que Gaskell connaissait de la vie de son amie, au travers de la correspondance de Charlotte – notamment à ses amies Ellen Nussey et les sœurs Taylor. Je me suis dit qu’au fond, autant relire le livre d’Elizabeth Gaskell, puisque dans le livre de Claire Harman elle la cite tant de fois. Ce que l’on reproche, à notre époque, est l’image un peu trop « gothique » que Gaskell donna à la vie des Brontë, néanmoins il y a du "gothique" dans leurs vies, à commencer par le pensionnat où les deux aînées contractèrent la maladie qui les emportera, donnant alors à Charlotte le statut d'aînée de la famille, un poids fort lourd à porter.

Je ne veux pas non plus jeter l’enfant avec l’eau du bain ; cette autre biographie (je n’utilise par le terme « nouvelle » à dessein) apporte quelques éclaircissements quant au caractère du père, Patrick Brontë et aussi de Branwell Brontë, l’enfant chéri de toute la famille, celui qui se prenait pour un génie à tel point qu’il fallut l’entretenir car travailler était en-dessous de sa condition artistique.
Comme on le sait, il sombrera dans l’alcool et la drogue, ayant tout raté et malgré tout, encore dorloté par son père qui puisait dans ses maigres ressources pour payer les dettes du fils, alors qu’il n’avait pas un penny à donner à ses filles qui en auraient fait un bien meilleur usage.
Je reconnais que je n’ai guère pour Branwell Brontë l’engouement qu’a eu Daphne du Maurier à son propos.
Que Branwell ait été méconnu en tant qu’artiste est un fait, son génie littéraire certes existait, mais il se voulait portraitiste et peintre et il n’avait, hélas, pas le talent nécessaire.
Ses désillusions vinrent du fait qu’on ne l’ait pas reconnu, encore eût-il fallu qu’il témoigne de plus d’ardeur à terminer ce qu’il commençait.

Les désillusions amoureuses tiennent une grande place dans la vie des jeunes Brontë, on connaît tous actuellement l’amour qu’éprouva Charlotte Brontë pour Constantin Heger, à Bruxelles, et celui de Branwell Brontë pour Mrs. Robinson, la mère du petit garçon dont il était le précepteur.
Si cet amour non réciproqué valut à Charlotte quelques lettres magnifiques et une forte inspiration pour ses romans « The Professor » et « Villette », il n’en sera pas de même pour Branwell qui sombrera complètement dans la drogue.

Sinon, la biographie de Claire Harman nous explique la vie rude, difficile, au Presbytère, le peu de chaleur affective que donnera le pasteur Brontë à ses enfants ; il ne supportait pas trop les enfants d’ailleurs, du coup il ne partagera aucun de leurs repas et se retirera encore plus dans son chagrin à la mort de son épouse. Patrick Brontë semble avoir transmis à son fils Branwell son énorme égocentrisme.

Le climat dans la région du Presbytère, à Haworth, l’isolement des landes, étaient propices à la création artistique dans laquelle les enfants se réfugièrent pour créer des mondes bien à eux = Angria, Gondal.

La reconnaissance, la célébrité vint à Charlotte lorsqu’elle décide de lever le voile sur qui sont « Currer, Ellis, Acton Bell » - les pseudonymes masculins que les sœurs utilisèrent pour être publiées -, après un article méprisant dans un journal londonien.
Cela lui valut pendant quelque temps une vie un peu plus gaie à Londres, où grâce à l’amitié de son éditeur, elle pourra visiter l’opéra, les galeries d’art, assister à des conférences. Mais ne pas trop participer à des dîners, car timide comme tous les enfants Brontë, elle brillait peu en société et étonnait celle-ci par son « air hautain » -(en général les timides sont qualifiés d’hautains, j'en sais quelque chose).

Son mariage avec le vicaire Arthur Nicholls, que son égoïste de père tentera d’opposer, apportera aussi à la jeune femme quelque temps de bonheur, hélas affaiblie par sa grossesse, elle s’éteindra à la veille de ses 40 ans.

Le livre réhabilite un peu Anne Brontë, la plus effacée des enfants, la plus pieuse, qui envers et contre tout aidera Branwell avec Emily, alors que Charlotte – ayant compris le caractère faible et  manipulateur de leur frère – devint plus distante.
Il montre aussi à quel point, sous des dehors froids, Charlotte était passionnée, ce qu’elle transcrivit à merveille dans « Jane Eyre ».
Il propose aux lecteurs des anecdotes de la vie de cette famille, éprouvée par la maladie, les difficultés financières, la mort, par « dieu » comme les Brontë le diront eux-mêmes.
Il brosse aussi un portrait de chaque membre de la famille, mais comme je le disais = rien de neuf, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas le lire.

Mon erreur a été d’imaginer que cette biographie m’apporterait de nouveaux éléments à propos de cette tragique famille.

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Commentaires
N
bonsoir Niki j'ai une très forte admiration pour les soeurs Brontë au destin si tragique..J'ai beaucoup aimé les romans de toutes les soeurs (je t'en parle sur fb) et j'ai beaucoup aimé la biographie de Elizabeth Gaskell, sans oublier aussi "la hurlevent" leurs livres et biographies sont en bonne place dans ma biblio.Merci de ton article tjrs très complet et objectif amitiés
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C
Je n'ai toujours pas lu la biographie qu'a écrite Elizabeth Gaskell. Je vais plutôt emprunter celle-là à la bibliothèque (parce qu'elle me tente depuis plus longtemps).
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R
Merci pour la suggestion, je vais me mettre à sa recherche immédiatement (du livre bien sur, pas d'Emily ;-) ) ! Et ensuite, je me pencherai un peu plus sur l'histoire d'Anne. ^^
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R
Quand j'étais ado, j'avais La vie passionnée des Brontë de Jeanne Bluteau dans ma bibliothèque. Je l'ai lu, lu et relu, bien avant de lire les œuvres des sœurs Brontë.<br /> <br /> Ensuite, j'ai évidemment lu la biographie écrite par Elizabeth Gaskell, j'avais beaucoup aimé.<br /> <br /> Maintenant, vu ton ressenti, je ne vois pas non plus ce que pourrait m'apporter cette "autre" biographie. Même si c'est toujours un plaisir de lire au sujet des sœurs Brontë (mais ma "favorite" reste Emilie, moins appréciée des biographes malheureusement).
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