AN, de Naomi Kawase
Titre français = Les Délices de Tokyo
Titre anglais = Sweet Red Bean Paste ou Sweet Bean
Scénario de Naomi Kawase, d’après le roman de Durian Sukegawa
Sentaro tient une petite boutique de dorayakis – de petites crêpes farcies à la pâte d’haricots rouges. Il n’est pas un homme très heureux, il ne sourit jamais et les lycéennes qui viennent dans la boutique le taquinent souvent.
Elles lui tapent fortement sur les nerfs, sauf Wakana, réservée, un peu triste, à qui il donne souvent les petites crêpes ratées.
Un jour une vieille dame vient postuler l’emploi d’assistante en cuisine, elle est même prête à accepter un salaire plus bas que celui offert, mais comme elle est vieille, Sentaro lui dit que cela ne conviendra pas.
Il lui offre toutefois un dorayaki ; peu après elle revient avec un échantillon de sa propre pâte d’haricots rouges.
La différence de goût est incomparable ; Sentaro lui avoue alors qu’en réalité il n’aime pas le sucré mais que sa pâte est merveilleuse.
Tokue, la vieille dame en question, admire les fleurs, les cerisiers en fleurs, le ciel, le soleil, toute la nature.
Finalement, après avoir constaté d’un air horrifié que Sentaro utilise de la pâte industrielle, elle finit par obtenir le travail convoité, malgré la déformation de ses mains – elle dit avoir été malade il y a de longues années, mais elle est guérie désormais et est tout à fait capable de fabriquer la pâte qui demande du temps et de la patience. Du coup, Sentaro doit se lever à l’aurore puisque la boutique ouvre à 11 heures et qu’il faut au moins deux heures pour que la pâte repose.
Les dorayakis de Tokue sont tellement délicieux que la clientèle se bouscule à présent devant la boutique ; hélas la médisance étant partout, la patronne de Sentaro vient lui rapporter que les mains déformées de Tokue sont dues à la lèpre qu’elle eut dans sa jeunesse. Peu importe qu’elle soit guérie, les clients n’ont pas à supporter cela.
La rumeur a couru et bientôt plus personne ne vient.
Entretemps un lien amical se noue entre la vieille dame si gentille, toujours positive, souriante ; il finit par écrire une lettre relatant sa vie = un problème de boisson, il a des dettes et ce travail doit l’aider à les rembourser, il demande à Tokue de rentrer chez elle et elle ne reviendra pas.
Pendant ce temps, Wakana qui n’est guère heureuse avec sa mère, qui a probablement dénoncé Tokue, fugue et voudrait confier son canari à Tokue. Ils vont donc lui rendre visite.
Lorsque la patronne annonce à Sentaro que son neveu va venir travailler avec lui, la boutique sera transformée et une autre spécialité sera vendue dans la boutique.
Avec Wakana il rend une nouvelle visite à Tokue mais c’est pour apprendre qu’elle vient d’être emportée par une pneumonie. Elle a cependant légué une cassette et une surprise à Sentaro.
Que dire si ce n’est que j’ai adoré – alors que je connais très mal la littérature japonaise, j’aime énormément le cinéma japonais qui nous propose toujours de véritables petits bijoux de pudeur, tendresse, non-dits.
Le film aborde le thème du rejet, des rumeurs malsaines et du mal qui en découle, de la culpabilisation, mais aussi de la joie, de la nature et surtout, que si nous acceptions de nous sentir proches de nos ressentis nous pourrions avoir des existences plus épanouies. Une des leçons du film est qu’il existe un lien indestructible entre l’homme et son environnement.
La vieille dame, Tokue, est interprétée avec humour et talent par Kirin Kiki, Sentaro par Masatoshi Nagase et la douce Wakana par Kyara Uchida.
La réalisatrice, Naomi Kawase, a surtout réalisé des documentaires ou des courts métrages essentiellement basés sur sa vie personnelle, sa famille et leurs difficultés relationnelles.
En tant que réalisatrice de longs métrages, elle a souvent été sélectionnée pour le festival de Cannes.
Malgré la mélancolie qui se dégage du film, on ne sort pas vraiment triste du cinéma, on a reçu simplement une belle leçon de vie.
Le film a été tourné dans la région près de Tokio où se trouve le sanatorium Tama Zenshoen, fondé pour les lépreux ou pour d’anciens lépreux. Il est aussi un musée et un centre de recherches de la lèpre.
Le réalisateur japonais Hayao Miyazaki soutient l’association des résidents désirant faire du parc et du sanatorium une « forêt des droits de l’homme » -
lewerentz-lenezdansleslivres a lu le roman - son billet ici.