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mon bonheur est dans la ville
6 novembre 2013

L'ART DU CONTOUR - LE DESSIN DANS L'EGYPTE ANCIENNE - 2

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pour l'introduction, voir "L'ART DU CONTOUR" - 1

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(ce livre est l'une des  sources, avec les informations murales, pour la rédaction de la chronique)

Technique du dessin du ostracon
A Deir el Medineh il était très facile de se procurer la matière première destinée aux ostraca.
Les morceaux choisis avaient la taille de la main. Afin de les préparer au dessin ou inscription, une des faces était plus ou moins régularisée. L’autre face était moins aplanie et comportait rarement un dessin.
Le dessin était adapté à la forme et même à l’irrégularité de l’éclat de calcaire.
Ensuite, l’artisans posait un carroyage ou lignes de repères à l’ocre rouge – technique moins fréquentes pour les ostraca figurés.

exemples de mise au carreau (carraoyage)

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3ème étape = le dessin proprement dit = sa qualité et sa complexité varient selon l’expérience et le talent de l’artiste.
Ebauche à l’ocre rouge, corrigée au trait noir – ceci se faisait parfois en plusieurs étapes jusqu’à la mise au net définitive.
Le rouge et le noir sont les couleurs les plus courantes, elles sont les plus caractéristiques de la palette du scribe. Cette palette comporte 2 godets, 1 par coloris.

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Repentirs et corrections sont relativement peu nombreux (pour rappel = le « repentir » du peintre est une correction sur le motif même – impossible à réaliser à l’aquarelle p.ex.) - Il est effectivement plus simple de réaliser un nouvel ostracon sur un autre morceau de calcaire.

sur cet ostracon on remarque aisément le « repentir »
dans la position du bras – en rouge, corrigé en noir.

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Lorsque le dessin est achevé, la mise en couleurs peut commencer avec soit les 2 couleurs mentionnées ci-dessus, soit avec la palette à godets multiples (rougen noir, blanc, jaune, bleu, vert).

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Les ostraca étant créés sur un materiau très simple, ils ne sont pas faits pour durer. Ils sont  fréquemment abandonnés (décharges ou autres lieux).  On peut donc parfois observer, plusieurs dessins sur un même ostraca. Des croquis différents se superposent ou se complètent.
Le calcaire étant un materiau absorbant, les dessinateurs n’avaient nul besoin d’utiliser un medium préparatoire à la fixation des couleurs ; néanmoins les pigments étaient souvent mélangés à un liant organique (résine, cire, etc) et dilués dans l’eau.

Composition des couleurs =
Noir => charbon de vois ou suie, mais aussi manganoferrite ou galène.
Teintes rouges => à base de materiaux contenant du fer (ocre rouge, oxyde de fer)
Blanc => sulfates de calcium ou matières contenant du magnésium
Tons jaunes => ocre ou goethite, orpiment pour un jaune éclatant, brillant comme l’or
Tons bleus => pigments synthétiques, silicates de cuivre, aluminates de cobalt – traités afin de former le bleu égyptien
Vert => mélange de jaune et bleu, mais aussi via des matériaux contenant du cuivre

Usages & Thèmes
Les scribes du contour adaptent le sujet à la forme du morceau de calcaire – ils se servent des imperfection de celui-ci pour adapter les motifs.
On classe les dessins en plusieurs catégories selon les thèmes et/ou motivations des dessinateurs.
Une grande partie des ostraca est associée au travail professionnel des scribes. Certains sont des exercices d’élèves en cours d’apprentissage (dessins en rouge, parfois sur quadrillage ou carroyage) – les premiers jets sont ensuite rectifiés en noir (par l’élève même ou par des professionnels). Ces exercices sont très différents des véritables dessins préparatoires.

Certains ostraca sont aboutis, ont une belle précision de lignes et justesse des proportions.  Ceux d’un format plus important illustres même des scènes entières ; ils sont des croquis de mise en place de scènes peintes dans les tombes.

Les ostraca proposent des scènes de la vie intime comme une femme allaitant, dame coiffée par une servante, danseuses, musiciennes.
Parfois des scènes érotiques, beaucoup d’humour aussi et des personnages caricaturés.
L’environnement des dessinateurs est aussi source d’inspiration = animaux passant un gué, hommes en char, singes dans un palmier doum, gazelles, enfants.

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Par ailleurs, les dessins prouvent l’imagination des artistes = scènes satiriques et scènes du monde inversé = animaux dans des attitudes humaines où la hiérarchie habituelle des animaux est retournée d’où l’expression « monde inversé » chat serviteur d’une souris, singes musiciens

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On pense que les ostraca avaient pour but d’illustrer les contes du patrimoine littéraire oral.

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j'ai eu envie de terminer ma chronique sur cette jolie céramique (pas un ostraca)
en bleu égyptien montrant Taouret, déesse hippopotame, protectrice de l’accouchement
Taouret signifie « la grande »
ce nom est souvent associé à celui d’Isis et d’Hathor (également symboles de fertilité)

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Commentaires
M
Je ne connaissais pas du tout! Tes articles sont très intéressants et m'ont appris bien des choses! Ces artistes m'ont semblé soudain plus proches!
Répondre
T
J'ignorais tout des ostraca, c'est joliment expliqué, merci. Etonnantes, ces scènes du monde inversé, qu'on n'associerait pas spontanément à l'art égyptien.
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