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mon bonheur est dans la ville
11 février 2013

OEDIPE, d'OLIVIER KEMEID

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Adaptation du texte de Sophocle

Mise en scène et chorégraphie de José Besprosvany

Avec les danseurs de la compagnie Besprosvany = Mylena Leclercq, Fernando Martin, Yann-Gael Monfort, François Prod’homme & Juan José Torres Martinez

Créations vidéo, sonore et conception lumières de Yannick Jacquet, Koenraad Eckert & Marc Lhommel

Photos illustrant cette chronique = Isabelle DeBeir

Un jeune homme est devant le palais d’Œdipe et l’interpelle, le somme de se montrer à son peuple qui est décimé par la peste, la famine, un début de guerre civile, la terre désormais est  gaste (stérile).
Déjà la foule s’en prend aux étrangers qui sont, c’est bien connu, la source de tous les maux. Un vieillard assis devant le palais dit au jeune homme de se calmer, Œdipe a déjà sauvé la cité une première fois et il la sauvera à nouveau.
Lorsqu’Œdipe paraît, il dit aux deux hommes qu’il a bien compris ce que les jeunes demandent et puisque les maux semblent être dus à la mort de Laïos l’ancien roi, 20 ans auparavant, Œdipe a envoyé son beau-frère Créon demander aux sages ce qu’il y a lieu de faire – lui Œdipe fera en sorte que toute la lumière soit faite sur ce crime, si crime il y eut et il fera en sorte que les coupables soient punis.
Arrive Jocaste qui lui dit qu’il ne faut pas rechercher le ou les assassins éventuels d’un mauvais roi, mais se montrer ferme, envoyer la troupe sur les dissidents. Œdipe tente de calmer le jeu.

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Lorsque revient Créon, celui-ci confirme que Laïos fut tué par un homme jeune,  Œdipe le charge donc de retrouver ce coupable, mais la rumeur déjà le cite, lui, Œdipe.
Un conflit naît alors avec Créon, qui affirme ne vouloir que la vérité, accusé par Œdipe de briguer le trône royal.  Il l’accuse même d’avoir soudoyé l’aveugle Tirésias pour témoigner de ce qu’il sait.
Et Jocaste se trouve au milieu de cela, perdue, pleine de fureur que personne ne se préoccupe d' elle.

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Le fantôme de Laïos hante souvent les nuits d’Œdipe, lorsque vient Polybe, le roi qui recueillit Œdipe et qui veut lui révéler la vérité avant de mourir, le drame est consommé.

Est-il besoin de le dire à quel point j’ai aimé cette mise en scène originale, dont le peuple de Thèbes est représenté par les danseurs de la compagnie Besprosvany.
Avec des jeux de lumière en noir et blanc, costumes gris – avec des jeux d’ombres chinoises comme dans les théâtres d’ombres d’extrême-orient, avec des marionnettes grandeur nature.

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Quant au texte, il respecte totalement l’essence même du texte de Sophocle – parfois une adaptation moderne dérange mais ici au contraire elle redonne une nouvelle vie au texte antique, avec un beau vocabulaire.
La musique est à la hauteur de l’histoire = pleine de violence et de fureur comme la guerre, sans pour cela agresser le public (du moins, en ce qui me concerne, je l’ai trouvée totalement appropriée et pourtant je déteste le bruit). 

Personnifiant le célèbre chœur des tragédies grecques = le jeune homme et le vieillard, joués par Toussaint Colombani et Julien Roy. Très bons, tous les deux.
Quant à Julien Roy, il interprète également Polybe (père adoptif d’Œdipe), le fantôme de Laïos et le devin aveugle Tirésias.

Gauthier Jansen est un séduisant et passionné Œdipe, assoiffé de vérité, même s’il sait que lui aussi a un secret = n’a-t-il pas bousculé un vieil ivrogne 20 ans plus tôt, cet ivrogne qui s’avérera être Laïos.
Sa colère contre Jocaste, lorsqu’il aura compris par la visite de Polybe, ce qui est réellement arrivé, est terrible.

Isabelle Roelandt est une émouvante Jocaste, et rien que pour son monologue, avant qu’elle ne se pende, la pièce vaut d’être vue – elle y est tour à tour révoltée contre l’injustice faite aux femmes, révoltée contre son sort à elle qui sert de bouc émissaire.
Son monologue passe de la colère à la résignation la plus poignante. Cela vous en amène des larmes aux yeux. Jocaste est réellement la mal-aimée, la sacrifiée de cette histoire. Comme le seront ses enfants plus tard. 

Œdipe est aussi un bouc émissaire  = il est celui qui doit payer la mort de Laïos pour ramener l’équilibre dans la cité (qui entrera quand même en guerre civile, pour rappel).
Et puis, n’est-il pas « l’étranger » lui aussi ? il est venu du royaume de Polybe pour venir à Thèbes en mission, et a tué la sphynge qui ravageait le pays, ce qui lui valut d’être nommé roi et d’épouser la reine (et voilà la naissance d’un complexe, n’est ce pas docteur Freud ?)

Finalement, il faut encore citer Georges Siatidis, dans le rôle de Créon, qui a été chargé par Œdipe d’enquêter sur la mort de Laïos, il fera la lumière sur cette histoire, toute la lumière et le drame éclatera, plongeant Thèbes dans la guerre que tous voulaient éviter.

La mise en scène est sobre, avec des jeux de lumière – tout en noir et blanc, et dégradés de gris – des panneaux derrière lesquels les danseurs personnifient le peuple de Thèbes. Les costumes sont tous gris et noir, avec une chemise blanche pour Œdipe, comme pour bien l’isoler de tous et peut-être faire comprendre qu’il est l’élément qu’il faudra sacrifier.

La pièce est courte = seulement 1.20 h, sans entracte.
Lorsqu’elle se termine, j’ai eu comme un sentiment de « trop peu », j’en voulais encore tellement j’ai aimé.
Mon grand regret est d’avoir été la voir pour sa dernière représentation – car j’y serais probablement retournée.
J’ai déjà eu l’occasion de le dire = le nouveau directeur du théâtre du Parc de Bruxelles aime le mélange des genres.
Parfois le résultat n’est pas très heureux, mais ici c’est une réussite totale.

Olivier Kemeid est un auteur, metteur en scène,  directeur artistique de la compagnie Espace Libre. Sa pièce « L’Enéide » d’après Virgile a été traduite dans plusieurs langues, a été jouée Off Broadway, au Festival d’Avignon.
Il a voulu faire de son « Œdipe » une « enquête policière ». C’est très réussi.

José Besprosvany, metteur en scène et chorégraphe de cet original « Œdipe » a été formé aux écoles de Jacques Lecoq (Paris) et ballet du XXème siècle en Belgique. Il a fondé sa propre compagnie en 1986 ; ses spectacles ont été programmés dans beaucoup de lieux importants de la danse contemporaine.

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Commentaires
:
Je serais curieux de voir cette pièce !!! Cela semble être une mise en scène étonnante.
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T
Pas fan non plus de ce genre de texte, mais j'aime beaucoup l'affiche.
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M
Je ne suis pas fan des textes antiques mais peut-être que dans une version moderne, j'y serais plus sensible.
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C
C'est vrai que Gauthier Jansen est très séduisant :D L'adaptation est donc uniquement dans le vocabulaire ? dans la formulation des phrases ? mais pas dans l'histoire ?
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