THE MYSTERIES OF UDOLPHO, d'Ann Radcliffe
Titre français = Les Mystères d’Udolpho (parfois aussi « Les Mystères d’Udolphe »)
Lorsque décède la mère de ses enfants, Monsieur St.Aubert est complètement anéanti par le chagrin, mais pour distraire sa chère petite Emily, 17 ans, la seule qui lui reste de ses trois enfants, il prend la décision de faire un grand voyage à travers la Gascogne, les Pyrénées pour arriver à la Méditerranée, ne tenant pas compte que sa santé à lui n’est pas des meilleures.
En route, ils font la connaissance du chevalier Valancourt, en congé de son régiment pour quelques semaines et qui en profite aussi pour voir du pays. Il se joint à eux, d’autant plus que la douce Emily lui plaît déjà beaucoup et Mr Saint-Aubert ne voit pas cette idylle naissante d’un mauvais œil, au contraire, ce malgré le fait que le jeune homme soit le plus jeune fils d’une grande famille et n’a donc pas de grands espoirs matériels à offrir, mais Mr St-Aubert est bien au-dessus de ces basses contingences – lui du moment que l’on a de quoi se nourrir, se vêtir, que l’on se comporte correctement à l’égard des autres, la fortune importe peu.
Quelque chose tourmente son père, Emily en est consciente – ce n’est pas uniquement sa santé, un tourment bien plus grave le mine.
Valancourt les a quitté pour, à regret, poursuivre sa route. C’est alors que l’état de santé de Monsieur Saint-Aubert se détériore, au point qu’il décède, loin de son petit mais plaisant domaine de La Vallée, laissant Emily seule et désemparée, même si aidée par de très gentils paysans.
Pourquoi son père souhaitait-il être enterré à côté de la sépulture des Villeroi, dont le château s’aperçoit de très loin ?
Il est bien temps pour la jeune fille de s’inquiéter de cela, elle va bientôt avoir d’autres sujets d’inquiétude = elle a été confiée à madame Cheron, la seule sœur survivante de son père.
Hélas, si seulement celui-ci n’avait pas exigé cela ! si seulement elle avait pu rester vivre dans ce cher domaine de La Vallée, que de malheurs lui auraient été épargnés.
Parce que disons-le tout de suite = madame Cheron n’est pas contente du tout d’avoir été nommée tutrice de cette péronnelle qui a eu l’audace de lui présenter Valancourt, un coureur de dot, c’est évident. Interdiction de le revoir !
Ensuite, voilà que madame Cheron, vaniteuse et donc facilement flattée, épouse un certain comte Montoni, un Italien qui a tout du brigand. Et la tante est riche ! Il emmène épouse et nièce en Italie, au domaine d’Udolpho où bien vite les voilà toutes deux prisonnières – surtout la tante qui refuse de signer des papiers destinés à ce que toute sa fortune passe à Montoni, or malgré ses défauts, la tante souhaite que ses avoirs aillent à sa nièce ; Montoni ne l’entend pas ainsi – exit la tante !
Qui d'autres ce misérable et ses sbires ont-ils encore tué ? qu’est devenue la marquise Laurentini di Udolpho, propriétaire du domaine ?
Pour Emily, il ne fait aucun doute que l’odieux Montoni, son cousin, s’est aussi débarrassé d’elle. D’ailleurs il y a une chambre voilée de noir où git un corps émacié (c’est du moins ce que dans sa terreur elle s’imagine).
Avec l’aide d’un serviteur amoureux de sa femme de chambre, et un autre personnage enfermé à Udolpho, Emily parvient à fuir et retourner en France. Où ses problèmes ne sont pas nécessairement terminés – mais où les secrets de sa famille et de la signora Laurentini lui seront enfin révélés.
Et Valancourt dans tout ça, me direz-vous – pour le savoir, lisez le roman !
Quelle chose étrange que le ressenti à la lecture d’un livre après de nombreuses années – ma première lecture datant de mes 12 ans (oui je sais ça fait longtemps, pas la peine de le répéter).
Après avoir lu « Northanger Abbey » de Jane Austen, tout récemment, j’ai tout naturellement remis ce gros roman d’Ann Radcliffe au programme, car je voulais le redécouvrir. C’est, ne l’oublions pas, le roman préféré de Catherine Morland, qui la fait frémir tant et plus.
Tout d’abord j’ai eu l’impression de ne l’avoir jamais lu !
Il est vrai que ma découverte fut en français, à présent je l’ai lu en V.O.
Du côté de l’écriture, rien à dire, c’est un anglais accessible même s’il s’agit de celui du 18ème siècle. On s’habitue relativement vite à certaines orthographes.
La description des paysages, des lieux, fut un réel enchantement, des images de dessins et aquarelles se formaient naturellement sous mes yeux, grâce à mon imagination fertile.
Ces descriptions paysagées, c’était un peu comme me promener dans des tableaux du peintre anglais, John Constable – pour ensuite faire penser aux paysages sombres et désolés, à la limite du fantastique du peintre hollandais, Hercules Segers (très apprécié de Rembrandt).
constable
segers
Mais les personnages, alors là, ce fut quelque chose !
Je n’ai pas arrêté de glousser à chaque fois que Mrs. Radcliffe décrivait un caractère – que ce soit la douce et innocente Emily, sa désagréable tante, Montoni le très méchant de l’histoire ; le père d’Emily, Mr. Saint-Aubert ou alors Valancourt, tous deux parangons de toutes les vertus…. Quoique Valancourt ait une période de « laisser aller » qui le détache d’Emily.
Trop c’est too much, Mrs Radcliffe – désolée !
Je n’ai pas pu y croire comme lorsque j’étais jeune – je suis sûre qu’à 12 ans, j’ai dû vibrer aux tourments d’Emily, m’affoler pour elle, voire verser quelques larmes – mais là je n’arrêtais pas de penser aux commentaires d’Henry Tilney, personnage de « Northanger Abbey », lorsqu’il se moque gentiment de la passion de Catherine Morland pour les romans gothiques.
En fait, ce style d’écriture, ce type de roman, a été désormais repris dans de nombreux pastiches qui finalement sont plus effrayants que ceux qui les inspirèrent.
Pourtant, il est encore et toujours considéré comme la quintessence du roman gothique, ce qui n’a rien de surprenant puisqu’il a puisé son inspiration dans « Castle of Otranto » d’Horace Walpole, qui est le précurseur de ce type de littérature.
Ce que par contre j’ai trouvé insupportable, c’étaient les longs poèmes, stances, etc, mêlées au texte – j’en ai tout de même lus quelques-uns, ceux que je trouvais les plus descriptifs de la nature, mais d’autres me furent intolérables.
« Udolpho » réunit les éléments typiques de ce style = terreur infligée par des événements paranormaux, mais qui s’expliquent très logiquement à la fin – menaces, harcèlement physique et mental, domaine mal en point, isolé, peut-être hanté, sans oublier les héroïnes persécutées et une religieuse cachant un secret (très fréquent ça dans les romans gothiques, la mystérieuse religieuse).
En dehors des méchants, il y a leurs serviteurs – ceux à qui on ne peut vraiment pas se fier, et ceux qui tentent d’aider malgré les risques qu’ils encourent. Il y a encore quelques tentatives d’assassinat pour la fortune, bref on n’est pas sorti des problèmes !
Mais c’est voulu, pour qu’à la fin, tout le monde soit content que les amoureux soient enfin réunis… s’ils y arrivent.
Et tout cela se passe en France, vers la fin du 16ème siècle.
Même si je n’ai plus du tout accroché aux personnages, j’ai tout de même eu un immense plaisir de lecture quant aux « décors » (paysages, château, abbaye, couvent).
Lesdits personnages m’ont beaucoup fait penser aussi à ceux des contes des frères Grimm (Blanche-neige, Cendrillon…) avec en guise d’horrible marâtre la tante à qui Emily a été confiée.
Quelle affreuse mégère, vaniteuse, abusant du peu de pouvoir qu’elle croit avoir sur sa délicate nièce ! bon, à Udolpho sa chance va tourner, mais elle l’a un peu cherché.
Je dirai donc que, dans l’ensemble, c’est une bonne lecture, divertissante (vous pensez, je n’ai pratiquement pas arrêté de ricaner, sauf pour les paysages et le rebondissement vers la fin), puisque j’ai voyagé en lisant, ce que j’adore – et j’ai eu des idées de dessins et/ou aquarelles, ce qui est toujours positif à mes yeux, même si je ne mets pas nécessairement cela en pratique.
J’ai mis longtemps à dépasser les premiers chapitres, et puis tout à coup, j’ai accéléré le mouvement, surtout par curiosité pour savoir jusqu’où iraient les malheurs de la douce et pure enfant, si jolie, musicienne, dessinatrice, etc. etc.
Je suppose que secouer la poussière de certains romans n’est pas toujours entièrement positif, mais ici j’en ai retiré quelque chose, je ne vais donc pas envoyer le livre par la fenêtre (façon de parler – je ne vais pas non plus le refiler à ma copine de Malines, car je n’ai aucune envie de me brouiller avec elle)
700 pages tout ça ! j’ai de l'endurance quand même.
d'autres billets chez allie, lilly&seslivres, l'ogressedeparis,
la jeune catherine morland lisant "udolpho" à la lueur de la chandelle
à northanger abbey (gravure du 19ème siècle)