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mon bonheur est dans la ville
24 janvier 2013

LES FORTERESSES DE L'ART, de Marianne Latour - 1

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Titre anglais = The Fine Art of Security 

Passionnant documentaire que celui-ci,  qui met en évidence le fait que l’art désormais est  devenue un investissement – et  que bientôt les expositions-rétrospectives se feront de plus en plus rares pour coût exorbitant. Sous forme d’une enquête, la réalisatrice de cet intéressant document livre quelques aspects – surprenants – de ce que devient l’art.
Je reconnais avoir une petite préférence pour le titre anglais (de cette émission francophone), car il est aussi bien imaginé que le titre français.
« Fine Art » est l’expression utilisée par les anglophones pour définir les beaux-arts – et la sécurité qui entoure désormais le transport ou la conservation d’œuvres peut effectivement être élevée au rang des beaux-arts.

(Cette chronique est entièrement basée, résumée d’après le documentaire – je vous la livre en 2 parties) 

Première partie 

Faire voyager une œuvre d’art est devenu un pari coûteux,  au point que peu de musées ont encore envie de prêter ou emprunter des œuvres.

L’art d’emballer un tableau avant son voyage =
Le tout premier geste est mesure l’ensemble du tableau, cadre compris.  Chaque tableau étant  unique, il faut lui fabriquer une caisse sur mesure, un véritable écrin, parfait, qui ne servira qu’une seule fois pour ce tableau-là que l’on vient de mesurer, jamais pour un autre, et de plus, pour seulement une seule exposition.
L’exemple du documentaire est la collection Monet, du musée Marmotan, prêtée à l’occasion d’une rétrospective, à Martigny en Suisse.

Avant d’être emballé, les tableaux passent par la restauratrice qui consignera toutes les fragilités, les éventuels minuscules défauts (invisibles à l’œil nu).
L’ »emprunteur » assume tous les frais dès que le tableau est décroché des cimaises, cependant il faut vérifier la moindre éventuelle imperfection des toiles et les répertorier afin d’éviter tout risque.
Si la restauratrice estime que l’œuvre n’est pas apte à voyager, elle peut empêcher le prêt. Tous les risques sont à la charge du musée emprunteur mais c’est le « prêteur » qui en fixe la valeur pour le cas où le tableau serait perdu ou abîmé. 

Les manutentionnaires/transporteurs portent les gants blancs de rigueur ; les caisses sont faites par des ouvriers spécialisés.
Chacune d’entre elles demande jusqu’à 7 heures pour sa construction et coûte plus de 1000 € pièce. Certains ont 50 cm d’épaisseur, la température idéale à l’intérieur en est de 21° - le tableau est protégé par des couches de bois et mousse conservant une humidité constante de 55%.
Les caisses ne seront ouvertes que 3 heures après leur arrivée à bon port afin que les œuvres s’acclimatent à la température ambiante.
Que les œuvres voyagent d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre, d’un musée à l’autre dans le même pays, la technique de transport est toujours la même. 

Les risques – les assurances =
Parmi les principaux risques, le vol est la plus grande préoccupation – les tableaux voyagent dont dans des camions banalisés.
A la réalisatrice du documentaire, par exemple, il fut demandé que le tirage sur dvd soit limité, ne pas montrer les bâtiments et surtout pas le nom de la société, le contenu des bâtiments ne doit en aucun cas être dévoilé.
La confidentialité est le principal garant de l’œuvre. Une dizaine de corps de métier participent à l’aventure du déplacement des œuvres, tous sont tenus au plus grand secret.
Dans certains pays (Grèce, Italie, Russie) il n’est pas rare que le déplacement se fasse sous escorte armée – en France, ceci est pratiquement impossible, car toute escorte armée relève de la gendarmerie nationale et les effectifs manquent parfois pour ce travail.
Les camions banalisés circulent de jour, mais aussi parfois de nuit – ce qui accentue le risque – ils contiennent des œuvres valant des millions de dollars ou d’euros sous forme d’œuvres peintes.
 

La valeur d’un tableau est confidentielle ; seuls les conservateur du musée, la régie des œuvres d’art et le commissaire de l’exposition la connaissent – mais en dehors d’eux, la valeur ne concerne personne - sauf la compagnie chargée d’assurée l’œuvre quand elle « bouge ».
Un moment d’angoisse se produit également après une exposition, lorsque l’on compare le tableau « avant/après » sur base des notes du restaurateur ou de la restauratrice.
Le coût d’une assurance de transport devient très lourd pour la plupart des musées – ce fut toujours cher de tous temps, mais à présent le coût est devenu exponnentiel et on se dirige vers des expositions plus réduites.

Les musées plus modestes n’ont plus les moyens d’un éventuel projet ambitieux = non seulement ledit musée doit avoir l’architecture adéquat (surface, sécurité) – si les lieux risquent de compromettre l’œuvre, pas de prêt.
Un exemple dans ce domaine est le musée Fabre à Montpellier qui, après plusieurs années de remise en état, possède désormais les qualités requises pour une grande exposition, ou une rétrospective.

Parfois la valeur des œuvres est si élevées que des assurances privées ne peuvent ni ne veulent se charger d’un tel projet. L’état alors accepte de suppléer aux assurances privées.
Le coût des assurances tant pour les musées que pour les collectionneurs privés est énorme, et également confidentiel car l’assurance révèle évidemment la valeur réelle des tableaux.<Pour une exposition à succès d’un peintre célèbre, on parle de millions d’euros ou de dollars en assurances, parfois proche du milliard. Actuellement, 50 millions de $ pour un tableau n’est plus grand-chose.
En conséquence, non seulement il faut prévoir un risque de vol, mais aussi une éventuelle  - même très légère – dégradation à l’aouvre – moins on manipule les œuvres, mieux c’est. C’est l’une des raisons pour lesquelles les collectionneurs privés n’ont guère envie de prêter ce qu’il possède.

En dehors de la partie consacrée à la mise en caisse et le transport des œuvres de Manet destinées à la Suisse, le document nous permet d’assister au décrochage d’un tableau qui faisait partie d’une rétrospective Odilon Redon = son magnifique pastel « Vase avec fleurs », de très grandes proportions. Désormais, il faudra se rendre au Japon, au musée Mitsubishi pour le voir, car après le décrochage, il part définitivement pour le Japon.

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Malgré toutes les précautions prises, l’œuvre n’est pas nécessairement à l’abri d’un vol, exemple = « Impression du soleil levant » de Manet (qui donna son nom à l’impressionnisme).
Il disparut un dimanche matin, à l’ouverture du musée Marmotan à Paris – les rares visiteurs et les gardiens durent se coucher dans un coin, sous la menace de kalashnikovs. Le tableau fut introuvable pendant des années – il ne trouva probablement pas acquéreur vu sa valeur – et on le retrouva dans une arrière-salle d’u bar-tabac en Corse.

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Il ne faut pas oublier que même si des tableaux sont volés, compte tenu de leur valeur, il est quasi impossible de les écouler – sauf si un multimilliardaire accepte de les acheter pour son compte personnels.

A suivre…

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Commentaires
T
oui mais je n'avais pas vu qu'il était déjà en ligne ;)
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T
je n'avais pas vu qu'il y avait un second sujet :lol:<br /> <br /> <br /> <br /> Pour moi la visite d'un musée virtuel ne se fera pas devant son ordi, mais complétement immergé dans la visite, en 3D et via non pas des lunettes mais carrément un casque qui empêchera toute vision ou tout lumière venant de l'extérieur et avec des images à ultra haute définition et pourquoi pas même avec les odeurs.<br /> <br /> <br /> <br /> Le but est de recréer une expérience identique au réel avec en plus un accès à l'information à la demande.<br /> <br /> <br /> <br /> Même si la technique avance, elle n'est pas encore au point. La réalité comme petit à petit à rejoindre les délires de la science fiction. :)
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S
teki, en fin de la chronique n°2, j'exprime ce que je ressens à l'égard des musées virtuels ;)
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N
... à Teki: Certes, certes, le virtuel donnera plus facilement accès à l'art, et c'est formidable, mais rien de vaut le vrai regard sur les oeuvres. J'en ai pour preuve le nombre incalculable de fois que j'ai pu admirer les peintures dans des livres ou sur Internet et l'instant où je me suis retrouvée en face de certaines dans des musées à Paris. D'ailleurs, j'ai toujours trouvé de grandes différences, à cause des couleurs, de la taille des tableaux ?... Je ne sais pas, mais à chaque fois ce fut un moment d'heureuse surprise, parfois même de déception. En revanche on ne peut pas toujours aller à la rencontre des peintres que l'on admire, ne serait-ce que le prix du train, du séjour etc..etc.. c'est là qu'on appréciera les expos virtuelles.
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M
C'est bien intéressant tout ça!! Les dessous de ce monde 'intérieur'. J'ai toujours cru que ces tableaux appartenaient essentiellement aux Musée. Comme par exemple, lorsque je suis allée voir l'exposition aux Musée des Beaux-Arts de Montréal, (Les impressionnistes) Est-ce qu'il pouvait avoir des tableaux de collection personnelles? C'est tout un monde que je ne connais pas beaucoup...
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