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mon bonheur est dans la ville
5 janvier 2012

LA KERMESSE HEROIQUE, de Jacques Feyder

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Scénario de Jacques Feyder, Charles Spaak & Robert A. Stemmle, d’après la nouvelle de Charles Spaak

Titre anglais =  Carnival in Flanders
Titre allemand = Die klugen Frauen

La petite ville de Boom prépare activement sa kermesse annuelle pendant que le bourgmestre et les notables se font peindre par le jeune Jan Bruegel. Ce dernier est amoureux de Siska, la fille du bourgmestre, mais celui-ci l’a promise au boucher, ce avec quoi Cornelia, la formidable épouse de de Witte ne soutient nullement. Bien qu’elle trouve Jan un peu trop geignard, trop réservé, elle approuve néanmoins le choix de sa fille aînée.

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Soudain, coup de tonnerre = les Espagnols reviennent ! les Flandres n’oublient pas les exactions des troupes espagnoles de Philippe II – chacun se souvient encore des pillages et viols, tortures et morts des années précédentes.
Du coup, le bourgmestre décide de se faire passer pour mort, tout le conseil prend d’ailleurs des mesures pour mettre certains biens à l’abri, en signalant bien aux épouses que ce ne sont pas leurs affaires.

Cornelia de Witte trouve l’attitude du bourgmestre et du conseil de la ville totalement stupide et lâche ; quoi que ceux-ci s’imaginent, les Espagnols débarqueront de toute façon et se serviront, alors autant les accueillir ; avec les épouses des notables, Cornelia de Witte offre l’hospitalité et la kermesse aux « envahisseurs », à savoir l’ambassadeur et sa suite qui ne faisaient que passer de toute façon, contrairement à la panique de conseil. Contrairement d’ailleurs au portrait dressé par le conseil, l’ambassadeur-duc d’Olivarès se montre un homme plein de courtoisie et son escorte n’est que trop heureuse de festoyer.

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Cornelia est belle joueuse, elle accepte que son mari recueille les lauriers de l’attitude courageuse  des femmes de la ville, mais elle garde une carte dans sa manche concernant le mariage de leur fille aînée. 

J’avais beaucoup entendu parler de ce classique du cinéma français, réalisé par  Jacques Feyder, et j’avoue apprécier Françoise Rosay en tant qu’artiste ; sans oublier la présence de Louis Jouvet.
Bien que j’aie trouvé que le film avait quelque peu vieilli, je me suis amusée à cette truculente aventure flamande qui fait penser aux tableaux de Pieter Bruegel l’ancien (dont Jan, l’amoureux de Siska est le petit-fils).

Jacques Feyder qui venait de terminer un film très sombre « Pension Mimosas », a dit avoir eu envie de s’amuser avec cette histoire à l’humour picaresque comme un tableau du peintre, et caustique à la Charles Spaak.
Il remporta plusieurs prix, parmi lesquels le prix du meilleur réalisateur au festival de Venise 1936. Par ailleurs, les critiques furent très enthousiastes également, sauf – 20 ans après – par François Truffaut qui considérait que dans cette histoire tout été « effleuré », rien n’est développé en profondeur. Et pourtant, ce film reste, à ce jour,  le plus connu et célèbre de Jacques Feyder.
Il existe deux versions de ce film = la française que je relate ici, mais aussi une allemande, le film ayant été co-produit avec une maison de production allemande. En dehors de Françoise Rosay qui apparaît dans les deux versions, tous les autres acteurs furent différents. 

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, aucune petite ville flamande belge ne servit de décor au film = tout a été reconstitué dans un faubourg parisien par le concepteur  Lazare Meerson.
Non seulement les décors sont formidables, mais les costumes ont aussi fait l’objet de détails bien étudiés.

J’ai été très étonnée d’apprendre que ce film avait fait l’objet d’une polémique, surtout en Belgique, en raison du portrait peu flatteur des notables de la petite ville. A Bruges il fut carrément interdit.
Sans doute l’humour caustique de l’histoire ne put leur plaire – les Flamands de Belgique y virent une critique à leur égard sur la collaboration avec les Allemands pendant la première guerre mondiale. Ils tentèrent de faire interdire le film par voie légale, ce qui fut évidemment refusé – seule Bruges refusa qu’il ne passe dans ses salles.

Pourtant pour Jacques Feyder, un pacifiste avoué, il n’était nullement question de cela dans son histoire, du moins à ses yeux.
Quant à « pactiser » avec les Allemands, quelqu’un a dû mal comprendre car Goebbels y vit une insulte à leur égard et fit interdire le film dans toute l’Europe occupée, après l’invasion nazie ! 

L’une de mes raisons pour avoir eu envie de regarder ce film est évidemment la présence de Louis Jouvet dans la distribution. Il campe un chapelain des plus ironiques, parfaitement "faux cul" comme la plupart des religieux.

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Comme déjà dit plus haut, c’est Françoise Rosay qui interprète Cornelia de Witte et son lâche époux est joué par André Alerme.
Leur fille aînée, Siska, est jouée Micheline Cheirel que j’ai trouvé assez geignarde à côté de son énergique mère.  Bernard Lancret est le jeune Jan Bruegel, lui aussi assez falot,  et Alfred Adam interprète le boucher, plein d’arrogance et de veulerie.
Jean Murat est l’ambassadeur d’Espagne et les épouses des notables participant à la décision de Madame la Bourgmestre sont = Lyne Clevers (poissonnière), Maryse Wendling (boulangère), Ginette Gaubert (aubergiste), Marguerite Ducouret (femme du brasseur).

Un intéressant moment de cinéma, qui fait sourire. Et qui comporte un petit clin d'oeil de féminisme avec la harangue de l'épouse du bourgmestre aux femmes de la ville.

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Commentaires
N
28 :schock: ! je vais donc me taire sur mon âge à moi :P
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A
Meuh non! J'aime bien aussi et je vais avoir 28 ans, alors... ;-)
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N
ça y est ! je reprends un coup de vieux ! tout le monde a tout vu avec sa maman :D
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A
Je l'ai vu il y a très longtemps avec ma maman, qui est une grande fan. Je me souviens que j'avais bien rigolé avec certaines scènes. :-)
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N
en effet, et comme je le répète = c'est ce que j'adore chez jouvet
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